Une éolienne tourne dans le ciel de Bouguenais, près de l’aéroport de Nantes. Implantée sur le site de la société 4Cad Group, elle se veut être une démonstration d’une partie du savoir-faire de l’entreprise. 4Cad distribue des logiciels afin de digitaliser et automatiser les processus industriels.
Autour de cette grande structure, 4Cad Group a déjà investi un premier bâtiment de 800 m², puis en 2017 un deuxième bâtiment de 1 200 m², accueillant notamment le Connex’lab (voir encadré). En pleine croissance et à l’étroit, l’entreprise prévoit de s’agrandir avec un troisième bâtiment pour fin 2024, cette fois-ci de 2 000 m² et pour un coût de 4 millions d’euros. "Nous prenons aujourd’hui le virage de l’industrie 4.0, celle de l’avènement de la donnée. Notre ambition est de générer des informations issues d’installations industrielles, comme cette éolienne connectée, qui permet de remonter des données. Cela crée de la valeur pour nos clients", expose Janick Valbousquet, responsable du business développement de 4Cad. L’ETI compte aujourd’hui sept agences en France, réalise 68 millions de chiffres d’affaires et compte 370 salariés (dont 110 à Nantes), pour plus de 2 400 clients. "Nous sommes sur un marché en pleine croissance. L’ambition est de passer cette année à 80 millions d’euros et de dépasser les 400 salariés. D’ici 2028, nous visons 180 millions d’euros et environ 800 salariés", projette Janick Valbousquet.
Une diversification au fil des années
Fondée en 2004, 4Cad Group souhaite avant tout répondre aux besoins numériques des industries. "Les industriels sont nombreux aujourd’hui à vouloir enrichir leurs produits avec une dose de services. Cela se traduit généralement par l’ajout d’une couche d’électronique pour réaliser des maintenances prédictives, ou par des gestions de flotte efficaces", explique Janick Valbousquet, qui identifie également comme autres volontés fortes des industriels la décarbonation… ainsi que la personnalisation. "Il faut dorénavant savoir produire des mini-séries, à des coûts de grande production. Il faut pour cela gagner en agilité, afin de vite changer les paramètres sur une ligne", témoigne-t-il. Et 4Cad compte bien adapter ses offres aux besoins des industriels, qui ont forcément changé en deux décennies.
En 2004, l’industrie 4.0 n’existait pas encore. 4Cad basait toute son activité sur la conception assistée par ordinateur (CAO), afin de dessiner, souvent en 3D, les produits en amont de la chaîne industrielle. "Pour ce faire, nous distribuons les logiciels du géant éditeur américain PTC (Boston) en France, puis assurons le suivi client", explique le dirigeant. Cette activité représente encore aujourd’hui la moitié du chiffre d’affaires de 4Cad. "Afin de rendre sûres nos activités et de ne pas être totalement dépendant de PTC, nous avons évolué en 2010 en proposant les logiciels de gestion intégrés (gestion des factures, RH, stocks, etc.) provenant de l’éditeur britannique Sage", indique Janick Valbousquet. Ce second pilier représente un tiers du chiffre d’affaires actuel.
Si ces deux activités constituent encore la majeure partie des activités de 4Cad, la société a développé plus récemment deux nouvelles activités. "En 2017, nous nous sommes renforcés dans l’internet des objets connectés (IoT), en proposant d’autres logiciels de PTC". Ces derniers équipent notamment les lignes de production afin de récolter des données sur leur fonctionnement et amener des améliorations. "Nombre d’industriels n’ont pas forcément cerné l’intérêt de l’IoT dès 2017, qui a mis du temps à décoller. Nous comptons aujourd’hui 25 clients sur ce segment pour un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros".
La dernière activité, commencée en 2019, repose sur des logiciels de marketing, de vente et de service après-vente (CRM pour Customer Relationship Management). "Parmi nos quatre segments, certaines activités, comme la gestion intégrée, peuvent s’appliquer au-delà de l’industrie, mais nous ne nous éparpillons pas. L’objectif est d’avoir des clients industriels qui peuvent être intéressés par nos quatre segments", poursuit Janick Valbousquet.
Afin de faciliter l’utilisation de ces outils, l’entreprise a développé en interne 4Cad link. "Cette plateforme permet de passer facilement d’un système à l’autre au sein d’une entreprise qui utilise plusieurs de nos solutions. Elle peut ainsi regrouper facilement la conception numérique à l’analyse de données de production."
La surprise canadienne
Le distributeur nantais n’avait initialement pas de velléité à l’international, en dehors de pays francophones et frontaliers comme la Suisse, avec un bureau à Genève, et la Belgique, couverte par une antenne à Lille. Et pour cause, dans d’autres zones du monde, des concurrents locaux sont souvent déjà implantés et distribuent les mêmes logiciels.
Pour autant, cela n’a pas empêché 4Cad d’ouvrir une antenne à Montréal (Canada) en 2016. "Plusieurs industriels québécois nous appelaient afin de suivre nos formations sur les logiciels de conception. Nous avons compris dans un second temps la raison : ils ont une obligation légale d’assurer ces formations en langue française", se souvient Janick Valbousquet. L’entreprise s’est donc décidée à traverser l’Atlantique, ce qui a nécessité une phase d’adaptation. "Leur manière de travailler est, elle, bien nord-américaine. La notion de partenariat est complexe, car il y a énormément de turnover dans leurs industries. Ils ont une autre mentalité et sont très pragmatiques dans leurs relations professionnelles", constate le dirigeant.
Néanmoins, cela n’a pas empêché la société d’y faire son trou. Elle possède dorénavant 30 salariés au Québec, et y déploie depuis peu aussi des logiciels de gestion. "Sur nos 2 400 clients, nous en comptons environ une centaine en Amérique du Nord, un chiffre amené à grossir", souligne le dirigeant.
Des possibilités de diversification
Parmi ces clients, 4Cad compte en grande partie des industriels dont les productions ne s’effectuent pas sur des lignes continues, à l’image de ce qui peut se faire dans des usines automobiles ou aéronautiques. "Depuis quelques années, de plus en plus d’industries qui ont des lignes de production automatiques et continues, se tournent vers nous, comme la pharmaceutique ou la cosmétique. Nous avons également de premiers clients dans l’agroalimentaire notamment en Amérique du Nord. À l’avenir nous espérons nous ouvrir à ce secteur en France. De plus, nous ambitionnons une extension vers l'Ouest canadien", projette le dirigeant.
Afin de soutenir son développement, 4Cad a de forts besoins de recrutement, à Nantes mais aussi sur l’ensemble de ses sites. "C’est actuellement le principal frein à notre croissance", constate Janick Valbousquet. Pour ce faire, la société a créé en interne la 4Cad Academy, afin de former directement ses propres ingénieurs et consultants. Les personnes qui suivent cette formation sont considérées et payées comme en CDI au sein de l’entreprise. "Nous avons mis en place cette formation depuis sept ans. Dans ce cursus, les connaissances sont celles nécessaires pour maîtriser nos solutions". Ces futurs ingénieurs pourront alors entre autres manipuler les données de l'éolienne de 4Cad Group, et ainsi démontrer tout le savoir-faire de la société.
