En souffrance, les acteurs alpins de la montagne font bloc face au gouvernement
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En souffrance, les acteurs alpins de la montagne font bloc face au gouvernement

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À quelques jours d’une rencontre entre élus de la région Auvergne-Rhône-Alpes et acteurs de la montagne avec le Premier ministre Jean Castex, le Conseil régional organisait le 28 janvier une conférence pour faire le point sur la crise qui fragilise dangereusement l’écosystème alpin. Au menu des revendications : des aides et une plus grande prise en compte des enjeux afin que les acteurs de la montagne ne disparaissent pas.

Le secteur de la montagne fait vivre 150 000 personnes dans la région Auvergne-Rhône-Alpes — Photo : David Malacrida

Une conférence de l’urgence pour sauver l’écosystème de la montagne. Le Conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes organisait ce jeudi 28 janvier un grand rassemblement (virtuel) pour faire le point sur la situation des entreprises de la montagne alors que la fermeture des remontées mécaniques impacte tout un pan de l’économie régionale. Dans une introduction très politique, Laurent Wauquiez s’est posé en défenseur des acteurs locaux face au centralisme du gouvernement. "Nous sommes blessés par la façon dont la montagne a été présentée : comme un espace de danger et un territoire de privilégiés", a-t-il notamment lancé, cinglant, le président de Région.

Cette rencontre a abouti à la signature d’un mémorandum commun signé par l’ensemble des participants. Objectif : demander un plan massif de sauvetage et de relance au gouvernement, avant la rencontre prévue avec le Premier ministre Jean Castex lundi 1er février. Un rendez-vous pendant lequel la Région entend frapper fort. "Le secteur de la montagne fait vivre 150 000 personnes dans la région. Nous n’avons pas le droit d’échouer", a martelé Laurent Wauquiez.

Des aides demandées

Au cours de deux tables rondes, élus locaux (départements, collectivités locales) et acteurs économiques (loisirs, café-hôtellerie-restauration, entreprises, acteurs du tourisme et sociétés de services) ont insisté sur la nécessité de prendre en compte les conséquences de la fermeture des remontées mécaniques et donc de la chute d’activité pour l’ensemble des acteurs économiques travaillant dans le secteur de la montagne. La crise, ont-ils dit en substance, ne se limitera pas aux seuls acteurs rattachés au ski. "Les aides ne couvriront pas la totalité des coûts, ce qui va nous obliger à puiser dans nos fonds propres", a insisté l'un d’entre eux. Un autre participant déplorait "le montant colossal des charges fixes et la difficulté que nous allons tous avoir pour investir dans nos activités".

Problème de trésorerie, prise en charge du chômage partiel, difficultés d’investissement à venir : les enjeux sont nombreux pour éviter une catastrophe d'ampleur dans les mois et les années à venir. Chaque participant a pu mettre en avant des situations particulières passées sous le radar du gouvernement. Alors les revendications fleurissent : gel des prêts bancaires, prise en charge des pertes d’exploitation sur l’année glissante, préservation des revenus des gérants, transformation des prêts garantis par l'Etat, baisse de la fiscalité... voilà tout de go ce qu’a notamment demandé Alain Grégoire, président de l’Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie (Umih) Auvergne-Rhône-Alpes et élu de la CCI Puy-de-Dôme.

Des investissements mis en péril

De même, du côté des fabricants d’équipements de la personne, une saison blanche préfigure des difficultés structurelles beaucoup plus importantes sur l’ensemble de la chaîne de production. "On va vivre la crise sur plusieurs années puisque le système est prêt à s’effondrer sans possibilité de réaliser des investissements en R & D ou en production", a notamment plaidé un représentant des industriels.

L’autre enjeu réside dans la recherche de solutions pour faire face à la détresse des dirigeants. "Il ne faut pas oublier la détresse psychologique", a notamment réagi Paul Duverger, président du Groupement national des Indépendants (GNI) Hôtellerie & Restauration.

"Sauver les stations, c’est sauver la montagne"

Pour tenter de peser sur les aides gouvernementales, l’ensemble des acteurs ont tenu à faire corps et démontrer leur poids dans l’économie nationale. "On vit une souffrance, celle d’avoir été fermée avant Noël. Contrairement à ce qu’on entend beaucoup, le ski n’est pas mort, on se rend aujourd’hui compte à quel point il fait vivre nos montagnes. Sauver les stations, c’est sauver l’ensemble des acteurs qui travaillent dans cet écosystème que ce soit dans l’hébergement, dans la restauration, dans l’industrie, etc." a plaidé Alexandre Maulin, président de Domaines Skiables de France, l’organisation professionnelle représentant 412 adhérents (1 Md€ de recettes, 18 000 emplois directs et 120 000 emplois indirects) et président de la station des Sybelles en Savoie.

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