Pour tester leurs nouveaux produits, un grand nombre d’entreprises n’ont pas à leur disposition un banc d’essai aussi original, aussi juvénile et aussi pertinent que le fabricant de chaussures pour enfants vendéen Shoemakers. "Nous faisons essayer tous nos nouveaux modèles aux enfants de l’école de Chambretaud, ainsi qu’à ceux de la maison d’assistants maternels Au Pays de Lulu, raconte Arnaud Bayeux, président du groupe. Le verdict est sans appel. Soit c’est : j’ai pas mal au pied, soit : j’ai mal au pied."
Bientôt, les bambins vendéens pourront tester les chaussures de la marque de mode Tartine et Chocolat. "Nous venons de signer un contrat de licence avec cette marque qui est un des leaders du secteur de la mode enfant haut de gamme, se réjouit Arnaud Bayeux. Nous allons dessiner leurs collections et assurer la production de leurs chaussures."
Dernier fabricant français de chaussures pour enfant
Shoemakers Group est le dernier fabricant français de chaussures pour enfant notamment sous les marques Pom d'Api et Shoo Pom. La PME vendéenne est implantée dans la ville nouvelle de Chanverrie, rassemblant les anciennes communes de Chambretaud et de La Verrie. "Un groupe d’actionnaires a racheté l’entreprise, en 2015, qui faisait partie du fabricant Rautureau, rapporte le dirigeant. Un an plus tard, nous nous sommes installés dans les locaux de la société Griffon."
Le partenariat avec Tartine et Chocolat, propriété de la famille Zannier, apporte un nouveau relais de croissance au Vendéen. La société francilienne ne vendait plus de chaussures sous sa marque depuis 4 ans environ. En vendant sa licence à Shoemakers, elle aura à nouveau des souliers estampillés Tartine et Chocolat. La société vendéenne concevra, fabriquera et vendra également cette marque dans son propre réseau. "C’est une marque complémentaire de nos marques, dans le haut de gamme, comme Pom d'Api, mais qui propose des produits classiques, intemporels, alors que nous sommes sur un positionnement plus mode, air du temps, en suivant les tendances de matières et de coloris", explique Arnaud Bayeux. L’intérêt pour le groupe Shoemakers ? "Tartine et Chocolat est très fort à l’export et sur le digital, avec leur e-shop qui est une référence. C’est une marque qui a 40 ans et qui indentifiable", poursuit le dirigeant vendéen.
Une usine et un réseau de distribution international
L’autre nouveauté de la PME vendéenne est du côté digital, justement. Elle vient de lancer, en mars, son nouvel e-shop pour sa marque Shoo Pom, qui représente 50 % de son chiffre d’affaires. "La vente en ligne est un incontournable, remarque Arnaud Bayeux, aussi bien pour nous, que pour nos clients en BtoB, comme Zalando, Vertbaudet ou Sarenza."
"L’originalité de notre entreprise est que nous sommes à la fois des industriels, avec un bureau d’études, un atelier de prototypage, notre propre usine en Tunisie, et, en même temps, nous faisons du BtoC avec la vente en ligne, nos 9 magasins que l’on possède en propre et deux franchisés, ainsi que du BtoB avec 400 boutiques multimarques qui vendent nos produits."
Élément stratégique supplémentaire du réseau de distribution en BtoB : les marques phares du Vendéen sont dans trois corners prestigieux à Paris : le Bon Marché, les Galerie Lafayette et Le Printemps.
La PME vendéenne a atteint 13,6 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022, alors qu’elle compte 190 salariés, dont 120 en Tunisie. L’année 2023 s’annonce avec une baisse du chiffre d’affaires d’environ 8 %. "L’inflation, la guerre en Ukraine, l’atmosphère morose de cette année, un hiver doux, les difficultés d’approvisionnement, peuvent expliquer cela", estime le président de Shoemakers Group.
Un marché international très concurrentiel
Les années qui s’annoncent seront marquées du sceau du développement à l’international, qui représente pour l’heure 20 % du chiffre d’affaires. Les marques du groupe sont présentes en boutiques dans 30 pays, mais l’Hexagone ne sera pas négligé. "Avant de s’attaquer à l’ailleurs, il faut être fort ici, note ainsi Arnaud Bayeux. Notre marché français ne doit pas être oublié, même si l’on vise la stabilité sur ce marché. Notre croissance future se fera à l’international. La vente en ligne permet de vendre dans quasiment tous les pays de monde. Mais les autres pays ne sont pas des terres vierges où les enfants marchent pieds nus, ils ont aussi leurs produits".
Pour Shoemakers Group, il faut faire mieux, se différencier et proposer autre chose. Un sacré défi dans un marché de la chaussure très concurrentiel. "Nous exerçons un métier créatif, et c’est à nous de trouver de nouvelles idées pour développer notre business, de proposer de nouveaux produits à nos clients ou de travailler avec de nouveaux partenaires", assure Arnaud Bayeux. D’ici à l’horizon 2029, l’entreprise vendéenne souhaite atteindre entre 25 et 30 % de chiffre d’affaires à l’international.
