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Chimie : L'Isère et le Grand Lyon se mobilisent
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Chimie : L'Isère et le Grand Lyon se mobilisent

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Première région française de production chimique avec 50.000 salariés et 18Md€ de chiffre d'affaires, Rhône-Alpes renforce l'accueil d'entreprises de ce secteur. Deux territoires entrent en concurrence : l'Isère et le Rhône. Sans toutefois adopter la même stratégie.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Pour une fois, ce sont les bonnes nouvelles qui s'enchaînent. Le 30 septembre dernier, Nick Stanage, Président Hexcel et Thierry Merlot, Vice-P-dg, Directeur Général Hexcel Europe/Asie et Moyen-Orient annonçaient l'implantation du leader mondial des matériaux composites destinés à l'aéronautique sur la plateforme de Roussillon-Salaise. L'Américain va y installer sa nouvelle filature européenne de fibres de carbone. Une implantation avec d'énormes enjeux en termes d'emplois et d'investissement qui fait suite à celles, plus modestes, d'Ecoat, start-up spécialisée dans les bio-polymères à hautes performances (17 salariés, CA 2 millions d'euros) qui va investir plus de 5 millions d'euros, et l'annonce du renforcement des sites d'Arkéma et de Vencorex à Jarrie.





Ces arrivées successives sont-elles le produit de l'attractivité d'un territoire historiquement dédié à cette activité ou une politique offensive des collectivités territoriales ? Il s'agit sans doute d'une combinaison des deux. Territorialement, l'Isère totalise 540 ha dédiés aux activités de la chimie et de l'environnement conformes aux normes de sécurité européenne, avec la plateforme chimique de Jarrie. Au Sud de l'agglomération, Grenoble Chemical Park, site de production de phosgène, unique en France, qui propose des opportunités de développement pour les entreprises du secteur chimique. Non loin, la plateforme des Roches- Roussillon (124 hectares) est doté d'un outil à l'ingénierie originale. Son nom : Osiris. Il s'agit d'un groupement d'intérêt économique (GIE) au service des entreprises implantées. Elle propose par exemple des opportunités de développement pour les entreprises en lien avec la chimie du phénol, du soufre, des phosphates, de la méthionine, des intermédiaires de silicones. Cet outil de gestion mutualiste se révèle si performant que le gouvernement pourrait, selon nos informations, en faire un modèle pour les autres sites industriels en France.




2.000 emplois

Ces implantations successives sont aussi le résultat d'un volontarisme politique. Qui se poursuit. Ainsi fin juin, l'AEPI (Agence d'Études et de Promotion de l'Isère) bras armé du Conseil Général dans le domaine économique, a lancé l'aménagement de la Zone Industrialo-Portuaire de Salaise-Sablons (ZIP). Orientée sur l'écologie Industrielle ou la distribution intelligente, cette zone de 340 hectares jouxte la Plateforme chimique de Roussillon qui va arriver à saturation. Dans les 22 prochaines années, 200 hectares seront aménagés pour un investissement de 130M€ dont 113M de fonds publics « Il s'agit d'un outil d'aménagement unique d'envergure nationale voire européenne », s'enthousiasme Nicolas Beroud, directeur adjoint de l'AEPI. Située sur un axe stratégique, cette ZIP est multimodale avec un port sur le fleuve Rhône, le rail et la route. Elle compte plus de 900 emplois et ambitionne d'en créer 2.000 à terme.




Offensive du Grand Lyon

Face à cette offensive, le Grand Lyon riposte. Le 8 septembre, la future Métropole lançait "l'appel des 30". Les candidats entrepreneurs industriels ou en immobiliers d'entreprise ont jusqu'au 30 octobre 2014 pour faire acte de candidature et s'implanter sur 30 hectares de tènements vacants de la Vallée de la Chimie. Objectif de l'Appel des 30 : créer 300 emplois en 3 ans. Berceau de l'industrie chimique française, cette vallée compte 78 ICPE (Installations Classées pour la Protection de l'Environnement) et sites Seveso. Un concentré d'industries chimiques et de centres de R&D qui tire profit d'une excellente logistique fluviale, routière et ferroviaire. Les secteurs de la chimie minérale, de la chimie organique et de la parachimie sont particulièrement représentés. Le chiffre d'affaires global des entreprises sièges de l'aire urbaine de Lyon est d'environ 4Md€ selon un rapport de la MIPRA (Mission Ingénierie et Prospective Rhône-Alpes). Un chiffre impressionnant qui s'explique par la présence de la plupart des sièges France, Europe ou Monde de grands groupes dans le domaine de la chimie : Rhodia, Arkema, Bayer Cropscience, Scotts, Monsanto, Ciba spécialités chimiques...




Chimie et environnement

Cette vallée accueille aussi les centres de recherche privés de Rhodia, Arkema, Bluestar et Total, ainsi que l'Institut Français du Pétrole. Une nouvelle Unité Mixte de Recherche Rhodia/CNRS initiée par le pôle de compétitivité Axelera, viendra compléter l'offre de recherche sur la Vallée de la Chimie. Enfin le centre (Lyon/Villeurbanne) connaît une très forte croissance liée d'une part au développement de Bayer Cropscience dans le 9e arrondissement et au développement, voire au transfert de sièges sociaux à Lyon (Rhodia, Ciba spécialités chimiques, Bluestar silicones...). L'interpénétration des activités de la chimie et de l'environnement est une des principales spécificités de la filière en Rhône-Alpes. À travers les sites du Rovaltain (chimie verte), de la Plaine de l'Ain (plasturgie), de la Loire (chimie organique et la parapharmacie, traitement de l'eau et la fabrication de stations d'épuration, ainsi que le traitement des déchets industriels, conception de pneumatiques haut de gamme) et les vallées alpines de Savoie pour la chimie minérale. Autant de territoires abritant des activités à fort vecteur de croissance.

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