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Xavier Datin (i2s) : « Avec la crise, le métier de la numérisation s'est renforcé »
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Xavier Datin directeur général d'i2s Xavier Datin (i2s) : « Avec la crise, le métier de la numérisation s'est renforcé »

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Le fabricant de caméras et de systèmes de vision intégrée i2s a largement ressenti les secousses provoquées par la crise du Covid-19, au premier semestre. Si l'activité commence à reprendre, la PME (70 salariés, 16,9 M€ de CA en 2019) a vu son activité chuter, notamment dans le domaine de la santé. Toutefois, son usine de Cestas n'a jamais cessé de tourner.

Malgré la crise sanitaire, Xavier Datin maintient le plan stratégique établi à son arrivée à la tête de l'entreprise en 2017 — Photo : i2s

i2s a publié un chiffre d’affaires en repli de 17,8 % à 6,4 millions d’euros pour le premier semestre 2020. La crise sanitaire et le confinement ont-ils eu un impact important sur votre activité ?

Oui, les conséquences sont importantes pour nous. Les activités de l’entreprise dans l’imagerie sont réparties entre trois métiers : la vision, digibook (nos scanners de livres) et la santé. Dans le cas de notre activité digibook, nos clients sont majoritairement des administrations, telles que des musées, des archives nationales… Tous n’ont pu redémarrer leurs activités que tardivement et les circuits de prises de décisions ont été paralysés pendant plusieurs semaines, beaucoup d’appels d’offres ont été décalés. Nous avons enregistré une baisse de 11,3 % du chiffre d’affaires de cette division (qui représente 40,8 % du CA global, NDLR) au cours du premier semestre. Notre activité vision a, quant à elle, été fortement ralentie (-20 % de chiffre d’affaires par rapport au même semestre 2019) car nos principaux clients sont des équipementiers. Nous avons également éprouvé des difficultés d’approvisionnement dues à la fermeture des usines de certains de nos fournisseurs. Enfin, notre activité santé a enregistré une baisse de 37 % par rapport aux ventes du premier semestre 2019. Notre gros client Dental fournit les dentistes dont les cabinets ont dû être fermés.

Le plan stratégique que vous aviez mis en place à votre arrivée à la tête de la société, en 2017, repose pourtant sur le développement de segments à fort potentiel commercial, dont la santé et le bien-être… Cette crise vous a-t-elle contraint à réviser vos objectifs ?

Notre plan stratégique est maintenu, à savoir atteindre 30 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 3 ou 4 ans. La santé pourrait monter à un quart, voire un tiers de l’activité globale. Jusqu’à la fin 2019, le plan a répondu à toutes nos attentes en termes de croissance et de rentabilité. Les fondamentaux de notre métier restent inchangés. Nous commençons à sentir les premiers signes de reprise dans nos différents métiers, mais nous ne pouvons pas encore savoir précisément combien de temps nous aurons perdu sur notre feuille de route. Nous comptions sur des lancements de nouveaux produits en 2021-2022, comme relais de croissance, certains seront un peu retardés. Nous savons d’ores et déjà que nous allons lancer, en 2021, un automate de surveillance des embryons, lors des fécondations in vitro, pour les centres de PMA.

Et puis, cette crise a aussi eu un impact très positif pour nous : le métier de la numérisation va se renforcer pour répondre aux nouvelles exigences du travail à distance. Beaucoup de sociétés privées se sont rendu compte qu’elles allaient devoir numériser certaines ressources, leurs archives par exemple. Tout mène à la dématérialisation.

Justement, comment votre entreprise a-t-elle traversé la période du confinement ? Comment étiez-vous organisés ?

Nous nous sommes recroquevillés pour laisser passer l’orage, le tout sans interrompre notre développement. Nous avons mis en place des mesures conservatoires, notamment de l’activité partielle au deuxième trimestre, une réduction des coûts de déplacements et de marketing drastiques, des investissements décalés et nous avons aussi sollicité le PGE (prêt garanti par l’État) mais pas au maximum de notre capacité.

Votre usine de Cestas, ouverte en juin 2019 et pour laquelle i2s a investi 400 000 euros, a-t-elle continué à tourner durant ces quelques semaines ?

Bien sûr, elle ne s’est jamais arrêtée. J’avais déjà vécu un confinement en 2003, lorsque je travaillais à Pékin pour Schneider Electric, pendant l’épidémie de Sras. J’ai logiquement appliqué ce que j’avais vu sur place à l’époque : tout était confiné, seuls les déplacements entre la maison et le bureau étaient autorisés. Le risque de contamination est faible en milieu professionnel si l’on respecte strictement les mesures sanitaires. Je pense que nous avons fait preuve de bon sens.

Comment envisagez-vous les mois à venir ?

Nous maintenons notre feuille de route. Notre objectif est de reproduire ce que nous avons fait avec nos scanners, à savoir nous spécialiser dans des segments où nous sommes capables de développer une solution de vision intégrée. Il faut juste que nous consacrions un peu de temps à trouver le bon segment. Nous avons des sollicitations dans des domaines très variés (comme le golf ou la pêche). Comme pour la numérisation du patrimoine et la santé, nous voulons faire de l’imagerie pour le bien commun, pour améliorer le quotidien. Je regarde de très près les secteurs de l’environnement et de l’agroalimentaire.

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