La SAS Vela a été créée en novembre 2022, à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), avec de grandes ambitions. "Nous sommes concepteurs et serons aussi armateurs de voiliers cargos pour un transport de marchandises 100 % à la voile", résume Pierre-Arnaud Vallon, le président de la SAS au capital de 30 000 euros. Cet objectif ambitieux, il le partage avec quatre associés : le skipper François Gabart, Michaël Fernandez, Pascal Galacteros et Thibault Charles. "Nous regardions le marché depuis plusieurs années, mais, pour de nombreuses raisons, il ne semblait pas opportun d’y aller", décrit le dirigeant. Le moment est venu.
Le premier voilier cargo de Vela, en cours de conception, devrait toucher l’eau en 2025 et relier Bayonne à New York en moins de 15 jours. Un premier tour de table auprès d’investisseurs est prévu pour fin 2023, afin d’enclencher la construction du navire. Une levée de fonds qui devrait avoisiner les 5 à 10 millions d’euros permettra d’assurer cette première étape.
Contrats de long terme
"Le bateau devrait être financé en partie - aux trois quarts environ - par des filiales de banques spécialisées dans le maritime qui exigent des contrats commerciaux fermes de remplissage de bateau. Notre premier objectif est donc commercial : finir de remplir les cales des bateaux avec des contrats de long terme", explique le cofondateur.
À ce stade, des grands groupes comme des PME ont manifesté leur intérêt auprès de Vela, et les premiers contrats ont été signés. Un signe que le marché s’intéresse aussi de près à la question de la décarbonation du transport, en envisageant une alternative écologique à plusieurs égards : absence de carburant, absence de conteneurs – les produits seront mis en palettes – et volonté de Vela de se rapprocher des entrepôts de départ et d’arrivée pour limiter le transport terrien en amont et en aval de la traversée.
Une alternative à la hausse du prix du carburant
"Les clients comprennent qu’il y a un prix juste", assure le président de Vela. Un prix plus élevé que celui du transport maritime classique (mais 1,5 à 4 fois inférieur à celui du transport aérien, selon Vela), dû également à la dimension sociale du projet : des navires sous pavillon français et des marins sous contrat de droit français. "C’est un choix très engagé dans le domaine", rappelle Pierre-Arnaud Vallon. Selon lui, le transport à la voile permet d’éviter l’instabilité liée au prix fluctuant du pétrole ; surtout, dans les prochaines années, avec la possible augmentation du prix du carburant, la voile deviendra petit à petit concurrentielle, également en termes de prix.
Lorsque le premier voilier sera opérationnel, Vela souhaite rapidement monter en puissance et construire des " sister ships" (répliques du premier navire), pour arriver à quatre ou cinq voiliers d’ici 2028. À raison de 500 tonnes par navire, en visant sept à huit rotations à l’année pour chaque voilier, cela permettrait de transporter environ 32 000 tonnes de marchandises au total, précise Pierre-Arnaud Vallon. Le dirigeant fait référence aux allers-retours sur la première ligne qui reliera Bayonne à New York. "L’idée est de concentrer sur cette ligne-là et de créer de la fréquence. Nous regarderons ensuite les départs d’autres ports."
