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Pour se relancer, Sibiril Technologies a "retourné" son process
Témoignage Finistère # Naval

Pour se relancer, Sibiril Technologies a "retourné" son process

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Le chantier naval finistérien Sibiril est une institution depuis 1789. Il aurait pu disparaître en 2011 si son repreneur n'avait pas réussi à convaincre les anciens clients de revenir et à travailler autrement. Explications avec Tristan Pouliquen, directeur opérationnel.

— Photo : Le Journal des Entreprises

« Le chantier naval Sibiril est l'un des plus anciens, voire le plus ancien de France. On retrouve sa trace dès 1789 à Carantec. Pendant la seconde guerre mondiale, il était au cœur d'un réseau de résistants qui a exfiltré environ 200 personnes en récupérant des épaves non référencées par les Nazis. C'est une entreprise familiale qui a une longue histoire. Nous ne travaillons qu'en BtoB, avec des bateaux construits sur mesure, du "cousu main", pour la SNSM, les services portuaires, etc. En 2011, le chantier a été liquidé et c'est Jean-Pierre Le Goff qui l'a repris avec une nouvelle équipe aux commandes. J'étais ouvrier à l'époque : je suis devenu chef de projet puis responsable du site. Je suis président du directoire depuis juillet dernier, suite au départ en retraite de François Jouaillec. Le chantier est une institution mais il avait connu des difficultés. On a mis en place une stratégie en trois temps. La première étape était de finir les commandes en cours. Il y en avait deux. On a réussi à trouver un arrangement avec ces clients. »

Vendre sur plan

« Ensuite, il a fallu retrouver la confiance des clients locaux qui étaient partis ailleurs il y a longtemps. On a réussi à montrer qu'il y avait un nouveau management, une nouvelle équipe (la moyenne d'âge de l'entreprise est de 32,5 ans), de nouvelles méthodes de planification, etc. On a réussi à gagner l'appel d'offres du contrat avec la SNSM pour cinq canots tous temps. On en est au troisième. La dernière étape a été le développement de nouveaux projets. Avant, nous travaillions à partir du cahier des charges de nos clients. On a retourné le process en mettant au point une vedette de 12 mètres en partenariat avec l'architecte naval Pierre Delion. On a fait l'étude de marché, puis toute la conception avec l'architecte. C'est une vedette plus petite mais sa carène et sa propulsion (IPS de Volvo) lui permettent d'être aussi puissante qu'une plus grande, tout en consommant moins de carburant. Elle est utilisable pour des applications commerciales des ports mais aussi la pêche, les douanes... Nous avons lancé le projet fin 2012 et elle a été vendue sur plan début 2013 aux services du port de Cherbourg. Leur bateau a été mis à l'eau en 2014. Et ils nous font la meilleure publicité, tellement ils en sont contents. Aujourd'hui, tout en continuant le sur-mesure, nous allons poursuivre avec cette méthode. Nous commençons une gamme complète avec une vedette de 14,5 mètres. On espère une signature de contrat début 2017. La prochaine étape, qu'on espère aussi pour 2017, sera l'export, en Europe d'abord. Par le passé, il a représenté jusqu'à 30 % du chiffre d'affaires. »

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