Comment mettre le big data au service de sa PME en 4 étapes
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Comment mettre le big data au service de sa PME en 4 étapes

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Les démarches de big data ne sont plus réservées aux grandes entreprises. Des solutions sont aujourd’hui taillées sur mesure pour les PME. Alors comment plonger dans l’univers de la data et réussir à extraire ce nouvel « or noir » ? Recette en quatre étapes, avec les conseils de Romain Vallée, de l’association Breizh Data Club.

Pour exploiter les données, les éditeurs de logiciels proposent désormais des solutions gratuites ou à des tarifs accessibles pour des petites et moyennes entreprises — Photo : Nicolas Herrbach

Les PME ont encore très peu recours au big data. Moins d’une sur cinq (19 %) utilise réellement ces flux de données à des fins commerciales, marketing ou de gestion, selon une enquête diffusée par Bpifrance en septembre 2019.

1 - Cartographier les données de son entreprise

Pourtant, nul besoin de s’appeler Google pour se lancer dans une démarche de big data. D’abord parce que les entreprises, les plus grandes comme les plus petites, disposent elles-mêmes d’innombrables données.

« Les entreprises n’ont pas conscience qu’elles regorgent de data. »

L’enjeu consiste à en faire le tri, comme l’explique Romain Vallée, président de l’association Breizh Data Club, qui rassemble aussi bien des professionnels que des particuliers voulant développer l’écosystème de la data : « Le premier conseil que l’on peut donner à une PME est de faire l’inventaire de son patrimoine de données. Les entreprises n’ont pas conscience qu’elles regorgent de data. Quelles sont celles à leur disposition ? Dans quels outils se trouvent-elles ? Sont-elles structurées ? Qui les gère ? Quelles sont les données qui existent à l’extérieur ? Ce sont autant de questions qu’il convient de se poser avant d’enclencher une démarche de big data », souligne Romain Vallée.

Cette cartographie est d’autant plus facilitée par la mise en place du Règlement général sur la protection des données (RGPD), une réglementation européenne qui oblige les entreprises à mieux gérer et sécuriser leurs données. Jugés contraignants par beaucoup d’entreprises, ces textes peuvent, finalement, favoriser une démarche de big data.

2 - Fixer des objectifs à sa démarche big data

Reste à savoir ce que l’entreprise peut tirer de l’utilisation de toutes ses données. S’agit-il, par exemple, d’améliorer sa connaissance de ses clients ? De mieux appréhender les événements économiques ou les aléas climatiques, pour en mesurer les conséquences sur son chiffre d’affaires ? S’agit-il de gérer la surinformation, afin de connaître la réputation de l’entreprise sur les réseaux sociaux ? Ou de passer à « l’ère du temps réel » ?

C’est, par exemple, le chemin choisi par la Ville de Lyon, avec son service de vélos en libre-service. Il est possible de connaître la disponibilité, la localisation et les tarifs en temps réel de ces deux-roues. Les données permettent également à la municipalité de savoir quels vélos devront prochainement être révisés, ce qui permet au final d’abaisser les coûts d’exploitation.

Au niveau marketing, le big data permet de déceler de nouveaux marchés, de créer des produits dédiés à de nouvelles cibles, d’obtenir une meilleure connaissance de la concurrence. La démarche peut déboucher sur de nouveaux modèles de tarification, des prix en temps réel ou l’élaboration d’abonnements, ou encore la création de services prédictifs complémentaires (assurances, facilité de paiement ou de service de livraisons…).

3 - Trouver des outils adaptés à sa PME

Une fois les flux de données et les objectifs identifiés, il ne reste plus qu’à les mettre en musique et à trouver les bons outils pour le faire. La bonne nouvelle pour les PME, c’est que le marché regorge de solutions et qu’il n’est plus nécessaire d’être « data scientist » pour les utiliser.

• Des services les plus simples, comme Google Trends…

Il existe ainsi des outils qui sont simples à mettre en œuvre et qui peuvent être utilisés par le plus grand nombre. Google Trends en est une bonne illustration. Le moteur de recherche permet de visualiser en temps réel les millions de requêtes des internautes. Autrement dit, de connaître précisément ce à quoi ils pensent à un moment donné.

Par exemple, un garagiste souhaitant connaître les tendances de son marché régional peut entrer les mots « voiture rouge », « voiture verte », « voiture blanche ». Que découvre-t-il ? Que la région Alsace diffère de l’ensemble de la France avec plus de requêtes sur la voiture noire, par exemple. Le professionnel pourra donc adapter son approche marketing aux attentes de ce territoire. Ces données externes peuvent également être intégrées dans les principales solutions CRM, ERP et autres outils de gestion de l’entreprise.

•… ou plus professionnels, comme Power BI, IBM Watson ou Endor

IBM, Microsoft ou encore Oracle proposent des solutions gratuites ou à des tarifs accessibles pour des petites et moyennes entreprises. Power BI, par exemple, permet de visualiser ses données internes et externes facilement. Le système le plus impressionnant à ce jour est probablement IBM Watson. Il permet de connaître finement le profil psychologique des clients ou encore d’automatiser la complétude des données pour réaliser des prédictions plus fiables.

« Il faut partir des problèmes de l’entreprise pour trouver la solution dédiée. »

Des start-up, comme Endor aux États-Unis, proposent aussi de poser sa question en langage naturel pour que les données préalablement chargées soient transformées en aide à la décision. Quelles sont les personnes qui appelleront probablement demain ? Quelles seront les ventes de la semaine prochaine ? Qui risque de ne pas payer sa facture ?… Le système apporte la réponse, comme n’importe quel moteur de recherche. « Il n’est pas nécessaire de réinventer la roue ! Il existe des solutions sur étagères. Il faut partir des problèmes de l’entreprise pour trouver la solution dédiée. Si elle n’existe pas, alors il faut construire un dispositif dédié, ce qui est rare », conseille Romain Vallée.

4 - Former ses salariés au big data

L’accès et la maîtrise de la technologie ne sont donc plus des obstacles au big data. Alors quels sont-ils ? La formation des collaborateurs et l’accompagnement à ces démarches sont les clés du succès, car la démarche de big data chamboule les différentes fonctions de l’entreprise et remet en cause de nombreuses pratiques. « Des projets dotés de retours sur investissement importants avortent parfois, parce que les salariés n’ont pas été accompagnés », pointe du doigt le président de Breizh Data Club.

Si un grand nombre de collaborateurs peut accéder à des outils puissants, il reste néanmoins nécessaire de savoir les utiliser pleinement et d’anticiper leur capacité de transformation. Il s’agit également, pour les collaborateurs, d’être capables d’analyser, d’interpréter et de mettre en place le résultat des travaux en actions concrètes. L’entreprise bénéficiera alors du meilleur de l’homme et de la machine, avec une connaissance augmentée.

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