La dirigeante du loueur vosgien de matériel pour le BTP et l'industrie JC Logistique, Régine Crouet, se décrit elle-même comme "passionnée par l’innovation sociale" : animatrice de l’antenne du Groupe d'entraînement et de réflexion au management des entreprises (Germe) d’Épinal, adhérente au Centre des jeunes dirigeants d'entreprise (CJD), elle a lancé en 2019 un défi à ses salariés sous forme d'une "expérimentation" : évoluer vers une semaine de travail de quatre jours sans toucher au temps de travail.
"Ne pas abîmer la rentabilité de l'entreprise"
"Nous sommes une quarantaine de salariés auxquels il faut rajouter une dizaine d'intérimaires, pour un chiffre d'affaires de plus de 8 millions d'euros", précise Régine Crouet. Elle entend parler de la semaine de quatre jours pour la première fois via des retours d'expériences menées dans les pays nordiques. Et de prévenir : "Nous ne sommes pas dans le monde des Bisounours. Sur le papier, rester à 39 heures de travail hebdomadaire en s’organisant sur quatre jours par semaine, c’était possible. Mais le prérequis, c’était de ne pas abîmer la rentabilité de l’entreprise, de ne pas entraver son développement" et "d’assurer le service aux clients", en garantissant l’ouverture "du lundi matin au vendredi soir", avec en outre la possibilité "de travailler samedi et dimanche quand il y a des activités de déneigement".
Le passage de la théorie à la pratique se révèle fructueux : "ça a fonctionné encore mieux que prévu", se félicite Régine Crouet. "Aucun salarié n’a voulu revenir en arrière."
Pas de turn-over, pas d’absentéisme, et un bouche-à-oreille favorable qui permet d’attirer de bons profils dans l’entreprise. "Sur tous les plans, l’entreprise et les salariés sont gagnants : moins de déplacements pour aller au travail, donc moins de pollution, des collaborateurs plus heureux et qui reviennent en forme", plaide Régine Crouet. Concrètement, chez JC Logistique, les salariés sont tous présents le jeudi - journée la plus chargée - et disposent d’un jour de repos glissant et de plannings établis six semaines à l’avance. En contrepartie, l’amplitude horaire quotidienne a augmenté : de 6 h 30 à 18 h 30, pour des semaines qui comprennent toujours 39 heures de travail.
Développement du "travail hybride"
Dans l’entreprise installée à Fresse-sur-Moselle, les magasiniers ont été les premiers à pouvoir basculer vers cette organisation du travail ; aujourd’hui, un tiers de l’effectif total de la PME est concerné. Chez JC Logistique, Régine Crouet a su créer une "culture du changement" et veut continuer à développer "le travail flexible, hybride".
La dirigeante, qui estime que "la confiance placée dans les salariés permet de donner une belle énergie à l’entreprise", revendique aussi une part d’affectif dans son management. Elle fait appel tous les mois, depuis la création de l’entreprise, aux services d’un ostéopathe pour ses collaborateurs.
Régine Crouet estime rechercher une forme de rationalité dans l’organisation de sa PME. "La crise du Covid a accéléré les changements dans le rapport au travail. On parle de quête de sens, et je pense que l’environnement dans lequel le salarié travaille doit permettre de s’exprimer et de trouver du sens."
Filiale à 100 % du groupe de BTP vosgien Livio (CA 2020 : 65 M€ ; 400 salariés), JC Logistique opère dans la location de matériel pour le BTP, l'industrie et l'événementiel. Un cœur de métier auquel se sont rajoutés la location et le montage d'échafaudage, la construction modulaire ou encore la manutention industrielle. Son activité est tournée à "50 % vers le groupe Livio et 50 % vers l'extérieur".
