Nouvelle-Aquitaine
Un projet de solution photovoltaïque refroidissante veut s'industrialiser en Nouvelle-Aquitaine
Nouvelle-Aquitaine # Production et distribution d'énergie # Implantation

Un projet de solution photovoltaïque refroidissante veut s'industrialiser en Nouvelle-Aquitaine

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Le projet Solar Transparencies, combinaison de technologies révolutionnaires qui transformeraient notamment des fenêtres ou des clôtures en sources d’énergie, veut implanter son usine industrielle en Nouvelle-Aquitaine. Accompagnés par Unitec et encouragés par la Région, les responsables annoncent 115 millions d’euros d’investissements.

Des vitrages sont déjà utilisés au centre de conférences de l'Ecole polytechnique de Lausanne — Photo : Adrien Barakat

Des fenêtres ou des clôtures qui deviendraient les sources d’énergie des bâtiments, capables de chauffer ou de refroidir, en continu, de manière homogène, à moindre coût. La solution est pour le moins alléchante, d’autant que ce ne serait que l’un des multiples débouchés du projet Solar Transparencies, en passe de se structurer en entreprise. Accompagné par la technopole Unitec, avec laquelle un partenariat vient juste d’être signé, il devrait entrer en phase industrielle en Nouvelle-Aquitaine prochainement. C’est en tout cas ainsi qu’il a été présenté, en grande pompe, à l’hôtel de Région le 15 juin.

Une solution révolutionnaire

Administrativement, juridiquement et financièrement, le projet est encore "en discussion", mais le produit fini est réel "et a fait ses preuves" assurent les scientifiques qui l’ont mis au point, le Pr Grätzel et Philippe Vitel. Concrètement, l’innovation se présente sous la forme d’un vitrage coloré, adaptable dans ses formes, couleurs, transparences et fonctions, qui combine plusieurs technologies : des cellules solaires à colorant inspirées de la photosynthèse (dites DSC pour Dye Sensitized Solar Cell) qui produisent de l’énergie grâce au soleil ; des pérovskites (minéral moins cher et plus performant que le silicium notamment sous les nuages) ; et une solution de refroidissement des verres. Chacune de ces technologies existe depuis plusieurs années, depuis 30 ans même pour les DSC imaginées par le Pr Michael Grätzel et qui valent au Germano-suisse la reconnaissance de ses pairs. Elles ont été testées sur des projets grandeur nature (Lausanne et Milan) et étudiées dans des universités du monde. Mais c’est la synergie de ces technologies, née de la rencontre des deux inventeurs, qui achève le produit et surexcite les deux scientifiques de Solar Transparencies, convaincus de leur potentiel.

Vendanger sous le soleil sans altérer les raisins

Philippe Vitel a développé pour sa part le refroidissement. "Nous avons déjà mené des recherches avec l’Ifremer pour maintenir les poissons au frais et remplacer la glace sur les bateaux ; nous avons validé dans des vignobles que la solution permettait de vendanger en plein soleil sans que les raisins soient altérés. Nous avons des demandes pour les pays qui subissent de fortes chaleurs." Solar Transparencies veut concurrencer les panneaux photovoltaïques actuels, au silicium. "Notre proposition n’utilise pas de terre rare, affiche une faible empreinte carbone, présente le même rendement mais moins coûteuse", assure-t-il.

Une usine et un centre de formation

"Nous adressons deux marchés en priorité pour produire rapidement : les serres de culture, avec la construction d’un exemplaire de 100 m2 ; et les clôtures. Nous avons déjà de nombreuses commandes auxquelles nous ne pouvons pas répondre", assure Philippe Vitel. L’heure du changement d’échelle avec la phase industrielle a sonné, via un business plan "déjà bien ficelé" : première phase de 18 mois pour se doter des démonstrateurs ainsi que d’un centre de R & D de 9 000 m2 comprenant un centre de formation (15 M€) ; seconde phase de 18 mois supplémentaires pour une première unité de production de 25 ha (45 M€) ; et troisième phase sur 12 mois pour une usine de 100 ha (55 M€). 115 millions d’euros au total pour 500 emplois directs et 500 indirects pour commencer, censés générer 500 millions de chiffre d’affaires, "avant d’atteindre au moins 3000 collaborateurs et d’ouvrir des filiales à l’étranger".

Le lieu de production n’est pas encore défini mais il sera en Nouvelle-Aquitaine : "parce que nous voulons produire en France, parce que la Nouvelle-Aquitaine est la 1re région agricole de France, pour son littoral, son réseau portuaire nécessaire à l’approvisionnement, et son projet d’usine de recyclage des panneaux photovoltaïques", liste Philippe Vitel. Dans l’esprit des porteurs de projets le déroulé semble évident. Alain Rousset, le président de Région, est conquis. Reste à trouver, aussi, les partenaires et financeurs.

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