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SII Ouest grandit avec ses talents
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SII Ouest grandit avec ses talents

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L'expert informaticien SII Ouest, basé à Rennes, a vu son activité boostée lors des confinements de 2020. Pour répondre aux besoins de sa croissance, l’entreprise a lancé un vaste plan de recrutement. Elle mise sur ses qualités d’employeur pour convaincre les ingénieurs, juniors ou expérimentés, de la rejoindre.

SII Ouest (de g. à d., Vincent Ryback, DRH et Xavier Michard, directeur) achèvera début 2021 une phase de recrutement de 80 nouveaux collaborateurs — Photo : © SII Ouest

SII Ouest a le vent en poupe. Cette dynamique entreprise de services numériques (ESN), qui compte aujourd’hui 550 collaborateurs à Rennes, Brest, Lannion, Caen et Le Mans, a lancé un vaste plan de recrutement en 2020. La société a déjà recruté 40 nouveaux collaborateurs et n’entend pas en rester là : 40 autres postes sont à pourvoir sur ce début d'année 2021. Ce recrutement offensif est mis en œuvre pour répondre à de nouveaux besoins liés au développement de l’entreprise.

SII Ouest affiche en effet une croissance d’environ 6 % par an et 40 millions d’euros de CA en 2019. Adossée au groupe SII, qui emploie 4 000 collaborateurs en France, la société est implantée à Rennes depuis 1997. Elle avait d’abord développé des outils pour répondre aux besoins des entreprises des télécommunications, très présentes sur le territoire breton, avant de bifurquer vers le développement de techniques d’information au sens large et de diversifier ses clients.

L’activité boostée par les confinements

Dans un contexte économique bousculé par la crise du Covid-19, SII Ouest a pu miser sur sa bonne santé, financière et sociale, pour continuer sa progression. Mieux : la crise sanitaire semble avoir eu un impact positif sur ses activités. Experte dans le développement des systèmes d’information, la société a en effet été fortement sollicitée lors du premier confinement, notamment dans le domaine du cloud et de la cybersécurité. « Des banques, des compagnies d’assurances, des sièges sociaux de grands groupes se sont tournés vers nous en nous demandant de rendre leurs systèmes accessibles à l’extérieur, tout en restant sécurisés. Nous avons aussi été sollicités par des sociétés qui souhaitaient faire héberger leurs données par un tiers », explique Xavier Michard, directeur de SII Ouest.

Des projets parisiens

Depuis quelques années, de nouveaux projets, surtout parisiens, leur sont confiés. Le phénomène a pris aujourd’hui une nouvelle ampleur : « Jusqu’en 2015, nous avions essentiellement des clients locaux. Puis des entreprises parisiennes se sont progressivement tournées vers nous. Depuis le premier confinement, le phénomène s’est encore accentué. Auparavant, ces clients souhaitaient faire réaliser leurs projets à proximité. Maintenant, ils acceptent davantage que ce ne soit pas forcément fait en bas de chez eux », commente le dirigeant. Le développement web reste par ailleurs un domaine d’expertise de SII Ouest. Et un autre secteur attire désormais de nouveaux clients : l’automatisation de tests sur les logiciels, grâce à des robots. « On avait d’abord développé ces outils auprès de clients bretons. Cela nous permet aujourd’hui de travailler avec beaucoup de clients en France, qui veulent gagner du temps », indique Xavier Michard.

Des talents très convoités

Son plan d'embauche doit pouvoir répondre à cette activité, en hausse constante. Il répond aussi à un problème que connaissent la plupart des entreprises du numérique sur le territoire : un turn-over très important.

Photo : © SII Ouest

Dans le bassin du numérique rennais, on compte environ 150 entreprises, qui sont en forte concurrence, pour recruter - et conserver - ces talents si convoités. « C’est un écosystème fertile et concurrentiel, rappelle le dirigeant. En temps normal, c’est déjà compliqué de recruter. Mais là, c’est pire. Dans le contexte actuel, les candidats hésitent à rompre un CDI et à entrer dans une démarche de recherche d’emploi. Et le fait de ne pas pouvoir rencontrer son futur employeur à cause du confinement peut aussi freiner la mobilité. » Le recrutement lancé par SII Ouest est orienté sur trois métiers : les expertises web, les infrastructures cloud et la sécurité des systèmes d’information. Les profils recherchés sont très variés.

« Nous recrutons notamment de jeunes diplômés des écoles d’ingénieurs comme l’INSA, l’ENSAT, ou l’Université de Bretagne Occidentale (UBO). Nous recrutons aussi chez d’autres concurrents. Ce sont des profils plus expérimentés qui arrivent par cooptation ou via des candidatures spontanées, comme développeurs ou chefs de projets. Nous les choisissons en fonction de leur profil et pas seulement sur ce qu’ils savent faire. On s’intéresse au junior comme à l’ingénieur expérimenté », souligne Vincent Ryback, DRH chez SII Ouest.

La proximité de mise

La question de l’attractivité de ce secteur auprès du public féminin est aussi au cœur des préoccupations : « Il est vrai que le secteur est encore peu féminisé. Mais on prêche la bonne parole, notamment dans les formations avec lesquelles nous sommes partenaires. Et ça avance : nous sommes parvenus à recruter 20 % de femmes en 2020 », explique le DRH. Car SII Ouest a des atouts pour convaincre ces grosses têtes de l’informatique de la rejoindre. Les pieds bien ancrés dans ses terres de l’Ouest, l’entreprise mise sur la proximité pour assurer la qualité de ses services et attirer de nouveaux talents. La société est répartie sur cinq villes avec environ 50 à 80 salariés sur chaque site. La capitale bretonne accueille quant à elle le plus gros des troupes, avec près de 350 salariés dans ses locaux. « C’est une force qui fait partie du succès. Quand on sait que la compétition est locale, on a envie que ça se passe bien. À Brest, 95 % de nos collaborateurs sont Brestois ! » sourit Xavier Michard.

Depuis 2017, la société a mis en place le programme #WelcomeToBreizh pour faciliter la mobilité vers la Bretagne. À la clef : l’accompagnement à la recherche d’un logement et la visite des villes pour appréhender un nouvel environnement. « Une dizaine de collaborateurs, principalement en provenance de la région parisienne, de Toulouse mais aussi du Canada, en ont bénéficié », souligne Vincent Ryback.

Un label "Great Place to Work"

L’entreprise peut aussi compter sur un autre avantage : son environnement de travail au sens large. Le télétravail, déjà largement développé au sein de l’entreprise, lui a permis de maintenir son activité sans dommage, durant les confinements successifs. « 10 à 15 % de nos salariés étaient déjà en télétravail, sur un ou deux jours par semaine. Lors du premier confinement, on a basculé 100 % des effectifs en télétravail en 24 heures », raconte le dirigeant. Tout au long de ces mois bousculés par la crise du Covid-19, les collaborateurs ont été accompagnés par des sondages, des réunions, des points téléphoniques. L’entreprise est même parvenue à installer les salariés nouvellement recrutés, en plein confinement. « Nous avons fait en sorte que nos 20 nouveaux collaborateurs se sentent très vite bien intégrés dans les équipes », rappelle le DRH. Une stratégie qui s’avère payante : le groupe SII a reçu pour la 3e année consécutive le label national « Great Place To Work ». C’est la seule ESN de plus de 2 500 salariés qui bénéficie de ce label. Miser sur le bien-être au travail peut faire la différence. « Nos collaborateurs se sentent bien chez nous ! Ils ont des relations dans d’autres sociétés, et par ce biais nous parvenons à convaincre de nouveaux talents. Encore mieux : il arrive que certains collaborateurs, qui nous avaient quittés, reviennent. Ils étaient 12 l’an dernier. « On les appelle nos "salariés-boomerang". C’est notre plus grande fierté », sourit Xavier Michard.


Des femmes à séduire dans le numérique

Et si les femmes étaient plus en capacité de répondre à la problématique du recrutement dans le numérique, et plus spécifiquement chez les entreprise de services numériques, gros pourvoyeurs d’emploi ? Dans ses nouvelles recrues en 2020, SII Ouest annonce avoir recruté 20 % de femmes. Peut-on faire mieux ? Encore faudrait-il pouvoir séduire le sexe féminin davantage attiré, dans les métiers du numérique, par tout ce qui touche au marketing et au digital. « C’est l’effet pygmalion, on reproduit ce que l’on voit. Et dans les métiers de l’informatique on ne voit pas encore assez de femmes, bien au travail et dans leurs baskets. Elles ne s'y retrouvent pas et pensent que c'est un univers réservé aux hommes », explique Cécile Martin.

Photo : © Patrice Dorizon

Directrice de l’incubateur de start-up 1Kubator Rennes, la jeune femme est aussi présidente exécutive de l’association ESTIMnumérique. Sa raison d’être : valoriser la mixité dans le numérique. « Ça bouge, pas vite du tout, mais ça bouge », assure Cécile Martin. L’experte du numérique pousse en ce sens. Elle se dit en effet convaincue que les femmes ont des opportunités à saisir et des compétences à valoriser, à condition d’avoir la bonne formation. « Je trouve dommage que des femmes n’aillent pas mettre en avant leurs compétences de gestion de projet, de management ou d’analyse. Alors que quand on fait du développement ou du management de projet informatique, il faut tout ça. Il ne faut pas savoir que développer. »
SII Ouest mais aussi Thales, Atos, Sopra Steria ou Néo-Soft sont en recherche quasi perpétuelle de bras en région rennaise. Pour que ces ESN puissent recruter plus facilement demain, Cécile Martin, par ailleurs membre du Syntec Bretagne, plaide pour un centre de formation pluridisciplinaire dédié aux métiers du conseil et des services à valeur ajoutée, à l’image de ce qui est fait pour le BTP ou les transports. « Ainsi, il y aurait des besoins qui seraient traités à la source. Ma philosophie c’est que tout le monde doit bouger et tout le monde doit faire des efforts. Aux femmes aussi de s’affirmer. »

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