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Le spécialiste des fournitures scolaires Maped s'oriente vers la décarbonisation
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Le spécialiste des fournitures scolaires Maped s'oriente vers la décarbonisation

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Même si Antoine Lacroix reste incertain pour 2020, crise sanitaire oblige, la petite société monoproduit haut-savoyarde Maped n’est plus qu’un lointain souvenir. Le spécialiste des fournitures scolaires s’est transformé en une multinationale qui revisite aujourd'hui des secteurs traditionnels et archi-concurrentiels. Dans cette ère post-covid, l'entreprise de plus de 70 ans n'a pas modifié sa trajectoire axée sur le développement d'antennes à l’étranger tout en en réduisant son empreinte carbone.

— Photo : Maped

Que de chemin parcouru depuis 1947 pour la Maped (pour Manufacture d’articles de précision et de dessin). Son fondateur Claude Lacroix, qui a débuté avec la fabrication de compas en laiton dans la vallée de l’Arve, en Savoie, puis s’est installé à Annecy, n’aurait pas imaginé un tel scénario de développement. Le groupe, qui réalise aujourd’hui 200 millions d’euros de chiffre d’affaires dans 125 pays et emploie 2 000 personnes, produit des accessoires scolaires (ciseaux, gommes…), de bureau (agrafeuses, perforateurs…) et désormais de loisirs créatifs et d’encadrement. L’entreprise d’Argonay, pour devenir un géant mondial, est restée familiale et industrielle.

Le courage du grand large

D’abord, Jacques Lacroix, le fils du fondateur, puis Antoine, le petit-fils, n’ont pas hésité à s’étendre sectoriellement et géographiquement. Si l’entreprise conserve le compas comme unique produit jusqu’en 1985, elle choisit ensuite de diversifier ses produits en réalisant ciseaux, gommes et autres crayons de couleur. Développer des antennes à l’étranger permet alors à Maped de saisir les opportunités. Des filiales sont ouvertes au Brésil, au Canada, en Turquie, en Inde. « Nous avons désormais des unités de production en Chine, en Allemagne, au Mexique, en Argentine, notamment », énumère le PDG Antoine Lacroix. Les dirigeants ne s’interdisent pas non plus d’avoir recours à la croissance externe, comme avec le rachat de l’allemand Helit pour les accessoires de bureau, ou de l’anglais Helix afin de mieux couvrir les marchés anglo-saxons des accessoires scolaires.

« Le modèle suivi depuis 30 ans est la différenciation systématique sur les produits, où les fabricants ne font généralement que se copier »

Le côté industriel pour se différencier

« Encres, colles, pâtes à modeler, filière bois pour les crayons… La production intégrée permet de ne pas être à la merci des sous-traitants », s’enorgueillit Antoine Lacroix qui cherche à revisiter des produits connus par de nouveaux designs et fonctionnalités, pour en renouveler l’utilisation. « Lorsque nous avons lancé une gamme de coloriage, nous étions donnés perdants. Elle pèse désormais 20 % de notre chiffre d’affaires. Les systèmes de socles pour éviter de perdre les capuchons ont pesé dans la balance », illustre-t-il.

Photo : Julien Tarby

Le modèle suivi depuis 30 ans est la différenciation systématique sur des produits où les fabricants ne font généralement que se copier. Ainsi, le taille-crayon qui n’était qu’un carré de ferraille avec deux lames encastrées, peut devenir un petit bijou technologique. « Certains modèles éjectent automatiquement la mine quand elle s’est cassée ; d’autres sont dotés de trappes autorétractables pour épouser la forme du crayon et éviter les pertes de graphites », s’enthousiasme le dirigeant. Des prouesses techniques qui s’accompagnent d’un contrôle serré des coûts de revient dans des secteurs où tout compte jusqu’au millième de dollar.

Diversification et respect de l’environnement

Si le scolaire représente encore 50% de ses activités, Maped passe aussi au coloriage enrichi, aux activités guidées avec niveaux de difficulté et promesses d’apprentissage ; bref, à l’expérience et au loisir créatif. Cet accompagnement de l’enfant à tous les stades l’amène aussi sur des accessoires de nomadisme - lunchbox, gourde, sacs isothermes… Développer des antennes à l’étranger permet de saisir les opportunités. La stratégie ne change pas malgré la houleuse période Covid.

Prendre le bon wagon est crucial pour cette ETI, consciente d’être toujours attendue sur l’environnement. « Le groupe vise toujours -30% d’empreinte carbone d’ici 2026 grâce à des choix d’alternatives aux polymères, des innovations dans les process industriels et la logistique ». Instauration d'un code de conduite éthique, mise en place d'un plan de déplacement interentreprises, valorisation des déchets, baisse des consommations… viennent compléter le tableau. Dans le même esprit, l'industriel recourt au biogaz et à l'électricité verte et réfléchit à des solutions d'emballage plus vertueuses que le plastique. Maped vient de remporter un appel à projet de l'Ademe axé sur l'écoconception. Pour se réinventer, une fois de plus.

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