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Présidentielle 2022 : pour Johan Ricaut (Shopopop), "il faut une réglementation adaptée aux nouveaux usages"
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Présidentielle 2022 : pour Johan Ricaut (Shopopop), "il faut une réglementation adaptée aux nouveaux usages"

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À l'occasion de l'élection présidentielle, Le Journal des Entreprises donne la parole à la jeune génération d'entrepreneurs. Pour Johan Ricaut, cofondateur de l'entreprise nantaise Shopopop et membre du Centre des Jeunes Dirigeants, les pouvoirs publics devraient être plus proches des entreprises de la tech qui développent de nouveaux usages, pour leur faciliter le recrutement et l'accès au financement.

Johan Ricaut, cofondateur et président de Shopopop — Photo : Shopopop

Sur le modèle du site de covoiturage Blablacar, la société nantaise Shopopop, fondée en 2015 par Antoine Cheul et Johan Ricaut, a lancé en avril 2016 une plateforme de courses en ligne répondant au concept "Faites-vous livrer vos courses par un voisin ". Elle met en relation des particuliers souhaitant se faire livrer à domicile des produits achetés sur le web avec des particuliers souhaitant optimiser leurs trajets en voiture en effectuant le retrait et la livraison des courses, moyennant une rémunération.

Incubée à l’École des Mines de Nantes, lauréate du réseau Entreprendre Atlantique, l’entreprise a organisé, en 2021, plus d’un million de livraisons pour 1 700 points de vente, sous des enseignes généralistes telles qu’Auchan, Carrefour, Casino, E. Leclerc, Intermarché, Magasins U, mais aussi spécialisées (Éram, Biocoop…). Si elle ne communique pas son chiffre d’affaires, l’entreprise déclare être rentable et en forte croissance.

Accompagner les nouveaux usages

Pour le directeur général Johan Ricaut, les pouvoirs publics devraient tisser des liens plus étroits avec les start-up, notamment celles développant de nouveaux usages, afin de mieux connaître leur environnement et mettre en place une réglementation adaptée. "Quand on innove dans le domaine des services, on est sur de nouveaux usages qui sont parfois difficiles à encadrer. C’est pourquoi il faut éviter les réflexes coercitifs vis-à-vis des start-up qui bousculent l’ordre établi, et mettre en place une réglementation intelligente qui prenne en compte leurs spécificités. De manière générale, il faut distinguer l’encadrement législatif des jeunes structures en phase de croissance de celles qui sont déjà bien établies", avance le trentenaire. Il imagine également une labellisation des nouveaux usages en fonction de leurs externalités positives, en termes de préservation de l’environnement, d’emploi local etc.

Développer l’offre de formation dans le numérique

La croissance de Shopopop, qui emploie 100 salariés dont une trentaine embauchée en 2021, s’accompagnera en 2022 de nouveaux recrutements, notamment, sur des profils de développeurs. Pour pallier les difficultés de recrutement sur ce métier en grande tension, Johan Ricaut demande un effort accru des pouvoirs publics pour développer l’offre de formation dans les métiers du numérique et répondre ainsi aux besoins des entreprises de la tech, notamment celles qui sont implantées en dehors de la région parisienne. "Il est important de renforcer la décentralisation de la formation pour renforcer l’attractivité des territoires et éviter que les entreprises de province ne soient toujours confrontées à la concurrence parisienne. Attention également à ce que l’exode des entreprises parisiennes en province ne fasse pas exploser les rémunérations et le prix de l’innovation", met en garde le jeune dirigeant.

Faciliter l’accès au financement

Après un tour de table de 4 millions d’euros début 2020, Shopopop a finalisé, fin 2021, une nouvelle levée de fonds de 20 millions d’euros auprès de quatre partenaires financiers. S’il reconnaît que l’état des lieux de l’investissement est meilleur qu’il y a quelques années, Johan Ricaut déplore cependant un accès difficile aux fonds d’envergure européenne. "L’écosystème nantais de la tech est encore jeune. Ce n’est pas simple de lever des fonds auprès d’investisseurs internationaux quand on n’a pas la reconnaissance parisienne", analyse le dirigeant, qui préconise un meilleur fléchage des investisseurs conséquents vers les start-up des territoires. Avec sa dernière levée de fonds, Shopopop a l’ambition de constituer un réseau de 50 000 partenaires dans sept pays, d’ici fin 2025.

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