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WBI crée un modèle industriel pour la construction hors-site
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WBI crée un modèle industriel pour la construction hors-site

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Filiale du promoteur montpelliérain Vestia, WBI inaugure une usine dédiée à la production de modules à ossature bois près d’Alès (Gard). Fruit d’un investissement de 8 millions d’euros, elle va impulser un nouveau modèle industriel appelé à essaimer dans d’autres régions.

L’usine de WBI peut produire 12 modules à ossature bois par jour — Photo : Anthony Rey

Alors que la crise du logement s’aggrave en France, la nouvelle entreprise Wood Buildings Industrie (WBI, 45 salariés), créée en 2021 par le promoteur immobilier montpelliérain Vestia, inaugure un procédé industriel capable de produire rapidement des logements modulaires standardisés. Dans l’usine de 8 000 m2 qu’elle ouvre à Saint-Privat-des-Vieux près d’Alès (Gard), six lignes de production, dont trois déjà actives, seront installées pour fabriquer des modules à ossature bois utilisés dans la construction hors-site. "C’est une approche révolutionnaire de la construction : le process industriel que nous lançons est proche des procédés utilisés dans l’automobile. Il est conçu autour de cycles de fabrication avec assemblage de pièces préfabriquées en interne et en externe. Nous nous positionnons comme assembliers d’appartements totalement finis, avec une maîtrise des coûts, des délais et de la qualité, problématiques majeures de la construction", vante Jean-Patrick Brouillard, PDG de WBI.

Un temps de construction divisé par deux

En deux ans seulement, qui couvrent le cycle de R & D et la construction de l’usine (coût : 8 M€), WBI a conçu un process de fabrication de modules allant du T1 ou T3, qui intègre à la fois la production et la finition. "C’est un modèle disruptif car d’ordinaire, il n’y a pas de configurations identiques dans le logement. Comme pour une auto, il nous a fallu rationaliser la fabrication d’un châssis pouvant intégrer des éléments reproductifs et adaptables, comme une toiture et une façade", poursuit Jean-Jacques Korosec, responsable commercial de WBI.

WBI utilise du bois d’épicéas, venu de France et d’Allemagne. Elle reçoit des premiers modules en 2D (à plat), fournis par une entreprise partenaire (une scierie située en Rhône-Alpes), qu’elle va transformer en modules 3D. L’industrialisation permet notamment de produire 12 modules par jour, ou 80 modules en dix jours, la base nécessaire pour bâtir un immeuble de 40 logements. "À l’arrivée, les promoteurs partenaires pourront livrer un bâtiment de 40 logements en dix mois, contre dix-huit mois d’ordinaire. Nous divisons le temps de construction par deux, tout en réduisant les nuisances de chantier, et en proposant des logements décarbonés, conformes à toutes les réglementations thermiques, acoustiques, et de résistance au feu", précise Jean-Patrick Brouillard.

Une dynamique industrielle et commerciale

Les marchés visés par WBI, qui travaillera pour Vestia mais aussi d’autres constructeurs, sont le logement résidentiel, le logement social, l’hébergement d’urgence, les bâtiments gérés (pour étudiants ou séniors) et les bâtiments tertiaires (écoles ou bureaux). Elle livre sa première résidence séniors (R + 3, 36 logements) dès ce mois d’octobre. Au vu des besoins du marché, WBI ambitionne de réaliser 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024, puis 45 millions en 2025, tout en portant ses effectifs à 70 personnes sur la période. Mais la croissance de WBI passera aussi par l’extension de son modèle industriel.

En effet, WBI compte prendre une part majoritaire au capital de la scierie rhônalpine d’ici la fin d’année. Elle prévoit aussi, en 2024, de racheter une friche industrielle pour bâtir une deuxième usine en Île-de-France, appelée à rayonner sur cette région ainsi que les Hauts-de-France. Et Jean-Jacques Korosec évoque déjà un probable troisième site industriel "pour couvrir la façade atlantique". En résumé, l’usine alésienne constitue, selon Jean-Patrick Brouillard, la base R & D d’un nouveau modèle industriel amené à se déployer dans plusieurs régions – et ce sans négliger le volet formation. L’entreprise va aussi se doter d’une "3D Building Academy" confirmant cette ambition nationale, puisqu’elle associera des écoles et acteurs comme Centrale Lille, l’IMT Mines Alès, l’EPF Montpellier ainsi que divers IUT et CFA.

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