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Proplast lance Re-Uz pour accélérer sur le plastique réutilisable
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Proplast lance Re-Uz pour accélérer sur le plastique réutilisable

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Le spécialiste du plastique injecté opère depuis plusieurs 2015 un pivot vers le plastique réutilisable. Cette nouvelle orientation est désormais affirmée au travers de la création de sa filiale Re-Uz, qui chapeaute l’ensemble des activités liées au réutilisable.

Le groupe Proplast a créé en 2021 Re-Uz, sa marque ombrelle pour toutes ses activités liées au plastique réemployable, dont les fameuses Ecocup chères aux festivaliers — Photo : Proplast

Proplast accélère sur le plastique réutilisable, et se réorganise en conséquence. L’ETI basée à Flines-lez-Raches (59) est spécialisée depuis 1990 dans les emballages alimentaires en plastique injecté et thermoformé. L’arrivée, en 2015, de la deuxième génération à la tête de l’entreprise familiale, marque un tournant vers le plastique réemployable. Cette branche s’est étoffée, jusqu’à se structurer, au printemps 2021, sous la marque Re-Uz. Une affirmation de l’ambition de Proplast d’aller plus loin sur ce terrain.

De multiples opérations de croissance externe

Encouragé par les évolutions réglementaires, de plus en plus défavorables aux plastiques à usage unique, et porté par les convictions personnelles de ses dirigeants, Proplast a entamé sa mue en 2017. Le groupe rachète alors Greencup et Ecocup, deux entreprises précurseurs sur le marché du gobelet réutilisable à destination de l’évènementiel. Ces premières acquisitions ont été suivies, en quelques années, de plusieurs autres, en France, mais aussi en Allemagne, en Angleterre et en Espagne. "La croissance externe a toujours été dans l’ADN de Proplast. Après l’acquisition de Greencup et d’Ecocup, nous avons poursuivi avec le rachat de quatre autres acteurs européens. Évidemment, ce sont tous des acteurs historiquement positionnés sur l’évènementiel, un marché qui a été très éprouvé en 2020 et 2021. Mais la tendance lourde est bien en faveur du réemployable, dans tous nos marchés, et c’est le modèle auquel nous croyons pour le long terme," présente Philippe Berthe, le dirigeant de Proplast.

Une réorganisation du groupe

En 2020, qui devait être une année pivot pour le groupe, Proplast a finalement dû ronger son frein. Forcé de s’arrêter en même temps que ses clients de l’évènementiel et de la restauration, le groupe a pris le temps de se restructurer, et de peaufiner son offre. Ainsi, il a officialisé, au printemps 2021, la naissance de Re-Uz, sa nouvelle branche dédiée aux matériaux réutilisables. Sous cette ombrelle sont rassemblées l’ensemble des activités du groupe liées au réemployable, qu’il s’agisse de R & D, de fabrication, ou de services. La filiale compte 150 salariés, répartis entre les différentes entreprises rachetées ces dernières années. En face, les activités historiques du groupe, liées au plastique à usage unique, restent rassemblées sous la marque Nutripack, qui compte 550 salariés. Dans le cadre de cette réorganisation, Proplast s’est également séparé début 2020 de sa filiale vendéenne Mecapack (200 salariés, 30 M€ de CA), qui fabrique des machines pour l’emballage. Resserré, le périmètre de Proplast recouvre désormais 700 salariés, pour 180 millions d’euros de chiffre d’affaires… en théorie, puisque le Covid est venu grever les résultats. En 2020, Nutripack a réalisé 119 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 133 prévus. Et Re-Uz, 9 millions d’euros, contre quarante-cinq millions anticipés.

"Si l’on se réfère aux chiffres de 2019, Nutripack pèse 122 millions d’euros de chiffre d’affaires, et Re-Uz, 36. On a accusé le coup. Maintenant, nous attendons la reprise pour vraiment réaliser le potentiel de Re-Uz. Avec l’ambition que la branche représente 50 % du chiffre d’affaires du groupe en 2026," se projette Philippe Berthe.

Kio, une offre dédiée aux restaurateurs

C’est que Re-Uz a quantité de projets dans les cartons. Et en particulier, son offre de contenants consignés à destination de la restauration, baptisée Kio. Développée tout au long de l’année 2020 avec un partenaire belge, propriétaire d’une quinzaine de restaurants, cette gamme de vaisselle en plastique réutilisable veut remplacer les innombrables barquettes jetables qui ont envahi le quotidien des restaurateurs et de leurs clients. "On a tous constaté l’empilage de plastique inutile dans nos poubelles, après un repas pris à plusieurs, en livraison ou à emporter. Ce n’est plus possible de continuer dans cette logique," pointe Philippe Berthe. "Avec notre partenaire, nous avons élaboré tout une gamme de contenants consignés, lavables et robustes, répondant aux besoins des restaurateurs. Entièrement personnalisables, ils permettent de supprimer le plastique à usage unique, et sont plus esthétiques : ce sont des contenants que vous pouvez mettre à table. Le client final paye une consigne à la commande, qu’il peut récupérer en rendant ses ustensiles, ou qui est décomptée de la commande suivante, soit dans le même restaurant, soit dans un autre lieu partenaire."

Développer des outils et des services

Re-Uz a en développé une application pour faciliter le suivi des contenants d’un lieu à l’autre, et favoriser l’émergence d’une communauté de restaurants utilisant le même service. Les contenants peuvent être lavés sur place, ou collectés pour être lavés chez un partenaire, souvent des Esat, que Re-Uz est en train de structurer en réseau. Dans le même ordre d’idée, le groupe propose aussi aux entreprises la location de gobelets réutilisables pour remplacer ceux des machines à café. Lavés sur place ou collectés, ils permettent de réduire l’usage du plastique à usage unique. L’entreprise compte aussi se placer sur le marché de la livraison de repas à domicile, pour les seniors. "Nous ne sommes qu’au tout début de la révolution du réemployable. Il y a énormément d’usages à inventer encore, pour le rendre aussi simple d’utilisation que l’est le jetable actuellement. Cela va aussi passer par de l’innovation de service. Par exemple, vous pourrez bientôt prendre un café à emporter en Gare du Nord, et rendre votre gobelet consigné en arrivant à Bruxelles-Midi. Tout est encore à imaginer", s’enthousiasme Philippe Berthe.

Nutripack en voie de verdissement

En parallèle, Proplast poursuit le développement de Nutripack, en investissant notamment dans le verdissement de sa gamme. Le groupe a par exemple investi 6 millions d’euros en 2020 pour pouvoir fabriquer des contenants en cellulose moulée. Nutripack propose désormais des produits en polypropylène 100 % recyclé, en cellulose, en carton, et en plastique biosourcé.

"Le plastique à usage unique reste incontournable pour beaucoup d’usages, et sur beaucoup de marchés. Cela étant, nous travaillons pour rendre les produits de Nutripack les plus durables possibles, et c’est en soi une évolution majeure pour le groupe. En 2015, au moment de la reprise, nous avions 0 % de recyclé, pas de cellulose, pas de biosourcé, rien. En six ans, nous avons déjà parcouru beaucoup de chemin", souligne Philippe Berthe. Fort de ces évolutions, Proplast ambitionne d’ailleurs de décrocher le label B-Corp, qui récompense les entreprises à impact. Un nouveau chantier pour les années à venir.

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