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La conjoncture contraint le fabricant de nacelles élévatrices Haulotte à plus d'agilité
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La conjoncture contraint le fabricant de nacelles élévatrices Haulotte à plus d'agilité

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Leader européen et numéro trois mondial sur le marché de la nacelle élévatrice, le groupe ligérien Haulotte poursuit sa croissance avec un carnet de commandes "historique" et une agilité affirmée pour tenter de contenir les effets de l’inflation et de la crise d’approvisionnement qui perdurent.

Malgré l’inflation et les difficultés d’approvisionnement, l’ETI ligérienne Haulotte, dirigée par Alexandre Saubot, devrait boucler l’exercice 2022 en croissance de 20 % à près de 600 millions d’euros de chiffre d’affaires — Photo : Haulotte

En pleine croissance depuis 2021 - après une année 2020 marquée par un recul de 28 % de son chiffre d’affaires à 439,6 millions d’euros, le fabricant ligérien de matériel d’élévation Haulotte (1 900 salariés ; 495,8 M€ de chiffre d'affaires en 2021) est confronté depuis près d’un an et demi à des problématiques d’approvisionnement et de perturbation des chaînes logistiques, conséquences directes de la crise sanitaire et du conflit entre la Russie et l’Ukraine.

"La dynamique est bonne avec un portefeuille de commandes historique mais, comme tous les industriels, nous sommes victimes de problèmes exogènes conjoncturels. Le retour à une activité très forte après une période de ralentissement a entraîné un engorgement dans le sourcing et les approvisionnements. Le conflit en Europe entre l’Ukraine et la Russie nous a posé de gros soucis en termes d’approvisionnement en métaux, aluminium et acier, sur la première partie de l’année 2022", expose Stéphane Hubert, directeur marketing, des ventes et de l'expérience clients chez Haulotte.

Multisourcing

Si le leader européen et numéro trois mondial sur le marché des nacelles élévatrices a partiellement résolu le problème de l’approvisionnement en matières premières en ayant "un sourcing un peu moins concentré sur la Russie et les pays de l’Est", la question de l’approvisionnement en composants électroniques et semi-conducteurs est encore bien prégnante. "Le sourcing de nos écrans et de certaines cartes mères et composants est toujours compliqué. Nous essayons de travailler en multisourcing. Quand ce n’est pas possible avec les fabricants directement, nous passons par des brokers (courtiers, NDLR) ou des lots industriels que nous essayons de négocier afin d’avoir une continuité d’activité. Et il y a la question de l’énergie, sur laquelle nous avons finalement peu de solutions car nous sommes très dépendants en Europe. Et c’est cette partie qui nous inquiète le plus", confie Stéphane Hubert.

Un prêt de 96 millions d’euros

Pour régler partiellement ses problématiques d’approvisionnement, l’ETI ligérienne a sollicité l’ensemble des prêteurs de son crédit syndiqué, ainsi que Bpifrance pour l’obtention d’un prêt garanti par l’État (PGE) de 96 millions d’euros. Obtenu le 28 juin, ce prêt a été garanti par l’État à hauteur de 90 %, avec une maturité d’un an, et une option d’extension jusqu’à cinq années additionnelles. "Ce financement permet de sécuriser la trésorerie du groupe pour faire face à un contexte opérationnel qui demeure compliqué, tout en conservant la faculté de saisir les opportunités actuelles et à venir d’un marché dynamique", justifiait en juin le directeur général d’Haulotte, Alexandre Saubot.

Cinq mois plus tard, la stratégie de sécurisation de la trésorerie semble s’avérer payante. "Ce PGE nous a permis de nous assurer une capacité à entretenir notre besoin en fonds de roulement, et surtout d’assurer les approvisionnements nécessaires pour être certains de servir nos clients dans les temps", explique Stéphane Hubert. Et d’ajouter : "Quand l’activité est normale, nous avons une couverture de stock composants qui va d’un à trois mois. Dans la situation actuelle, nous sommes obligés d’acheter pour certains composants jusqu’à un an de couverture de stock. Avec un carnet de commandes historique, nous n’avions pas d’autres options que d’acheter à des termes très longs pour ne pas décevoir nos clients."

Des marges rognées

Si le multisourcing et le prêt bancaire ont permis à Haulotte de résoudre en partie ses problématiques d’approvisionnement pour poursuivre sa croissance, qui devrait atteindre +20 % en 2022 (600 M€ de chiffre d'affaires attendus), le groupe ligérien a malheureusement été confronté à une détérioration de ses marges. Au 30 juin 2022, il affichait une perte opérationnelle d’un million d’euros, contre un bénéfice de 7,4 millions d’euros un an plus tôt.

Une détérioration dont la raison principale est à chercher du côté de "l’inflation du prix les composants, de l’énergie et des transports, qui a pesé pour près de 22 millions d’euros sur la période", précise le rapport financier semestriel du groupe. Au final, Haulotte flirte avec un résultat net quasiment nul sur le premier semestre 2022 alors qu’il était de 5,6 millions d’euros sur le premier semestre 2021. Son besoin en fonds de roulement a, lui, augmenté de 47,2 millions d’euros, accentuant dans la foulée la dette financière du groupe, qui a grimpé à près de 190 millions d’euros.

Alternatives dans les transports

Pour tenter d’atténuer les effets de l’inflation sur ses marges, Haulotte a intensifié ces derniers mois sa réflexion sur la question des transports, qui touche son activité en amont pour ses approvisionnements, et en aval pour la livraison de ses machines. "Nous avons beaucoup travaillé sur des alternatives rail/route de manière à contourner les flux maritimes qui étaient complètement engorgés. Nous avons aussi cherché de nouvelles routes maritimes mutualisées, de manière à essayer d’avoir une rationalisation de nos expéditions. L’idée étant de réduire le multiroute maritime pour essayer d’en avoir une seule qui arrive dans un hub d’où partent ensuite, de manière terrestre par le rail, nos produits sur nos différents sites de distribution", développe Stéphane Hubert.

Haulotte planche aussi sur des solutions maritimes innovantes, dont la voile qui pourrait, à moyen terme, permettre au groupe de réduire son empreinte carbone tout en maintenant ses délais de livraison. "Nous essayons aussi de travailler en amont sur des machines d’élévation plus faciles à mettre en containers, de manière à satisfaire à la fois aux exigences de la route, du train et du bateau. L’idée est aussi de travailler sur l’architecture de nos produits pour les replier, les démonter, de manière à pouvoir en mettre plus dans un container afin de réduire nos coûts de transport et les rendre plus propres", argumente le dirigeant.

Pour le groupe ligérien, l’enjeu est majeur. "Nos nacelles passent la moitié de leur vie dans les transports car nos clients sont des loueurs. Les transports sont pour nous un sujet clé. Nous n’avons pas attendu cette crise pour nous y intéresser mais elle nous a obligés à être plus agiles et plus malins", appuie Stéphane Hubert.

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