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Le traitement vert de Leo Viridis lutte contre la biocorrosion
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Le traitement vert de Leo Viridis lutte contre la biocorrosion

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Depuis Brest, la start-up Leo Viridis, filliale du groupe Tacthys, a développé un processus innovant pour lutter contre la biocorrosion en associant biocontrôle et modélisation numérique. Un concept qui a d'ores-et-déjà séduit un acteur majeur du secteur parapétrolier, et transposable dans d'autres secteurs industriels.

— Photo : © Jean-Marc Le Droff / Le Journal des entreprises

Les créateurs

« L’une des principales innovations de notre traitement anticorrosion bactérienne est qu’il repose sur la modélisation numérique », entame Florian Lelchat, le directeur scientifique de Leo Viridis. Cette approche inédite de bio contrôle dans des environnements fermés a été rendue possible après sa rencontre, en 2017, avec Pierre-Antoine Béal, le directeur de Cervval, société d’ingénierie informatique basée sur le Technopôle Brest-Iroise. Alors que Florian Lelchat travaille lui-même au CEDRE après avoir soutenu sa thèse en microbiologie marine à Ifremer et un post-doc en Suisse, tous deux décident de répondre ensemble à un appel à projets d’Evolen, l’association des professionnels de l’énergie.

Le concept

Leur projet ? Un processus de bio contrôle visant à faire disparaître la bio corrosion, un phénomène d’usure prématurée des structures en acier généré par des micro-organismes qui s’avère très coûteux pour l’industrie. Leur originalité : utiliser la modélisation numérique pour prendre en compte certains paramètres jusque-là ignorés. Et si leur projet n’est finalement pas retenu par Evolen, il attire cependant l’attention des industriels. Le groupe Tacthys (23 salariés, 2,20 M€ de chiffre d’affaires consolidé), maison mère de Cervval, décide alors d’investir dans le projet en créant Léo Viridis, une entreprise de biotechnologie qui a vu le jour en septembre dernier. Avec deux soutiens de taille : celui de Bpifrance, mais aussi celui d’un premier client du secteur parapétrolier, - qui préfère rester discret -, pour le compte duquel ils ont d’ores et déjà commencé à traiter des pipelines afin de valider leur concept.

« La modélisation nous permet d’intervenir de façon ciblée pour modifier l’environnement bactérien et créer un écosystème non corrosif sur le long terme, et sans effet dose-réponse », souligne Pierre-Antoine Béal. « Nous travaillons sur du vivant, sans produits chimiques, avec un processus qui permet de traiter de longues distances et de gros diamètres avec peu d’injections, et cela sans avoir forcément besoin d’arrêter la production. La modélisation numérique nous permet également de proposer une offre de maintenance prédictive. Enfin, la thérapie que nous développons ne devrait avoir aucun impact en cas de rejet dans la nature, car les micro-organismes que nous avons « dressés » pour combattre leurs congénères responsables de la corrosion ont une espérance de vie très limitée en milieu naturel. Nous sommes d’ailleurs actuellement en train de le vérifier ».

Les perspectives

« La demande est énorme dans l’industrie parapétrolière, car les traitements chimiques ou physiques comme le raclage ont énormément de limites en termes de temps, de coût, mais aussi des limites réglementaires en termes d’impact environnemental. Mais notre processus est transposable dans d’autres secteurs, comme l’agroalimentaire, le transport d’eau, les usines de dessalement, l’énergie thermique des mers, etc. », poursuit le directeur. « Notre objectif n’est pas de produire nos micro-organismes en grande quantité, mais bien de devenir un centre de développement biologique qui, d’ici deux à trois ans, distribuera un catalogue de micro-organismes sous forme de licence, avec le processus permettant de les élever et de les répliquer », conclut-il.

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