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Umiami, 45-8 Energy, Amfre… ces start-up du Grand Est à suivre en 2024
Grand Est # Innovation

Umiami, 45-8 Energy, Amfre… ces start-up du Grand Est à suivre en 2024

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Le Grand Est regorge d’innovations prometteuses. Et sur les grands sujets de demain, tels que l’énergie décarbonée ou encore la nourriture peu consommatrices de ressources, les start-up régionales ont déjà pris position, dans un paysage de l’innovation en pleine recomposition.

Les trois cofondateurs d’Umiami (de gauche à droite) : Martin Habfast, Clémence Pedraza et Tristan Maurel — Photo : Fabrice Voné

Umiami lance à Duppigheim des produits végétaux pour remplacer la viande

Après un dernier tour de table de 32,5 millions d’euros réalisé en octobre, portant à plus de 100 millions d’euros le financement obtenu depuis sa création en 2020, la foodtech Umiami, spécialisée dans la production d’alternatives végétales à la viande, compte accélérer sa commercialisation en Europe et s’attaquer au marché américain. D’ici là, 43 millions d’euros ont été destinés au lancement de son site de production à Duppigheim (Bas-Rhin) qui devrait être opérationnel fin 2023. Fin 2022, la foodtech, qui reste très discrète sur les ingrédients utilisés, avait racheté une partie de l’ancienne usine des soupes Knorr au groupe Unilever, bénéficiant de l’appel à projets "première usine" de France 2030. Dans un premier temps, l’unité de production de 14 000 m² emploiera une soixantaine de personnes. Elle produira des filets végétaux ayant l’aspect et la texture de blancs de poulets, et ce à grande échelle, soit 7 500 tonnes par an et par ligne de production. À moyen terme, le site, qui ambitionne de devenir le leader mondial de son secteur, pourrait générer 200 emplois dans le Bas-Rhin et une capacité de production de 20 000 tonnes par an.

Les trois cofondateurs d’Umiami (de gauche à droite) : Martin Habfast, Clémence Pedraza et Tristan Maurel — Photo : Fabrice Voné

SFE Process veut devenir le référent européen de l’extraction au CO2

Chaque année, le chiffre d’affaires du fabricant d’équipements d’extraction et de purification de molécules au CO2 installé à Tomblaine en Meurthe-et-Moselle, SFE Process, double. La start-up industrielle lorraine va atteindre les dix millions d’euros d’activité en 2023, et la trajectoire est tracée : d’ici 3 à 4 ans, SFE Process devrait compter une centaine de salariés et peser 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le 21 juin 2023, les deux dirigeants ont bouclé une levée de fonds en série A pour un montant de 6 millions d’euros : le Crédit Mutuel Equity a conduit ce tour de table, suivi de Bpifrance, du Groupe ILP et d’un investisseur privé, Gilles Caumont, fondateur d’Adista, du réseau de business angels Yeast et actuel président du Medef de Meurthe-et-Moselle. Autre atout, et de taille : la diversification. La start-up a déjà vendu trois machines de chromatographie au CO2, un procédé permettant d’obtenir sans solvant pétrolier les molécules extrêmement pures réclamées notamment par l’industrie pharmaceutique. Avec un marché très demandeur, l’activité devrait exploser.

Les ambitions d’Amfree dans le domaine de la fabrication additive

Développer l’utilisation de l’impression 3D chez les industriels pour la fabrication de grosses pièces métalliques, c’est l’ambition de la start-up Amfree, que vient de lancer la SCIC Irepa Laser à Strasbourg. Il s’agit de la cinquième spin-off créée par la société coopérative de recherche-développement spécialisée dans les procédés laser (3,5 M€ de CA, 45 salariés). Elle se base sur une technologie d’impression 3D métallique développée en interne et utilisant trois fils métalliques, qui sont fusionnés grâce à un rayon laser. La start-up espère vendre sa première machine en 2024. En forte évolution, le marché de service de la fabrication additive métal devrait représenter quelque 7,81 milliards d’euros en 2026. À cet horizon, le secteur cumulera, rien qu’en Europe, une centaine d’imprimantes 3D de grande dimension. Amfree espère fournir 6 % de ce marché. Pour tenir la course, la start-up aujourd’hui incubée chez Semia prépare une première levée de fonds.

Amfree développe un robot de fabrication additive — Photo : Amfree

L’activité de 45-8 Energy doit s’envoler grâce à l’hélium et l’hydrogène naturel

Fort d’une levée de fonds de 20 millions d’euros en 2023, portant le total des fonds rassemblés pour porter le développement de l’entreprise à 31,5 millions d’euros, 45-8 Energy, la start-up industrielle messine opérant dans l’exploration et la production d’hélium et d’hydrogène naturel en Europe vient de publier la liste de ses objectifs pour 2024. Outre le démarrage de la première unité pilote de production d’hélium en Europe de l’Ouest, le lancement de la première unité mobile de recyclage d’hélium en Europe de l’Ouest, l’équipe de 45-8 Energy va avancer sur les permis d’exploration hélium et attend l’octroi de cinq nouvelles licences qui "permettrait alors de renforcer le portfolio hélium-hydrogène naturel de la société", précise l’équipe de 45-8 Energy dans un communiqué. Un ensemble de sujet qui permet à la start-up de viser une place de leader européen dans les filières hélium et hydrogène naturel. Autre gros sujet, 45-8 Energy et Storengy, filiale d’Engie, ont entamé leur collaboration sur le projet d’exploration Grand Rieu, dans le sud-ouest de la France, pour évaluer le potentiel en hydrogène naturel de la zone.

Imki à l’assaut des marchés du luxe et de la mode avec ses IA génératives

Après s’être fait connaître dans la culture, la start-up strasbourgeoise Imki (14 salariés), qui développe des intelligences artificielles (IA) génératives, s’oriente vers les secteurs du luxe et de la mode en tant que prestataire de services. Avec l’ambition de lever des fonds pour se déployer à l’international. Une réorientation qui découle de l’afflux et la demande de grands groupes au stand de l’entreprise alsacienne lors du CES 2023 à Las Vegas, plus grand salon mondial consacré à l’innovation technologique, en pleine explosion de ChatGPT. En entraînant des algorithmes de diffusion et en s’appuyant sur l’ADN des marques, les IA développées par Imki peuvent intervenir sur l’ensemble de la chaîne créative. "Si tout marche bien, on sera 250 salariés fin 2024", indique Frédéric Rose, CEO d’Imki qui envisage d’ouvrir des bureaux à Genève, Milan, Munich, Londres, New York, Amsterdam, Paris et Barcelone. D'ici là, Imki, qui a été récompensée par un Innovation Awards dans la catégorie "Content & Entertainment", présente en ce début d'année dans le Nevada, une collection avec The Kooples, enseigne de prêt-à-porter française, intitulée "The AI-Powered Capsule Collection".

Frédéric Rose, président et fondateur d’Imki — Photo : DR

Entoinnov veut produire de la nourriture en consommant peu de ressources

Sur le marché de la production d’ingrédients à base d’insectes, certains acteurs ont déjà levé des millions d’euros. Mais pas de quoi inquiéter Fayçal Ounnas, fondateur et dirigeant de la start-up EntoInnov, installée sur le technopôle de Nancy-Brabois. "Quand on parle d’élevage d’insectes, c’est une industrie qui n’a pas changé depuis 6 000 ans et qui dérive encore de l’élevage des vers à soie", analyse-t-il. Quand la concurrence propose de manipuler des boîtes en plastique contenant des insectes grâce à des robots ou de la main-d’œuvre, pénalisant ainsi la montée à l’échelle, l’équipe d’EntoInnov a réussi à mettre au point une innovation de rupture : des "bioréacteurs", comprendre des silos, capable de produire aujourd’hui des tonnes de vers de farine, demain des milliers de tonnes, de manière quasi-automatique. Fondé en 2021, EntoInnov va changer de dimension et passer à l’étape industrielle. Réalisant déjà quelques dizaines de milliers d’euros de chiffre d’affaires grâce à une petite production de farine à base de vers, destinée pour l’instant à l’alimentation animale, la start-up s’appuie sur une équipe de sept personnes, dont trois à temps plein, et devrait atteindre la rentabilité à la fin de l’exercice 2024.

Hypno VR, leader européen avec sa thérapie d’hypnose médicale

La start-up strasbourgeoise Hypno VR veut se développer à l’international et étendre le champ d’application de sa thérapie d’hypnose médicale assistée en réalité virtuelle. Début octobre, elle confirmait son statut de leader européen en équipant plus de 550 hôpitaux européens après l’acquisition de son concurrent Oncomfort, société belge fondée en 2017 à l’origine de la Sédation Digitale™, méthode non pharmacologique pour soulager la douleur et l’anxiété des patients. Disposant depuis cet été d’une filiale à Bâle en Suisse, Hypno VR vient d’ouvrir une succursale belge qui intégrera une partie des collaborateurs d’Oncomfort. La start-up alsacienne prévoit de mettre l’année prochaine sur le marché des produits de deuxième génération en s’appuyant sur un système permettant d’adapter en temps réel la séance d’hypnose virtuelle à l’état physiologique du patient. Fondée en 2016 à Strasbourg, la société a levé 6 millions d’euros depuis sa création. Elle est soutenue par Bpifrance, la Région Grand Est et le pôle de compétitivité Alsace BioValley.

Abby lève des fonds et gagne des clients

Développant une application permettant aux travailleurs indépendants de gérer leurs tâches administratives, Abby veut atteindre la rentabilité dès 2024. Appuyée sur un modèle économique solide, la start-up installée à Nancy a convaincu les investisseurs, ce qui a permis aux quatre fondateurs - Nicolas Lespinasse, Benjamin Gardien, Corentin Allemand et Jérémy Dieuze - de boucler un tour de table en amorçage pour un montant de 1,2 million d’euros, en restant majoritaires. Revendiquant actuellement 40 000 utilisateurs, s’adressant aux 4,5 millions d’indépendants français, Abby enregistre actuellement plusieurs centaines de nouveaux clients par mois, et s’appuie sur une croissance de l’activité moyenne sur les huit derniers mois de plus de 40 %, avec des pointes à plus de 60 %.

Nicolas Lespinasse, Benjamin Gardien, Corentin Allemand et Jérémy Dieuze sont les fondateurs d’Abby — Photo : Abby

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