Présent dans 100 pays, Virbac développe et fabrique des traitements, des vaccins et de la nourriture pour les animaux de compagnie et d'élevage. Comment jugez-vous les résultats du groupe sur l’année 2023 ?
Sébastien Huron : Nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 1,25 milliard d'euros, avec une croissance annuelle de 4,9 % à taux de change et périmètre constants. Quand on connaît le contexte, on peut qualifier l'année 2023 d’exceptionnelle. Ce qui est exceptionnel en tout cas, c’est le come-back incroyable, avec un premier semestre à 0% et un second à +10%. Nous avons encore gagné des parts de marché et avons atteint une rentabilité opérationnelle en progression et à un niveau historique avant la R&D, à 23,2% en ratio du chiffre d'affaires.
Habib Ramdani : Nous sommes très fiers de constater que les six régions principales dans lesquelles Virbac opère - Asie, Pacifique, Europe, Afrique Moyen Orient, Amérique Latine, États-Unis - sont en croissance sur l’année 2023.
Quelles sont les perspectives pour 2024 ?
H.R. : Nous démarrons l'année avec beaucoup d’enthousiasme et de sérénité. Nous nous attendons, à taux de change et périmètre constant, à une croissance du chiffre d’affaires entre 4 et 6 %.
Nous allons augmenter par ailleurs d’un demi-point la R & D, à 8,5 % du chiffre d'affaires, mais nous prévoyons ensuite de revenir jusqu’à 2030 à des niveaux plus historiques, autour de 6,5 %.
Nous prévoyons également une centaine de millions d’euros d’investissements sur l’année. Nous reviendrons ensuite graduellement, comme pour la R & D, à des niveaux plus normatifs à l’horizon 2030, autour de 70 millions d’euros.
Quels sont les investissements prévus cette année ?
S.H. : Le premier investissement 2024 est l’achat d’un terrain à Carros, à moins de 200 mètres de nos usines, pour pouvoir y regrouper tous nos magasins et faire un grand centre de logistique. Cela nous permettra de réduire nos coûts car à ce jour, nous sous-traitons une grande partie de cette activité. Le premier chantier concerne donc ce centre de logistique et de distribution, évalué à plusieurs dizaines de millions d’euros. Nous avons déposé le permis de construire ce qui devrait nous permettre d'être opérationnels sur ce site d’ici 2026.
Notre deuxième chantier est celui de l’usine de pet food (alimentation pour les animaux de compagnie, NDLR). Nous en avons une à Vauvert, près de Nîmes dans le Gard, d'une capacité de 20 000 tonnes mais nous en avons besoin d’une nouvelle pour produire 50 000 à 60 000 tonnes (d'une superficie prévue de 12 000 m2, NDLR). Nous sommes en train d’acheter le terrain sur lequel nous allons la construire. Cela nous permettra de réintégrer toutes les parties amont de production qui sont historiquement sous-traitées.
"Virbac est en plein dans un plan de transformation avec une dynamique très soutenue"
Nous avons d'autres chantiers à l'étude. En regardant à 5 à 10 ans, nous avons besoin de plus de technologies et de capacité de croissance.
Nous allons rapatrier d’Australie à Carros, la fabrication d’un implant qui permet d’éviter la castration des chiens et des chats. Cela rajoutera une trentaine de collaborateurs et nous fera gagner en compétitivité.
Virbac est en plein dans un plan de transformation avec une dynamique très soutenue. Nous accélérons du point de vue opérationnel dans la performance, nous transformons la société d’un point de vue organique et nous achetons des sociétés.
Qu’en est-il de ces opérations de croissance externe ?
H.R. : Nous avons accéléré avec trois opérations réalisées depuis 2022. Il y a eu l’acquisition de GS Partners, notre distributeur historique en République tchèque et Slovaquie, puis celle de Globion en Inde, un marché où nous avons une position de leader que nous renforçons, et enfin, celle du groupe japonais Sasaeah (500 collaborateurs, NDLR) que nous allons clôturer en avril. Le Japon est le 9e marché au monde.
S.H : Nous allons poursuivre nos acquisitions, nous sommes sur plusieurs dossiers. Nous avons en ce moment une très bonne dynamique.
Qu'est-ce qui distingue selon vous Virbac de ses concurrents ?
S.H. : Notre culture d'entreprise. Elle est basée sur des valeurs de confiance, de liberté d'action, d'entrepreneuriat et de responsabilisation, qui créent chez nous un niveau d'engagement incroyable. L'année 2023 a été un révélateur de cette culture à un niveau jamais vu, à cause de plusieurs éléments dont la cyberattaque dont nous avons été victimes en juin dernier.
La stratégie de l'entreprise est également unique. Je crois que nous sommes les seuls à pouvoir nous dire vraiment laboratoire vétérinaire, car nous sommes les seuls dans le top 10 mondial à faire à la fois des vaccins et du pet food, qui sont les deux piliers d'une clinique vétérinaire.
Enfin, nous avons une discipline et rigueur d'exécution dont nous avons encore faire preuve et dont nous sommes fiers.
