Plus que la moto électrique, le constructeur héraultais Electric Motion (25 salariés, CA 2022 : 8,5 M€) s’affiche comme l’inventeur de la moto "zéro contrainte". "Avec la prise de conscience autour de l’environnement dans les années 2000, les passionnés de motos sont devenus des hors-la-loi. Notre ambition est donc de construire des motos sans émissions, qu’elles soient de bruit ou de CO2", pose Philippe Aresten, PDG d’Electric Motion.
Une vision qui rencontre un écho certain : depuis sa création en 2009, l’entreprise a produit 6 000 motos, déclinées en quatre modèles orientés vers la randonnée ou la compétition, qu’elle a écoulées dans 44 pays.
Des modèles 100 % faits main
Philippe Aresten en est persuadé : dans "un marché qui devient énorme", désormais synchrone avec sa propre vision de la moto, Electric Motion doit passer une vitesse industrielle. L'entreprise prévoit de créer 25 emplois en trois ans. À l’étroit dans ses murs à Vendargues près de Montpellier, elle a fait l’acquisition d’un terrain de 4 250 m2, sur la commune proche de Saint-Brès, où elle bâtit une usine de 2 900 m2 (le triple de sa surface actuelle) livrable en septembre 2024. L’investissement se monte à 5,5 millions d’euros, répartis entre la construction du site et l’achat d’équipements industriels. "Nous utilisons 10 bancs de production où les motos sont fixées, de sorte que les opérateurs puissent se déplacer facilement de l’un à l’autre. L’avantage de ce process est de garantir un quasi-travail d’orfèvre, car nos modèles sont 100 % faits à la main. Le point faible est la productivité. Nous investissons donc sur un nouveau système de production, afin de fabriquer 5 000 motos par an, contre 1 500 à ce jour", détaille Philippe Aresten, qui annonce une gamme élargie à dix modèles à terme.
En s’appuyant sur des volumes plus importants, Electric Motion ambitionne de booster sa croissance. L’entreprise a quintuplé de taille en quelques années, passant de 2 à 10 millions d’euros de chiffre d’affaires, d'après le prévisionnel 2023. Elle réalise 85 % de son activité à l’export, aux États-Unis, Japon et Australie, "qui ont déjà fait la bascule vers la moto électrique". Si, en France, Electric Motion se heurte depuis toujours à des réticences face à ce type de propulsion, les mentalités changent peu à peu : "Des sociétés spécialisées dans l’écotourisme naissent autour de l’exploitation de nos machines, dans des zones comme le Luberon ou les vignobles d’Alsace. Avec nos motos de petit gabarit, sobres énergétiquement, elles trouvent un vecteur adapté à la découverte de ces régions très protégées", insiste Philippe Aresten.
Course à l’innovation
Le projet industriel d’Electric Motion se double d’une forte inflexion sur l’innovation. La nouvelle usine sera dotée d’un bâtiment secondaire et d’une piste de tests ultra-sécurisée, où le constructeur développera ses futures technologies. "Quand nous avons démarré en 2009, tout restait à inventer : il n’existait pas de machines de ce type, de contrôleurs ou de batteries adaptées. Nous avons tout créé et industrialisé, au point d’intéresser un constructeur comme Yamaha pour des collaborations. Nos concurrents démontent nos modèles pour savoir comment ils fonctionnent, aussi la seule façon de conserver notre avance est de continuer à innover. La moto que nous sortirons en 2026, bardée de technologies, roule déjà", annonce Philippe Aresten.
Le dirigeant prévoit aussi d’investir dans la compétition pour continuer à faire connaître la marque. En 2014, une moto Electric Motion a déjà remporté le championnat de France de trial. L’entreprise vise désormais le championnat du monde : aux constructeurs phare que sont Yamaha, Honda ou KTM, elle opposera son modèle de 2026, "totalement révolutionnaire", promet Philippe Aresten.
