Co-gérant du cabinet d’architecte toulousain JDAI, maître d’œuvre et coordinateur en matière de sécurité et de protection de la santé, Jean-Charles Guillemot a imaginé le système constructif B2R+ en 2011. À l’époque, le gouvernement envisage de rendre obligatoire l’introduction d’un certain pourcentage de bois dans les constructions. De plus, il a le déclic quand il surprend un ouvrier attaquer un mur porteur au marteau piqueur sur un chantier… C’est sûr, il doit être possible de construire mieux, en évitant les malfaçons, tout en favorisant les matériaux d’origine naturelle.
Une logique de développement durable
Fort de 25 ans d’expérience dans le bâtiment, Jean-Charles Guillemot développe donc un procédé, breveté en 2013, qui remplace le « sandwich » classique : parpaing ou brique – isolant – plaque de plâtre. Le système constructif B2R+, aujourd’hui fabriqué et distribué par la société Syscobat créée en février 2016 (5 collaborateurs) et localisée à Ramonville, consiste en l’assemblage de panneaux de bois muraux, gainés, isolés et dimensionnés sur mesure, dans lesquels du béton liquide est coulé.
« Ce procédé de construction permet de respecter les normes parasismiques et anticycloniques au besoin, et surtout, se positionne dans une logique de développement durable, détaille Yves Martorana, président de Syscobat. En effet, nos panneaux sont constitués jusqu’à 85% d’éléments biosourcés – les 15% restants correspondent au béton – et leur assemblage facile limite la production de déchets de chantier. L’impact au carbone d’une construction est ainsi divisé par sept et le gain de temps est considérable : deux mois pour un chantier d’un an ».
En outre, à performance égale, un mur B2R+ est un tiers moins épais qu’un mur classique, ce qui augmente la surface habitable, et chaque panneau est doté d’un QR Code. « Tous les corps de métiers peuvent ainsi savoir si un panneau est posé, rempli de béton ou pas encore rien qu’en le scannant, ce qui fluidifie le suivi du chantier », ajoute Yves Martorana.
300 logements en perspective
Grâce à son innovation, Syscobat a été lauréat de l’appel à projet « Logement du 3e millénaire au service au développement durable » lancé par Toulouse Métropole Habitat. Par ailleurs, le carnet de commandes de l’entreprise est d’ores et déjà rempli de 300 logements pour la période 2018-2019, dont par exemple 19 en Ariège, 22 en région parisienne et 117 à Melun.
Pour mener à bien tous ces chantiers, Syscobat a levé 450 000 € fin décembre, dont 300 000 € auprès de ADP Holding et 150 000 € auprès du promoteur Pilot Invest. Ces fonds devraient notamment permettre à la société ramonvilloise d’embaucher entre cinq et dix personnes cette année.
