Revendre à bas coût des matériaux de construction qui auraient dû finir à la benne pour faire vivre des salariés en réinsertion, voilà l’objectif de l’association chambérienne Enfin ! Réemploi. Cette dernière, qui vient de fêter ses deux ans a signé au printemps un accord de mécénat avec Bouygues Énergies & Services (BES), filiale d’Equans, afin de professionnaliser la filière du réemploi.
À cette occasion, Bouygues Énergies & Services a fait sa première livraison de matériel à la matériauthèque. "Nous avions des stocks dormants au sein de notre entrepôt et avons décidé d’en faire don de trois palettes à Enfin ! Réemploi", explique Pauline Tauty, responsable des activités projet en Savoies (73 et 74) chez Bouygues Énergies & Services. Un mécénat prometteur pour Enfin ! Réemploi puisqu’il devrait permettre d’alimenter la matériauthèque de manière régulière en matériaux professionnels et l’aider à gagner en crédibilité auprès des professionnels. Le but étant d’inciter d’autres entreprises à prendre le pas.
Économiser la ressource
À l’origine du projet, Xavier Patriarche un architecte savoyard désireux de donner une seconde vie aux matériaux de chantier. "J’ai toujours constaté via mon métier qu’il y avait beaucoup de gâchis sur les chantiers et que si beaucoup parlaient de la nécessité de faire des économies d’énergie, peu abordaient les économies de ressource", explique le fondateur de Kayak Architecture, un cabinet engagé dans la transition environnementale. Xavier Patriarche se rapproche donc de plusieurs acteurs du territoire, dont le centre de collecte de déchets Trialp, et l’association de réinsertion par le travail les Chantiers Valoristes afin de mettre sur pied une plateforme de réemploi de matériaux. En 2021, Chambéry Grand Lac Économie met à leur disposition une ancienne plateforme logistique de 700 m², ensuite aménagée par les chantiers Valoristes. La matériauthèque voit le jour un an plus tard et emploie aujourd’hui 9 salariés en insertion, 3 encadrants et 6 bénévoles. "Nous ne sommes pas encore à l’équilibre mais visons de l’atteindre d’ici 3 ans", explique le président de l’association.
Professionnalisation de la filière
Les ventes devraient accélérer alors que l’association vient de signer avec BES et que des discussions sont en cours avec des distributeurs pour récupérer leurs matériaux. "Nous avons trois sources d’approvisionnement : les chantiers de déconstruction, les dons type BES et les distributeurs disposant de fins de stocks", poursuit Xavier Patriarche.
Principal défi pour l’association : monter en volume afin de proposer davantage de produits et ainsi professionnaliser la filière. "Les acheteurs sont principalement des particuliers ou de petits artisans", poursuit Xavier Patriarche.
L’association vient toutefois de signer avec un promoteur souhaitant s’approvisionner auprès de la matériauthèque pour l’un de ses chantiers. D’autres devraient suivre alors que l’intégration d’objectifs de réemploi dans les cahiers des charges est de plus en plus fréquente, grâce à la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (Agec) de 2020, qui prévoit la mise en place d’une filière REP (responsabilité élargie du producteur) pour assurer la gestion des déchets. "On commence à entrer dans la professionnalisation de la filière du réemploi de matériaux de construction", se réjouit Xavier Patriarche.
