Dans le secteur du textile et de la mode, l’actualité est marquée par la chute d’une des plus grandes enseignes françaises du secteur. "La liquidation judiciaire de Camaïeu est pour moi le signe que les marques de demain doivent être des entreprises à mission, des marques qui intègrent des certifications B Corp (répondant à des exigences environnementales et sociétales, NDLR), des marques performantes qui proposent des produits bas carbone, estime Nicolas Rohr, codirigeant de Faguo, enseigne de mode responsable dont le siège est à Nantes. Je souhaite que Faguo continue à grandir, et récupère les déçus des marques qui ne font pas assez d’efforts."
Grandir ? C’est en tout cas bien parti pour l’enseigne nantaise. "Nous avons ouvert 7 boutiques en 2022, à Annecy, Boulogne, Marseille et Paris, précise le dirigeant, et en 6 mois, une boutique est rentable. Chaque boutique nous permet d’embaucher localement 4 personnes. Désormais, avec 40 boutiques, en France, nous maillons très bien le territoire, avec quasiment une boutique dans chaque grande ville."
Du côté des boutiques multimarques, ces enseignes qui ne vendent pas uniquement la marque Faguo ? "Ça tient le coup, et il y a même une légère croissance, dit-il, alors que c’est normalement le premier endroit où l’on a les signes de recul du marché."
Sur le web, la croissance est là aussi. "C’est plus 40 % par rapport à 2021, estime le chef d’entreprise qui reconnaît avoir fortement investi sur la publicité pour aller chercher de la croissance de chiffre d’affaires sur ce secteur de la vente en ligne qui représente aujourd’hui 15 % des ventes de la marque."
Un impact positif sur le monde
Globalement, le chiffre d’affaires bondit de 25 %, passant de 16 à 21 millions d’euros en un an. Avec une trentaine de recrutements durant cette période, l’enseigne compte désormais 110 salariés. Le succès de la marque, qui veut "engager sa génération contre le dérèglement climatique", peut s’interpréter comme une proposition qui colle à l’air du temps. "La réussite de Faguo s’inscrit dans un contexte post-Covid, de crise énergétique, de crise écologique, sociale et maintenant de guerre en Ukraine, explique Nicolas Rohr. Les gens ont l’impression que le monde est fou. Ils sont en quête de sens. Un vent de valeurs se remet en place. Depuis quelques années, les gens veulent travailler pour ou faire travailler des entreprises qui ont un impact positif sur le monde et la planète. Ils se disent : maintenant, on n’a plus le choix."
Aujourd’hui, 80 % des produits Faguo (pulls, chemises, pantalons, sacs à dos, baskets, etc.) contiennent au moins 30 % de matières recyclées, et le dirigeant vise les 60 % d’ici à 5 ans. Un arbre est planté pour chaque article vendu. À l’image de Smala qui en fait son cœur de métier, et dont Nicolas Rohr salue la "très belle réussite," on trouve, dans chaque boutique Faguo, un rayon de vêtements de seconde main, rapportés par les clients et revendus en boutique. Le nouveau concept de boutique, designé par le studio éco-responsable Fairly, a lui permis de réduire de 30 % les émissions de CO2 par boutique. Il se tient aussi des ateliers de réparation de vêtements une fois par mois dans toutes les boutiques. Enfin, niveau commande, le quadra ne transige pas. "Nous avons refusé une commande de 300 000 euros récemment, pour des polaires, car on nous a demandé de livrer cela dans un temps record, et donc en avion plutôt qu’en bateau, illustre Nicolas Rohr. On tient à nos valeurs, et il n’est pas question d’y déroger."
