Alpes-Maritimes
Tour de France des mécènes à Nice : les entreprises de la région sont-elles engagées ?
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Caroline Dérot déléguée régionale de l’Admical Tour de France des mécènes à Nice : les entreprises de la région sont-elles engagées ?

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Lancé fin 2016, le Tour de France des mécènes touche à sa fin. Pour sa 18e étape, il était, mardi 26 mars, à Nice, pour une soirée mêlant pédagogie et témoignages de chefs d’entreprises engagées telles EMR, Multari, Century 21, Scity.coop ou la Banque Populaire Méditerranée. Selon l’association Admical, à l’initiative de cet événement, la Région Sud compte 3 851 entreprises mécènes pour un total de dons de 40 M€ (en 2016). Des chiffres qui évoluent mais cachent encore de nombreux freins. Explications avec Caroline Dérot, déléguée régionale de l’Admical.

— Photo : Admical

Le Journal des Entreprises : La Région Sud est-elle un territoire important en matière de mécénat ?

Caroline Dérot : Elle est la troisième de France, derrière la région parisienne et Rhône-Alpes. C’est un territoire assez avant-gardiste, précurseur notamment sur les collectifs de mécènes. Mécènes du Sud, à Marseille, a été le premier, en 2003. Il soutient la création artistique contemporaine. Il a eu tellement de succès qu’il a "fait des petits" à Montpellier. Il y a d’autres collectifs : le Fonds épicurien qui œuvre autour de l’alimentation durable, Provence Mécénat qui agit particulièrement contre le mal-logement et le surendettement… Le mécénat peut se faire soit directement, soit en créant un fonds de dotation (avec 15 000€ minimum) ou en s’associant à plusieurs.

Qu’est-ce qui pousse une entreprise à s’engager ?

C.D. : Cela tient souvent à la personnalité du dirigeant qui a envie de faire plus que du business. A Saint-Maximin, dans le Var, le traiteur Roland Paix a une action à la fois auprès de la culture, en soutenant le ballet Prejlocaj ou le festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, mais aussi du handicap auprès de l’ADAPEI.

« Les nouvelles générations d’entrepreneurs n’attendent même pas de connaître le succès pour s’engager. »

Le mécénat n’est pas une question de taille. 90 % des mécènes sont des PME et TPE. Quand l’entreprise est florissante, le dirigeant se sent le devoir de rendre à son territoire ce qu’il a reçu. Aujourd’hui, on constate que les nouvelles générations d’entrepreneurs n’attendent même pas le succès pour s’engager. Ils donnent de leur temps, notamment dans l’informatique. On appelle cela le mécénat de compétences. Dans le passé, l’entreprise de bâtiment Cari, dans les Alpes-Maritimes, avait construit des chapes de béton pour les Restos du Cœur. C’est une fierté pour les entreprises.

Le deuxième effet est la défiscalisation. La loi Aillagon du 1er août 2003, permet une réduction d’impôt de 60 % pour les entreprises sur le montant des dons effectués.

Seules 9 % des entreprises françaises s’engagent dans le mécénat. Quels sont les freins ?

C.D. : Beaucoup pensent que pour être mécène, il faut donner beaucoup d’argent et que c’est compliqué. Le premier pas est de se dire : "Quelle cause me touche ?" Il suffit de choisir une association, de faire un don et de rencontrer une fois l’association en question dans l’année. C’est très simple ! Et l’effet de levier peut être immense.

Les patrons manquent souvent d’informations. C’est pourquoi nous organisons des petits déjeuners de mécènes trois fois par an dans la région. Le prochain aura lieu le 25 avril à la tour CMA-CGM. Cela s’adresse à ceux qui le sont déjà et à ceux qui sont curieux et intéressés par la question.

Quand on parle de mécénat, il est souvent question de culture, mais ça va au-delà ?

C.D. : En effet ! Il y a l’enfance, la santé, l’éducation, l’environnement, le sport amateur, la recherche… Par exemple, si vous êtes sensibles à l’insertion des jeunes, il y a la Fondation des Apprentis d’Auteuil ou Kroc’ Can, une entreprise d’insertion varoise qui œuvre dans la valorisation des déchets. A Aix-en-Provence, Voyage Privé a créé l’Ecole des XV, pour lutter contre le décrochage et l’échec scolaire, en proposant de l’aide aux devoirs, du soutien scolaire et des séances de rugby. L’hôtel la Pérouse à Nice récolte un euro par nuitée pour l’investir dans des actions solidaires. Nous avons de très belles ONG en Région Sud !

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