O-I Glass Puy-Guillaume : "Il n’est pas question d’arrêter ou de ralentir la production"
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Iñigo Velaz Llamas directeur du site du verrier O-I Glass à Puy-Guillaume (Puy-de-Dôme) "Il n’est pas question d’arrêter ou de ralentir la production"

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Après avoir occupé différents postes au sein du site du géant verrier américain O-I Glass à Barcelone et dirigé le site de Labégude, en Ardèche, pendant quatre ans, Iñigo Velaz Llamas a pris la direction du site de Puy-Guillaume, dans le Puy-de-Dôme. Une prise de fonction qui intervient dans une période complexe marquée par la flambée des prix de l’énergie et les tensions sur les stocks.

Iñigo Velaz Llamas, directeur du site de Puy-Guillaume du verrier O-I Glass — Photo : O-I Glass

Vous venez de prendre la tête du site O-I Glass de Puy-Guillaume, dans le Puy-de-Dôme (300 salariés, 2 fours et 7 lignes de production), après avoir passé quatre ans à la direction de celui de Labégude en Ardèche (130 salariés, 1 four et 3 lignes). Les enjeux seront-ils différents ?

Le site ardéchois, qui est spécialisé dans la fabrication de verre pour le marché des vins et spiritueux, est le plus performant du groupe (64 Md€ de CA en 2021, 24 000 salariés, NDLR) en termes de rendement. L’objectif premier y était de maintenir ce niveau de performance en recrutant notamment les bonnes personnes. Sur le site de Puy-Guillaume, qui est le seul en France à produire des pots alimentaires, de gros investissements ont été réalisés ces dernières années. 30 millions d’euros ont été injectés cette année. En 2019, 9 millions d’euros avaient été investis. Et en 2017, 18 millions d’euros. L’objectif est d’assurer la compétitivité du site après ces investissements et de garantir la qualité de la production. Nous aurons également un enjeu important de recrutement car une part importante du personnel de Puy-Guillaume va partir à la retraite dans les années à venir. Il va donc falloir les remplacer et assurer la montée en compétences des autres salariés.

Quels étaient les objectifs de ces investissements importants ?

L’investissement réalisé en 2022 était une opportunité d’accroître les capacités de production du site et de décarboner cette production en même temps. Il a impliqué le renouvellement d’un four, la mise en place de nouveaux équipements de haute technologie et des innovations techniques sur les lignes de production.

Le verrier Duralex a récemment annoncé fermer l’une de ses usines dans le Loiret en raison de la flambée des prix de l’énergie. L’arrêt ou le ralentissement de la production est-il d’actualité pour vous ? Les investissements réalisés vous permettent-ils de traverser la conjoncture actuelle avec moins d’inquiétude ?

À l’heure actuelle, il n’est pas question pour nous d’arrêter ou de ralentir la production. J’ai encore peu de visibilité sur la situation à Puy-Guillaume du fait de ma très récente arrivée. En Ardèche, nous avons la chance d’avoir un site très performant avec un process particulièrement optimisé. Certes, nous consommons du gaz, dont les approvisionnements sont particulièrement tendus ces derniers mois, mais nous avons un rendement qui s’établit au-delà de 95 %, ce qui est bien supérieur à la moyenne. C’est un atout dans la situation actuelle. Néanmoins, nous essayons au maximum d’optimiser nos consommations d’énergie et de réduire notre dépendance au gaz.

Quelles stratégies mettez-vous en place dans cette optique ?

En Ardèche, nous sommes actuellement alimentés au gaz et marginalement à l’électricité. Nous sommes en train d’étudier les contrats avec nos fournisseurs pour voir dans quelle mesure il nous serait possible de diversifier nos sources d’approvisionnement. Nous travaillons notamment à réduire notre consommation de gaz de 10 % environ grâce à un ajout de fuel. Au niveau du groupe, des projets sont en cours pour avoir recours à l’hydrogène, ou à des fours électriques. Mais ce sont des projets à moyen et long terme.

Cette hausse de prix de l’énergie intervient à un moment où le secteur verrier connaît déjà des tensions depuis plusieurs mois, avec un niveau de demande très soutenu et des délais de livraison qui s’allongent. Qu’en est-il sur les deux sites de O-I Glass en Auvergne-Rhône-Alpes ?

En Ardèche, les stocks sont au plus bas. Habituellement, nous avons environ 60 jours de production dans les stocks. Actuellement, nous en avons entre 30 et 40. Et il s’agit d’un stock temporaire, qui n’est là que jusqu’à ce que nos clients soient en mesure de nous l’enlever. Nous fabriquons pour livrer... ou presque.

Comment expliquez-vous cette tension sur les stocks ?

Elle s’explique par une accumulation de facteurs depuis une vingtaine de mois. Durant la période du Covid, la production a ralenti du fait de la baisse de la demande. Nous avions arrêté certaines lignes pour ne pas faire de sur-stockage car cela a aussi un coût. La demande est ensuite repartie très fortement. Mais nos capacités de production sont limitées. Il était donc déjà complexe de soutenir ce rythme. Cette année, la guerre en Ukraine a aggravé la situation car un certain nombre d’acteurs situés dans cette région ont été contraints de fermer. Par ailleurs, avec la hausse des prix de l’énergie et du transport, les importations en provenance d’Espagne et des pays de l’Est ont diminué. En Espagne, le manque de transporteurs a également contribué à tendre la situation. Et dans le même temps, la demande continue à augmenter.

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