Transdev : "Nous ne voulons pas rater le train de l’ouverture à la concurrence du réseau ferroviaire"
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Jean-Louis Lehuger directeur Transdev Pays de la Loire "Nous ne voulons pas rater le train de l’ouverture à la concurrence du réseau ferroviaire"

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En décembre 2023, les régions auront l’obligation de lancer des appels d’offres à la fin de leur contrat d’exploitation avec SNCF Voyageurs. Le groupe français Transdev qui opère des trains régionaux dans plusieurs pays européens livre son retour d’expérience par la voix de Jean-Louis Lehuger, directeur Transdev Pays de la Loire.

Jean-Louis Lehuger, directeur Transdev Pays de la Loire — Photo : Bastien Aubert

À partir de décembre 2023, les Régions auront l’obligation de lancer des appels d’offres à la fin de leur contrat d’exploitation avec SNCF Voyageurs et ce, dans un délai maximum de dix ans. Quelles sont les ambitions du groupe francilien Transdev (82 000 salariés, 7 Md€ de CA en 2021) sur ces nouveaux marchés ?Transdev est un acteur mondial de la mobilité (détenu par la Caisse des Dépôts à 66 % et par le groupe Rethmann à 34 %, NDLR), notamment ferroviaire mais aussi par car ou bus, en France et à l’international. Nous ne voulons pas rater le train de l’ouverture à la concurrence du réseau ferroviaire régional français. Nous avons remporté une première victoire en gagnant, en 2021, l’appel d’offres émis par le conseil régional de la Région Sud pour opérer la ligne Marseille Toulon Nice. Celle-ci représente 10 % du trafic régional en nombre de trains proposés. À l’image de quatre autres régions – Grand Est, Hauts-de-France (la SNCF vient de remporter face à Trandev un premier appel d’offres dans la région d’Amiens, NDLR), Île-de-France et Pays de la Loire -, la Région Sud avait anticipé l’ouverture à la concurrence de ses lignes TER. Nous participons également à la compétition dans la région des Pays de la Loire qui a lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) dès 2018 pour ouvrir 30 % de son réseau TER à la concurrence. Il s’agit d’un dossier particulièrement technique et complet qui laisse entrevoir de belles perspectives, avec une croissance de 40 % du volume des trains en circulation. Cinq candidats sont en lice. Le choix de l’opérateur sera annoncé le 1er juillet 2023 pour une mise en service fin 2024-début 2025.

Quel est le modèle économique de ces marchés ?

Notre ADN nous porte plutôt à intervenir sur les marchés conventionnés en délégation de service public. Sur ce type de lignes régionales, les rames appartiennent aux collectivités. Nous intervenons sur la gestion du personnel, la maintenance et l’entretien à mi-vie des rames, la logistique, le marketing et la communication pour développer l’attractivité de l’offre. Les recettes des ventes reviennent à la collectivité. Transdev est rémunéré pour exploiter les lignes. L’enjeu porte sur leur fréquentation. Ce qui nous intéresse, c’est de remplir les trains et de développer l’intermodalité. Je rêve d’un parcours client qui permettrait, avec un seul titre de transport, de voyager en train, en car, à vélo et même en faisant de l’autopartage.

Vous exploitez depuis plusieurs années des trains régionaux dans d’autres pays européens. Quels enseignements en tirez-vous ?

Nous avons été les premiers à concourir en Allemagne dès l’ouverture à la concurrence des lignes de trains régionaux. Nous opérons également des lignes en Grande-Bretagne et en Suède. Le bilan est clairement positif avec une fréquentation en hausse qui se traduit par une baisse de nos coûts unitaires. Nous en tirons des gains que nous pouvons réinvestir dans l’offre, qui elle-même suscite une hausse de la fréquentation. Nous arrivons ainsi à déclencher un cercle vertueux. Pour cela, il faut bien sûr apporter un service supplémentaire aux voyageurs et, notamment éliminer les inquiétudes relatives aux retards des trains et aux interruptions de service, qu’elles soient liées aux grèves ou à d’autres phénomènes. En Allemagne, qui est le marché sur lequel nous avons le plus de recul, nous avons baissé les coûts, développé l’offre et la fréquentation. De ce fait, nous arrivons au renouvellement des contrats en toute sérénité.

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