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Le groupement de producteurs de pommes de terre de Noirmoutier mise sur la RSE pour cultiver son image premium
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Le groupement de producteurs de pommes de terre de Noirmoutier mise sur la RSE pour cultiver son image premium

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La nouvelle génération à la tête du groupement de producteurs de pommes de terre La Noirmoutier mise à fond sur la RSE pour conforter son image de produit d’exception. Cette démarche volontariste s’appuie sur une attente forte des consommateurs et s’accompagne d’investissements importants en matériel et équipements industriels.

Les producteurs de pommes de terre de Noirmoutier font partie d’une coopérative qui rassemble 22 exploitations familiales — Photo : David Pouilloux

Jessica Tessier, 38 ans, est productrice de pommes de terre. Elle est, depuis un an, la présidente de la coopérative agricole La Noirmoutier. Tout un symbole pour ce groupement de producteurs de l’île vendéenne, qui a su imposer sa marque dans le monde de la pomme de terre primeur. En cet hiver 2023, au moment de la plantation de la variété Bonnotte, elle souhaite faire souffler un vent de modernité sur cette activité artisanale, au savoir-faire ancien, mais qui revoit aujourd’hui son modèle à l’aune de la RSE. "Nous sommes engagés pour une agriculture durable, plus respectueuse de la nature et plus impliquée socialement, appuie Jessica Tessier. Une nouvelle génération est désormais aux commandes des exploitations familiales et elle voit les choses autrement."

12 000 tonnes de pommes de terre

Créée en 1945, la coopérative regroupe 22 familles de producteurs, génère entre 18 et 21 millions d’euros de chiffres d’affaires et compte 100 salariés, dont 20 directement au sein de la coopérative qui comporte les bâtiments où sont lavées, triées et emballées les pommes de terre. Les autres, 80 personnes, travaillent au sein des exploitations. "Sur 430 hectares en tout, nous récoltons 12 000 tonnes de pommes de terre sous la marque unique La Noirmoutier, précise Nicolas Taille, le directeur de la coopérative. Au plus fort de la récolte, entre avril et juin, 200 000 unités de vente (barquettes, cagettes, filets, etc.) sortent de nos entrepôts, via 30 semi-remorques."

Moins de 24 heures après avoir été récoltées, les pommes de terre filent chez les distributeurs (grandes et moyennes surfaces) à 75 % et vers les marchés d’intérêt national, les restaurants et les détaillants pour le reste. "La France produit 6 millions de tonnes de pommes de terre, nous représentons moins de 0,2 % de cette production, explique Jessica Tessier. Notre métier est le primeur. Il nous rapproche plus de maraîchage que de la production industrielle."

Cinq chantiers d'amélioration

Entre avril et juin, la récolte des pommes de terre de Noirmoutier s’effectue à la main — Photo : Stéphane Bellanger

Sur un produit d’exception, l’image, la qualité, la fraîcheur, sont évidemment déterminantes. "Nous devions avancer sur la RSE, notamment sur la partie environnementale, car c’est une attente des consommateurs et une volonté de notre part", résume Jessica Tessier. Aussi, la coopérative vient d’engager cinq nouveaux chantiers d’amélioration pour les deux ans à venir : atteindre 80 % de zone zéro résidu de pesticide (50 % aujourd’hui), réduire de 75 % l’utilisation de glyphosate, atteindre plus de 80 % de surface en couvert végétal (il permet d’enrichir le sol, évite les désherbages et réduit la présence de vers nématodes), développer de nouvelles techniques agricoles durables et s’inscrire dans une démarche de bon voisinage via une charte (pas de traitements dans les zones proches urbaines les week-ends et jours fériés)… Les logos Indication géographique protégée, Label Rouge et Zéro résidu pesticide figurent en bonne place sur les emballages et rassurent les consommateurs.

Le souci principal des producteurs se situe du côté des maladies, des parasites et des mauvaises herbes. Le mildiou, appelé par Jessica Tessier "la peste de la pomme de terre", apprécie particulièrement le climat humide et chaud des printemps de l’île de Noirmoutier. "La pomme de terre est sensible au mildiou et aux nématodes, précise la dirigeante, il est difficile de se passer totalement des traitements phytosanitaires. Mais nous tenons à améliorer nos pratiques, et beaucoup d’entre elles s’inspirent de l’agriculture biologique." Les exploitants ont notamment investi dans des machines à vapeur (140 000 euros l’unité neuve) qui permettent de chauffer le sol comme un fer à repasser et brûlent les graines des mauvaises herbes.

Production primeur

Plantation de bonnottes, pommes de terre de Noirmoutier — Photo : David Pouilloux

Les producteurs de Noirmoutier peuvent-ils aller encore plus loin et passer au bio ? "Pas facile, reconnaît Gaëtan Gendron, producteur depuis 30 ans. En bio, on passe à 10 tonnes à l’hectare et, avec nos petites surfaces, on ne pourrait pas vivre avec un rendement aussi faible." Là où les rendements maximums peuvent atteindre 60 tonnes à l’hectare en agriculture conventionnelle, dans le sable noir de Noirmoutier nourri au goémon, les productions primeurs atteignent au mieux 25 tonnes, et les exploitations regroupent des dizaines de petites parcelles qui ensemble couvrent 15 à 30 hectares maximum.

"Pour bien gagner sa vie, il faut bien vendre la Noirmoutier, sourit Nicolas Paille, directeur de la coopérative et responsable de la commercialisation. Nous avons développé une union coopérative avec les producteurs de l’Île de Ré, ce qui nous permet de nous partager les zones géographiques et mutualiser la mise sur le marché." Cette coopération permet, au passage, d’éviter une guerre des prix, suicidaire sur ce marché de niche. La coopérative UniRé produit 2 000 tonnes sur 130 hectares et réalise entre 3 et 4 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Côté équipements industriels, les machines de tri optique ont représenté près d’un million d’euros d’investissement, la double ligne d’emballage alimentaire en carton pour réduire l’usage des films plastiques 1,3 million d’euros, et la salle qui contient les frigidaires et sert à préparer les commandes 2 millions d’euros. "Le modèle de coopérative a permis de mutualiser les investissements, plaide Nicolas Paille. Sans cela, il y aurait deux fois moins de producteurs, et nos pommes de terre ne seraient pas vendues à l’autre bout de la France."

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