Finistère
Zéro Gâchis : le destockage alimentaire comme ressource
Finistère # Distribution # Innovation

Zéro Gâchis : le destockage alimentaire comme ressource

S'abonner

La jeune pousse Zéro Gâchis est née à Brest, elle grandit à Nantes et va bientôt étendre son activité hors de nos frontières. Retour sur une belle histoire, commencée il y a cinq ans entre Olivier Bordais, gérant du centre Leclerc de Landerneau et Pierre-Adrien Ménez, PDG de Zéro Gâchis.

— Photo : Pierre Gicquel

Olivier Bordais, à la tête de l'hypermarché Leclerc de Landerneau, a été le tout premier partenaire du projet Zéro Gâchis depuis sa création en 2012 par deux frères et étudiants brestois, Paul-Adrien et Christophe Ménez. Ils étaient venus à sa rencontre avec une idée simple : proposer à prix réduit des produits proches de leur date limite de consommation (DLC) dans des rayons « Zéro Gâchis », pour ainsi réduire les pertes du magasin mais aussi sensibiliser le consommateur à un acte d'achat plus responsable. Cinq ans plus tard, le projet a porté ses fruits.

500 tonnes de produits sauvés en 5 ans

« Je me disais que si j’arrivais à récupérer ne serait-ce que 20 ou 30% de produits, ce serait déjà une réussite » avoue Olivier Bordais. Il faut dire qu’à l’époque, DLC oblige ou date limite d’expédition des produits en provenance de ses fournisseurs étant dépassée, son magasin jetait au rebut près de 150 tonnes de produits alimentaires par an. « Ce qui était déjà peu, comparé à la moyenne de 192 tonnes par magasin et par an en France » ajoute Paul-Adrien Ménez. « Nous sommes passés de 150 tonnes en 2012, à 40 tonnes en 2017 ! Avec un taux de casse qui est passé de 0,5% de notre chiffre d’affaires à 0,15% aujourd’hui. Cela représente près de 500 tonnes de produits alimentaires sauvés de la benne en cinq ans. J’en suis vraiment fier, pour nous mais surtout pour eux !»

Débuts en Finistère, croissance à Nantes

« À l’époque, il voulait nous payer pour soutenir notre projet. Mais nous étions réticents car nous voulions porter Zéro Gâchis nous-mêmes. Olivier nous a alors cédé tous les droits d’utilisation de la marque » souligne Paul-Adrien Ménez qui se se charge de la partie innovation technologique et marketing pour Zéro Gâchis. Son frère Christophe s’occupe quant à lui de la partie commerciale. Ils sont aidés depuis le début de l’aventure par l’informaticien Nicolas Peuchot « qui a tourné à 110 heures de travail par semaine pendant trois ans. Il en a été de même pour mon frère et moi, qui avons mis très longtemps à obtenir nos diplômes, car l’entreprise passait avant tout !»
Un sacrifice qui en valait la peine car aujourd’hui, leur entreprise compte 18 salariés qui travaillent à Nantes et non en Finistère, le département qui a avait vu naître l’idée.« Nous avons monté l'entreprise sur nos fonds propres, c'est-à-dire avec l'argent de nos prêts étudiants et avec une vieille voiture. Il nous fallait rouler tous les jours aux quatre coins de la France. Un moment donné, il a fallu choisir une ville plus centrale. Nantes étant une ville accueillante pour les start-up, nous avons fait le bon choix ».

Bientôt l'Espagne et le Portugal

Pour se rémunérer, Zéro Gâchis prélève 30% du montant des ventes réalisées par les magasins. « Ou plutôt sur ce qu’on arrive à faire économiser au magasin... Si on ne travaille pas bien, on ne gagne rien. Notre métier n’est pas de revendre mais de déstocker, et ce que certains appellent déchet, nous l’appelons ressource » précise Pierre-Adrien Ménez qui se défend de proposer un coin du pauvre dans les magasins mais plutôt un espace pour les achats malins. « J’invite à venir voir qui achète dans ces rayons. On y trouve le retraité qui connaît des fins de mois difficiles comme la bourgeoise avec son beau manteau. Tout le monde y vient » ajoute Olivier Bordais.

« Notre métier n’est pas de revendre mais de déstocker, et ce que certains appellent déchet, nous l’appelons ressource »

Leur modèle a séduit à ce jour 216 magasins à travers la France, dont le quart en Bretagne et plus de la moitié dans le Grand Ouest « mais aussi un peu en Belgique ». Ils s'attaqueront bientôt aux marchés du Portugal et de l'Espagne: « Pour cela nous recruterons six personnes en 2018.»

Une croissance à trois chiffres

Zéro Gâchis, ce n'est pas qu'un rayonnage. C'est aussi une appli qui permet de fidéliser les clients et leur permet de trouver les magasins partenaires. En magasin, l’entreprise a ajouté un système d’étiquetage avec lecteur de code barre et logiciel intégré qui permet un rayonnage rapide et offre un cumul des données utiles à une meilleure gestion des stocks.
S'il ne souhaite pas communiquer le chiffre d'affaires de son entreprise, Pierre-Adrien Ménez annonce une croissance à trois chiffres sur les trois dernières années. Face à cette croissance, Zéro Gâchis n’exclut pas une levée de fonds d’ici un an et demi.
L’entreprise commence également à lorgner sur d’autres types de produits à déstocker : « du non-alimentaire, comme des produits électroménager et les livres.» Et vise même plus loin, avec une prise de contact aux USA.

Finistère # Distribution # Innovation