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Dynamips : Pierre Voillet passe la main à Antoine
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Dynamips : Pierre Voillet passe la main à Antoine

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Après avoir fondé Dynamips à Saint-Herblain (Loire-Atlantique) en 1992, Pierre Voillet passe la main à son frère Antoine pour se consacrer entièrement à Oceanet Technology, l'autre entreprise informatique qu'il a créée. Retour sur un parcours entrepreneurial en duo.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Le Journal des Entreprises : En 1992, vous avez fondé Dynamips, spécialisée dans la vente de matériel informatique aux entreprises. Vous cédez aujourd'hui vos parts à votre frère Antoine avec lequel vous étiez associés. Cela ne marche plus entre vous ?

Pierre Voillet : Pas du tout mais j'ai le sentiment d'avoir bouclé un parcours entrepreneurial. Mon frère et moi sommes des entrepreneurs dans l'âme. Cela fait partie des gènes familiaux. Notre père dirigeait une entreprise de 400 personnes avec ses trois frères. Moi, j'ai fondé Dynamips en 1992. À l'époque, c'était une petite boutique d'informatique dans un centre commercial de quartier, à Pirmil. Aujourd'hui, l'entreprise emploie 80 salariés pour 12 millions d'euros de chiffre d'affaires. Antoine est entré dans la société en 1997 et la dirige complètement depuis 2007. Je lui cède mes parts pour me consacrer entièrement à Oceanet Technology (OT).

Votre autre entreprise ?

P. V. : Oui, en 1996, j'ai fondé Oceanet Technology, une entreprise qui intervient également dans le secteur informatique. Basés à Nantes, nous employons 150 salariés et allons réaliser 24 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2016, contre 21 millions en 2015 à périmètre constant. Je souhaite aujourd'hui me concentrer sur le développement d'OT.

Et vous Antoine, était-ce une évidence de vous associer avec votre frère aîné ?

A.V. : Non, j'ai commencé ma carrière en travaillant pour Carrefour puis Walmart en Amérique Latine. Quand je suis revenu en France, je voulais monter mon propre business. Dynamips existait déjà. Je savais que c'était risqué d'entreprendre en famille car on peut perdre sur les deux tableaux. Finalement je suis entré chez Dynamips en parlant très tôt d'association. Contrairement à ce que l'on nous avait préconisé, nous nous sommes associés à 50-50. Au fur et à mesure qu'OT a pris de l'ampleur, j'ai assumé davantage de responsabilités chez Dynamips. Et maintenant, il est sain que nous fassions notre chemin, chacun de notre côté.

Et vous Pierre, teniez-vous absolument à faire entrer votre frère dans la société ?

P. V. : J'étais très heureux d'intégrer Antoine qui avait une bonne expérience dans la distribution. Il avait des idées et je craignais surtout que mon activité manque de potentiel. J'étais également conscient des risques liés à toute association. En fait, notre association a très bien fonctionné et nous nous sommes par la suite également associés avec les hommes clés des deux entreprises.

Avez-vous toujours été d'accord sur la façon de gérer l'entreprise ?

P. V. : Nous sommes d'accord sur les thèmes fondamentaux. Et, même si nos caractères sont bien trempés, la confiance et l'écoute ont toujours été de mise entre nous. Quand nous avons un désaccord, on en parle, on laisse le sujet mûrir dans notre tête, nous prenons parfois des avis extérieur avant de trouver un consensus ou de trancher.

A.V. : les différences entre nous sont plus dans le style. Pierre est un homme de projet. Quant à moi, je suis plus dans l'opérationnel. J'aime les challenges et je suis toujours en veille pour saisir les bonnes opportunités quand elles se présentent.

Quels managers êtes-vous ?

P. V. : notre point commun, c'est que nous avons toujours été intéressés par l'innovation sociale. Nous sommes ainsi passés aux 35 heures dès 1997, avant les lois Aubry. Nous avons été les premiers en France à signer un accord d'annualisation du temps de travail. Gilles de Robien, alors Ministre du Travail, est d'ailleurs venu dans l'entreprise. En tant que chef d'entreprise, je crois à l'importance d'être authentique et cohérent dans son discours mais aussi dans ses actions. Je crois en l'exemplarité du dirigeant, à la proximité avec les salariés et à la cohérence sociale.

A.V. :: Je crois que le bonheur au travail est possible et nous y travaillons ! Formation, séminaires ou, de façon plus informelle, la DynaBouffe chaque vendredi à laquelle chacun est libre de s'inscrire, sont des moyens de partager et de vivre ensemble. Nos nouveaux locaux ont été agencés pour favoriser les échanges entre les collaborateurs. Nous avons notamment une grande salle de pause aménagée comme un salon et une salle de sieste pour recharger les batteries. Dynamips s'est engagée dans une démarche RSE qui renforce notre politique sociale. Par ailleurs, nos process internes sont formalisés et notre modèle d'agence de proximité est duplicable sur d'autres villes en France.

Maintenant que vos chemins se séparent, comment allez-vous fonctionner ?

P. V. : nous allons continuer à nous voir une fois par mois comme nous le faisions. Mais Antoine va pouvoir déployer pleinement son projet d'entreprise. Le fait de travailler ensemble ne nous a pas rapprochés sur le plan personnel. Maintenant que nous ne sommes plus associés, cela va peut-être faire évoluer nos relations sur ce plan.

A.V. : Sur le plan professionnel, mon objectif est de doubler le chiffre d'affaires de Dynamips d'ici 2022, notamment en relançant une démarche de croissance externe début 2017 pour faire deux acquisitions dans les cinq années à venir.

Propos recueillis par Caroline Scribe

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