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À Dombasle, Solvay teste son nouveau procédé avant de passer à l'échelle industrielle
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À Dombasle, Solvay teste son nouveau procédé avant de passer à l'échelle industrielle

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Le groupe Solvay vient de lancer le pilote industriel visant à réinventer l’actuel procédé de fabrication du carbonate de soude. L’innovation, testée dans l’usine de Dombasle, en Meurthe-et-Moselle, doit permettre au groupe belge d’atteindre la neutralité sur cette production d’ici à 2050.

Le groupe Solvay compte déployer le procédé mis au point dans l’usine de Dombasle, en Meurthe-et-Moselle, dans l’ensemble de ses sites européens — Photo : Solvay

Étape après étape, l’usine Solvay (CA : 9 Md€ ; 21 000 salariés) de Dombasle, en Meurthe-et-Moselle, avance sur la réinvention du procédé de fabrication du carbonate de soude. "Les opérations pilotes ont débuté en avril et devraient durer deux ans avant que la production puisse être portée à l’échelle industrielle", indique la communication de l’industriel belge.

Quand une usine standard de bicarbonate de soude peut produire jusqu’à 500 000 tonnes par an, le pilote installé à Dombasle sera capable de produire 1 000 tonnes par an. Dès que la piste suivie sera validée, les deux prochaines années seront consacrées à "travailler avec les fournisseurs pour concevoir l’équipement nécessaire à l’échelle industrielle qui n’existe pas aujourd’hui".

Le défi est de taille : "Ce dont nous avons besoin est si grand, mais comme cela n’a jamais été produit auparavant, en termes d’équipement, nous avons embarqué nos fournisseurs et ils sont maintenant avec nous et ravis de soutenir cette innovation", explique Jean-Charles Djelalian, directeur marketing et développement durable pour la divison "Soda Ash & Derivatives". La transition du pilote vers l’échelle industrielle doit débuter en 2025, et le groupe réaffirme son intention de déployer la technologie mise au point à Dombasle dans toutes les usines européennes produisant du carbonate de soude, soit six usines.

Perpétuer un héritage

Le groupe Solvay a déjà investi 40 millions d’euros pour développer une technologie propriétaire, brevetée pour la première fois en 2014, et qui doit permettre de produire un bicarbonate de soude répondant exactement aux mêmes caractéristiques que celui produit depuis 160 ans avec le procédé Solvay. Pour le groupe les enjeux sont énormes : 50 % d’émissions de CO2 en moins, une réduction de 20 % de la consommation d’eau et de sel, ainsi qu’une réduction de 30 % de la consommation de calcaire, une des matières premières permettant de produire du carbonate de soude. "Je suis fière que Solvay perpétue l’héritage d’innovation de notre fondateur, alors que nous dirigeons notre industrie vers un avenir plus durable", indique la PDG du groupe, Ilham Kadri, en réaffirmant sa volonté d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

En octobre 2022, en évoquant pour le Journal des Entreprises le pilote industriel visant à réinventer le procédé Solvay de fabrication du bicarbonate de soude, Philippe Kehren, le président de la division "Soda Ash & Derivatives" du groupe Solvay, avait salué les efforts fournis par ses équipes, qui venaient de franchir une étape clé permettant de sortir la technologie du laboratoire. Pour autant, Nicolas Van der Heyden, le directeur du site Solvay de Dombasle, se voulait très prudent. "Il est encore possible que cela soit une fausse piste", indiquait alors l’industriel, tout en dévoilant le calendrier du projet. "Le pilote devra être monté pour le mois d’avril ", précisait Nicolas Van der Heyden. Le calendrier a été respecté.

Un procédé électrochimique

L’industriel a aujourd’hui levé une partie du voile sur ses recherches : dans le procédé Solvay tel qu’il a été inventé par Ernest Solvay, le processus régénère l’ammoniac utilisé, réduisant les coûts grâce au recyclage, éliminant de fait le besoin d’acheter de l’ammoniac frais. Mais cette "boucle d’ammoniac" nécessite l’utilisation d’un four à chaux, dans lequel le calcaire est calciné pour produire du lait de chaux et du CO2, qui est en partie utilisé dans le processus, mais aussi en partie rejeté dans l’atmosphère. "Avec l’innovation de notre groupe, la fonction four à chaux sera remplacée par un procédé électrochimique et l’ammoniac sera récupéré sans émission de CO2", dévoile le groupe.

Autre avantage, le nouveau procédé améliore également le rendement du procédé, en produisant la même quantité de carbonate de soude tout en utilisant moins de ressources : moins de sel, de calcaire et d’énergie. La mise en œuvre du nouveau procédé doit se traduire par "des économies de coûts importantes grâce à la consommation de moins de ressources, moins d’énergie et moins d’émissions de CO2, en particulier en Europe, où les installations doivent payer pour leurs émissions de CO2", se félicite le groupe.

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