Tour de France : les patrons aussi roulent en peloton
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Tour de France : les patrons aussi roulent en peloton

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Ils ne s'aligneront pas au départ du Tour de France le 7 juillet. Mais ils escaladent les pentes du Mont Ventoux, souffrent dans "l'Enfer du Nord" et avalent des kilomètres sur les routes de France. Ils sont patrons en Loire-Atlantique ou en Vendée et fondus de vélo. Qu'est-ce qui les fait pédaler ainsi ? Témoignages.

Longtemps cantonné aux classes populaires et aux professionnels, le vélo fait depuis quelques années un carton dans le milieu des dirigeants d'entreprise — Photo : S. Barré

Un dimanche matin devant le Casino de La Baule. À l’heure où les derniers fêtards tentent de retrouver leur domicile, un groupe de cyclistes s’apprête à s’élancer pour une boucle de 70 à 80 km à travers les marais salants, la Brière et les petites routes de la Presqu’île. Le peloton est essentiellement composé de chefs d’entreprise. Parmi eux, Stéphane Barré, président de BLV Trucks (280 salariés, 118 M€ de CA), groupe spécialisé dans la vente et la réparation de véhicules utilitaires, ou Tony Lesaffre, président du groupe de location de véhicules Sepamat (Europcar, Loceco, marguerite…) qui emploie 235 salariés pour 50 M€ de CA. Longtemps cantonné aux classes populaires et aux professionnels, le vélo fait depuis quelques années un carton dans le milieu des dirigeants.

Une pratique cycliste qui arrive sur le tard

La pratique cycliste arrive la plupart du temps avec la maturité. « Quand j’avais 20 ans, mon père faisait du vélo. Mais je trouvais ce sport idiot et pénible. J’y suis venu plus tard par le biais du triathlon », témoigne Stéphane Barré qui roule aujourd’hui 5 à 7 000 km par an. Parcours similaire pour Vincent Galzin, dirigeant du groupe SNM (60 salariés, 23,5 M€ de CA), spécialisé dans la vente et la location d’engins de manutention, qui raconte : « le vélo, c’était mon sport d’ado. A 17-18 ans, j’avais un bon niveau et puis j’ai arrêté pendant 25 ans. Autour de moi, peu de gens en faisaient. J’ai repris il y a une dizaine d’années avec des copains. Depuis, je fais chaque année une étape du Tour de France. » En 2018, Vincent Galzin s’est ainsi frotté aux mythiques pavés du Nord en participant au Paris-Roubaix Challenge.

A chaque patron, sa pratique du cyclisme. Inscrit dans un club, Pierre Voillet, PDG du groupe informatique Oceanet Technology (160 salariés, 24 M€ de CA), pratique le vélo avec intensité depuis 20 ans. Il revendique 9 000 km parcourus par an, s’entraîne deux fois par semaine, tout en participant à des stages et à des compétitions. Tony Lesaffre, entre deux escapades dominicales, entretient sa forme avec le RPM (Revolution per minute), des cours de vélo en salle avec musique et lumière.

9 000, c'est le nombre de kilomètres à vélo parcourus annuellement par Pierre Voillet, PDG du groupe Oceanet Technology (Loire-Atlantique).

Le vélo aide à supporter la pression

Si le vélo attire les dirigeants comme un aimant, pas de hasard à cela. Le vélo permet d’abord de se maintenir en forme quel que soit l’âge - à la différence de la course à pied, le cyclisme n’est pas un sport traumatisant pour les articulations - et de se vider la tête. « Le vélo, ça vide la tête. Quand je sais qu’une grosse journée m’attend, je m’arrange pour faire une heure de vélo avant le boulot », confirme Pierre Voillet. Même tonalité pour Gustave Rideau, président du groupe vendéen Rideau (670 salariés, 135 M€ de CA), fabricant de vérandas et abris de piscines : « Je prends de bonnes décisions après avoir pédalé. Il n’y a que des avantages à faire du vélo : meilleure hygiène de vie, meilleure condition physique. Surtout, je crois que je ne serais pas aussi heureux dans ma vie. J’ai 67 ans et je pratique le cyclisme depuis l’âge de 35 ans. Je peux dire que c’est la meilleure décision que j’ai prise de toute ma vie. Etre chef d’entreprise, ce n’est pas facile. Le sport m’a aidé à mieux supporter la pression. »

Cyclisme et entrepreneuriat : des valeurs communes

Dépassement de soi, engagement, effort…, au-delà de ses effets bénéfiques sur le physique et le mental, les dirigeants retrouvent également dans le cyclisme des valeurs communes à celles de l’entreprise. « Le cyclisme est un sport qui allie résistance, endurance, capacités mentales. Le vélo, c’est très dur. Il faut aller chercher ses ressources loin, au-delà de ses forces physiques. C’est la même chose quand on est dirigeant », indique ainsi Vincent Galzin. « Etre champion de haut niveau, c’est remettre en cause sa performance tous les jours, être incertain du résultat, être dans la précarité. C’est ce qu’on vit quotidiennement dans l’entreprise », témoigne, pour sa part, Tony Lesaffre.

Un sport individuel qui se pratique en équipe

Enfin, et ce n’est pas le moindre de ses atouts, le cyclisme, sport individuel, peut se pratiquer en équipe. « Le vélo est un sport individuel dans lequel le collectif joue. Dans un peloton, si tu te sens en forme, tu te mets devant et tes efforts profitent aux autres. Inversement, si tu es moins fort tu peux utiliser la performance des autres. J’apprécie ce côté collaboratif du vélo. En entreprise, je n’ai pas trouvé mieux comme team building », s’exclame Stéphane Barré. Le dirigeant a importé sa passion pour le cyclisme dans son entreprise.

« Dans un peloton, si tu te sens en forme, tes efforts profitent aux autres. Inversement, si tu es moins fort, tu peux utiliser les performances des autres »

Après s’être rendu compte que beaucoup de ses salariés pédalaient, il a monté une équipe, puis deux, pour les 24 h du Mans à vélo. Elles alignent sous le même maillot rouge et blanc des carrossiers, des vendeurs, des chefs d’ateliers et plusieurs des dirigeants… Vincent Galzin a effectué la même démarche. Il a constitué une équipe au sein de l’entreprise qu’il prévoit d’emmener sur le Tour des Flandres en 2019.

Cohésion d'équipe et émulation

« Ce sport est super fédérateur et crée de l’émulation positive. Les équipes et les gens qui gravitent autour génèrent une ambiance et une culture d’entreprise. Cela donne du sens à ce pourquoi on est ensemble », rapporte-t-il. Et pour ceux qui ne disposent pas d’une équipe maison, reste la communauté virtuelle. « Comme nous sommes répartis sur plusieurs sites, nous échangeons via l’application Strava sur nos sorties, nos performances, etc. », relate Pierre Voillet. Mais le côté convivial du cyclisme s’exprime sans doute mieux par le traditionnel repas bien arrosé entre amis ou collègues après l’épreuve.

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