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Noviga prête à accélérer la commercialisation de sa plateforme de dépistage des apnées du sommeil
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Noviga prête à accélérer la commercialisation de sa plateforme de dépistage des apnées du sommeil

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Capable de dépister les apnées du sommeil depuis un électrocardiogramme, la start-up nancéienne Noviga ouvre son capital en vue de lever un total de 1,5 million d’euros. Au programme des développements : la commercialisation et l’international.

Diplômée de l’École nationale supérieure de l’électronique et de ses applications de Cergy, Pauline Guyot pilote Noviga depuis les locaux du Paddock, à Nancy — Photo : Jean-François Michel

Mettre l’intelligence artificielle au service du dépistage des apnées du sommeil, cette pause de 10 à 30 secondes dans la respiration du dormeur, se répétant parfois jusqu’à une centaine de fois par nuit, c’est le défi relevé par Pauline Guyot, présidente de la start-up nancéienne Noviga. "L’idée d’origine était celle du professeur Chenuel, pneumologue au CHU de Nancy et directeur de ma thèse, qui m’a lancée sur le dépistage précoce de l’apnée du sommeil chez les insuffisants cardiaques", détaille Pauline Guyot.

Des fonds pour financer le développement

Les travaux de thèse sont devenus l’actif de départ d’une start-up, Noviga, qui emploie quatre salariés. Les cinq actionnaires de la jeune pousse, qui ont lancé les opérations en 2018 avec 25 000 € de capital, s’apprêtent aujourd’hui à rassembler 1,5 million d’euros, dont 900 000 € de fonds propres, afin d’accélérer la commercialisation de la plateforme de dépistage, baptisée Spinéo.

La première version de l’algorithme développé par Pauline Guyot s’appuie sur l’intelligence artificielle et un modèle mathématique capable de lire le signal issu d’un enregistreur d’électrocardiogramme réalisé sur 24 heures, pour y repérer des marqueurs permettant de caractériser une apnée du sommeil. "L’idée de la plateforme en ligne, c’est que le cardiologue va venir déposer le tracé d’un électrocardiogramme, réalisé grâce à un enregistreur de type Holter, pour ensuite obtenir un dépistage précoce", précise la présidente de Noviga.

Faciliter un diagnostic aujourd’hui très complexe

Financée depuis son lancement essentiellement par des subventions, des prêts d’honneur ou des fonds publics, amenés par Bpifrance, la région Grand Est ou encore Initiative Grand Nancy, Noviga a intégré Scal’E-nov, l’accélérateur des start-up du Grand Est, et a aussi pu bénéficier de fonds européens, les fonds Feder. "Depuis la première version de l’algorithme, nous avons beaucoup travaillé en R & D pour élargir la population cible. Aujourd’hui, notre solution permet au cardiologue d’obtenir une brique complémentaire afin de poser un dépistage rapide et précoce de l’apnée du sommeil chez tous ses patients", souligne la présidente de Noviga.

Actuellement, poser un diagnostic d’apnée du sommeil consiste à réaliser un examen médical très lourd, appelé polysomnographie, consistant à enregistrer le sommeil d’un patient au moyen d’une vingtaine de capteurs, soit dans un centre spécialisé, soit à domicile. "Au niveau du centre de Nancy, qui est un centre important, le délai d’attente est de six mois. En France, la moyenne tourne autour de 12 mois", précise Pauline Guyot. Conséquence : 80 % des malades ne sont pas diagnostiqués.

Un business model à peaufiner

Une première étude clinique, menée en collaboration avec le CHU de Nancy, a permis de montrer la pertinence de la solution de Noviga et de décrocher le marquage CE, un sésame pour entrer sur le marché. "Notre business model n’est pas encore totalement établi", concède Pauline Guyot, qui pour l’instant, lance la commercialisation et veut rentrer des revenus grâce à la vente d’abonnement permettant d’accéder à la plateforme. La start-up dégage pour l’heure un peu de chiffre d’affaires issu de contrats de prestation.

"Les cardiologues ont bien compris l’intérêt médical de faire du diagnostic de l’apnée du sommeil", souligne la présidente de Noviga, qui se heurte pourtant à un obstacle de taille : l’utilisation de Spinéo n’est pas associée à une ligne de remboursement. "Nous sommes en discussion avec la Haute autorité de santé pour monter une étude médico-économique, montrer que l’utilisation de notre plateforme permet d’économiser pour finalement arriver à ce que l’utilisation soit remboursée", déroule Pauline Guyot, qui estime arriver à ce résultat en 2027, voire 2029 au plus tard.

Les États-Unis comme rampe de lancement ?

En parallèle des développements commerciaux lancés en France, la start-up veut se tourner vers les États-Unis pour rentrer des revenus plus rapidement. La certification délivrée par la FDA, la Food and Drugs Administration, permettant de commercialiser la plateforme sur le marché nord-américain, pourrait en effet être décrochée en deux mois, contre 18 pour le marquage CE.

Car l’arrivée d’une nouvelle version du marquage CE a créé un engorgement préjudiciable au développement de l’innovation sur le continent européen. Et Noviga est contrainte de décrocher cette nouvelle version du marquage CE pour vendre en Europe. "La FDA est par exemple un peu plus claire sur ce qu’elle attend dans les dispositifs médicaux, surtout ceux comportant de l’IA", estime Pauline Guyot. Pour Noviga, le marché américain pourrait se révéler clé dans le développement de l’activité : "C’est le marché le plus important pour l’apnée du sommeil parce que ce trouble est souvent corrélé à l’obésité". Et 40 % des adultes américains sont considérés comme obèse.

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