Marc Sanchez (SDI) : "Il faut maintenir le Fonds de solidarité jusqu'à la fin de l'année"
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Marc Sanchez secrétaire général du SDI "Il faut maintenir le Fonds de solidarité jusqu'à la fin de l'année"

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La majorité des restaurateurs estime avoir perdu plus de 40 % de chiffre d’affaires suite à la mise en place du pass sanitaire. C’est ce que révèle une enquête du SDI, le syndicat des indépendants et des TPE. Son secrétaire général, Marc Sanchez, appelle l’État à maintenir le Fonds de solidarité jusqu’à la fin de l’année.

Marc Sanchez, secrétaire général du SDI : "Pour 73 % des restaurateurs, le pass sanitaire a généré des baisses de chiffres d’affaires de 40 % et plus" — Photo : Sylvain Renard

Le Syndicat des indépendants et des TPE vient de réaliser une première mesure d’impact de la mise en place du pass sanitaire sur le chiffre d’affaires des restaurateurs. Quel est-il ?

Environ 87 % des 300 restaurateurs que nous avons interrogés ont constaté une baisse de leur fréquentation. Pour 73 % des professionnels, cela a généré des baisses de chiffres d’affaires de 40 % et plus. C’est un premier bilan, peut-être que les choses vont évoluer dans les prochaines semaines. Mais cela vient s’ajouter aux problématiques de "stop and go" rencontrées ces derniers mois par les activités d’hôtellerie et de restauration, mais aussi par beaucoup d’autres entreprises comme les salles de sport, les cinémas, etc.

Alors que l’État est en train de stopper les aides financières, craignez-vous pour la survie des entreprises ?

Dans des secteurs qui concernent l’équipement de la personne, l’équipement de la maison, les salles de sport, les commerces de proximité, beaucoup de TPE souffrent et accusent encore de fortes baisses de chiffres d’affaires. Il était nécessaire que l’État les accompagne. Mais il ne faut pas oublier que plus de 600 000 entreprises ont souscrit un PGE qu’il faut désormais rembourser. Les entreprises ne peuvent le rembourser qu’à partir du moment où les chiffres d’affaires reviennent à des niveaux à peu près équivalents à ceux de 2019, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Beaucoup de dirigeants de TPE sont assez circonspects sur la suite des événements. D’autant que beaucoup d’entreprises ne bénéficient plus du Fonds de solidarité depuis le 1er juin. Seuls les secteurs S1, S1 bis et S2 sont encore accompagnés par ce dispositif, comme les hôtels, les cafés et les restaurants.

Les entreprises qui ne jouent pas le jeu du pass sanitaire seront privées d’aides. Que pensez-vous de cette déclaration du ministre de l’Économie Bruno Le Maire ?

Je suis en totale adéquation avec les propos de Bruno Le Maire. Même si les professionnels éprouvent des difficultés à le mettre en place, le pass sanitaire a été voté. Il a sa raison d’être et il faut le mettre en place.

Les représentants patronaux rencontrent le 30 août le ministre de l’Économie pour faire le point sur les aides aux entreprises qui s’estompent petit à petit, à l’image du Fonds de solidarité qui doit s’arrêter dans les prochains jours. Qu’allez-vous demander à Bruno Le Maire en termes d’aides financières ?

Les décisions qui seront prises à la rentrée sont très attendues par beaucoup de chefs d’entreprise.

Pour les secteurs S1, S1 bis et S2, fortement impactés par les différents dispositifs sanitaires, nous souhaitons la suppression de la dégressivité du Fonds de solidarité (mise en place depuis cet été, NDLR) et le maintien de ce fonds jusqu’à la fin de l’année.

Pour les autres entreprises qui ont connu des pertes importantes de chiffre d’affaires, nous souhaitons le rétablissement, quel que soit le secteur d’activité de ce qu’on a appelé le "Fonds de solidarité universel", avec une aide plafonnée entre 1 500 et 3 000 euros par entreprise ou par travailleur indépendant.

À partir du 30 août, les salariés des lieux accueillant du public devront présenter un pass sanitaire pour travailler. Jugez-vous satisfaisant le dispositif ?

La situation va être très complexe à gérer pour les employeurs au niveau RH. Il faut que le gouvernement nous donne les moyens de nous organiser. Nous souhaitons que l’employeur puisse suspendre le contrat de travail pour une durée minimale d’un mois, en cas de maintien du refus de présentation du pass sanitaire par le salarié, à l’issue de l’entretien prévu trois jours après le constat d’absence de pass. Cela donnerait de la visibilité au chef d’entreprise afin de pouvoir organiser son staff, en ayant recours à l’intérim ou aux heures supplémentaires. Cette mesure doit être accompagnée de deux dispositifs : la mise en place de cellules de crise au sein de Pôle Emploi pour aider les entreprises à se pourvoir rapidement en personnels ; la défiscalisation des heures supplémentaires pour les salariés en possession du pass sanitaire, afin de les récompenser du travail en plus qu’ils auraient à fournir.

# Santé # Conjoncture # Politique économique