Coronavirus : les nouveaux défis des industriels de la nutrition animale
# Agroalimentaire

Coronavirus : les nouveaux défis des industriels de la nutrition animale

S'abonner

Gênée par des problèmes logistiques et redoutant la pénurie de certaines matières premières, l'industrie de la nutrition animale est impactée par la crise du coronavirus. Mais, pour l’instant, cela ne l'empêche pas de répondre à la demande des agriculteurs.

Les industriels de la nutrition animale fonctionnent en flux quasiment tendu. Il leur faut donc à tout prix sécuriser leurs flux d’approvisionnement. — Photo : Solenn Delhaye-Boloh

C’est l’un des maillons essentiels de la chaîne alimentaire. Avec environ 20 millions de tonnes produites chaque année dans 314 usines, l’industrie française de la nutrition animale n’a pas d’autre choix que de s’adapter aux conditions de production imposées par l’épidémie de coronavirus. Pour ce secteur, pas question de s’arrêter. En effet, pas d’œuf, de lait ni de viandes sans elle.

La ruée sur les aliments pour animaux

Dans les premiers jours de la crise sanitaire, la nutrition animale a été particulièrement sollicitée par les éleveurs, notamment de bovins, qui ont sur-commandé pour stocker, à l’instar des consommateurs dans les grandes surfaces alimentaires. « Nous avons eu jusqu’à 50 % de commandes en plus », constate Gaël Pelesbre, directeur de Novial (62) et président de l’association Nutriarche, qui regroupe les fabricants d’aliments du Nord et du Nord Est de la France.

Certaines filières, plus organisées car plus planifiées, ont moins connu ce phénomène. C’est le cas du secteur de la volaille, aussi bien pour les poules pondeuses que pour les poulets de chair. Pour ces industriels, la pression est plus venue de la GMS qui commandait jusqu’à 30 % de plus qu’en temps normal, notamment en œufs. Même s’il existe une légère élasticité dans l’offre, il n’est pas possible de répondre immédiatement à une telle croissance en raison du cycle de la production : « On n’a pas plus d’œufs car on n’a pas plus de poules que la semaine dernière », rappelle un industriel.

Sécuriser la chaîne d’approvisionnement

Globalement, « nous avons su répondre à la hausse brutale de la demande », assure Hervé Vasseur, président de Nutrinoë, l’association des fabricants bretons qui représente environ un tiers de la production française.

Mais la nutrition animale n’a pas, dans ses usines, de stocks énormes de matières premières, car cette industrie travaille, comme de nombreux secteurs, en flux quasiment tendu. Il lui faut donc à tout prix sécuriser ses flux d’approvisionnement. La situation varie selon les matières premières. En effet, pour nourrir un animal, il faut de l’énergie (apportée par les céréales dont la France est excédentaire), des protéines (dont le soja mais aussi les tourteaux de colza ou de tournesol issus de l’huilerie ou des drèches, coproduits des biocarburants), des minéraux (dont le carbonate qui va manquer si toutes les carrières ferment) et des vitamines ou autres additifs (dont beaucoup sont fabriqués en Chine).

Incertitudes logistiques

La principale difficulté en volume est actuellement de recevoir des protéines. Globalement, le monde n’est pas (encore ?) en pénurie mais il faut que les matières premières puissent arriver jusqu'aux usines : les ports brésiliens et argentins sont pour l’instant ouverts mais la situation portuaire est très tendue en Europe. Du côté des coproduits, la fermeture d’usines comme Valtris (Champlor) et les difficultés industrielles de Saipol (incendie à Rouen, pannes à Bordeaux…) réduit l’offre en tourteaux de colza. La priorité est à la logistique pour que tous les produits disponibles parviennent bien dans les usines d’alimentation animale, puis dans les élevages.

Autre inquiétude : les « petites filières » comme le canard ou la transformation laitière dédiée aux fromages AOC souffrent de la fermeture de la restauration et de l’orientation massive des consommateurs vers les produits dits « de base ».

# Agroalimentaire