Sur la Côte d’Azur, les acteurs du tourisme tentent de séduire les saisonniers
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Sur la Côte d’Azur, les acteurs du tourisme tentent de séduire les saisonniers

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Alors que la saison estivale s’annonce sous d’heureux auspices, la pénurie de main-d’œuvre et les difficultés à recruter dans le tourisme demeurent. Pour y remédier, les acteurs azuréens du secteur s’adaptent au mieux, proposant une hausse des salaires et de meilleures conditions de travail mais ils savent qu’il faut aussi mener une action sur le long terme.

Les professionnels du tourisme azuréens, comme ici à Nice, cherchent toujours des saisonniers — Photo : Olivia Oreggia

Plus de 560 postes de personnel de cuisine, 430 en service restauration, 130 en réception hôtelière, 120 de personnel d’étage… En ce début mai, les professionnels du tourisme cherchent toujours des candidats, à l’année et pour la saison.

Capfun est le spécialiste des campings quatre étoiles avec 172 établissements en France et en Europe. Basé à Mouans-Sartoux, entre Cannes et Grasse, le groupe familial (CA 2021 : 430 M€) vient de racheter le camping de l’Orée d’Azur, tout près de son siège à Opio. Mais il lui manque toujours un directeur technique. "On cherche une personne habituée à conduire des chantiers, explique Nicolas Houé, directeur général. Pour ce poste, les salaires vont de 2 600 à 3 500 euros." Quant aux saisonniers, il en manque encore près de 500, essentiellement des postes de femmes de ménage, d’animateurs et d’agents de réception. "Recruter était déjà compliqué l’an dernier, mais ça l’est particulièrement cette année."

6 000 personnes recherchées

Tout confondu, "le secteur du tourisme cherche près de 6 000 personnes dans les Alpes-Maritimes, dont plus de 1 500 sur le bassin cannois, affirme la présidente du syndicat des hôteliers de Cannes et du bassin cannois qui regroupe 120 hôtels. Pour autant, Christine Welter refuse d’être alarmiste. "Nous avons suffisamment de personnel à ce jour pour gérer la réouverture de l’hôtellerie et pour faire un beau Festival de Cannes. Mais il est vrai que ce n’est pas simple de recruter des saisonniers car ces deux dernières années, avec la crise sanitaire, ils se sont écartés du tourisme, faute de pouvoir recevoir des garanties suffisantes. Il faut désormais les retrouver, les séduire." Séduire de nouveaux profils et faire rester ceux qui sont déjà dans le métier, la problématique est désormais double. "Le tourisme attire toujours, il reste un ascenseur social mais il y a une réorientation des salariés du secteur, confirme Jean-Marie Poutz, expert départemental Hôtellerie-Restauration-Tourisme à Pôle emploi. Les professionnels en ont pris la mesure. Il y a désormais moins de coupures en journée dans la restauration. On travaille aussi avec eux sur les savoir-faire, on élabore des formations, ainsi que sur le savoir-être : comment intégrer les codes de l’entreprise, les codes de la relation client, sur la motivation, la ponctualité."
"En plus de la revalorisation des salaires, on a une mutuelle exceptionnelle, deux jours de repos consécutifs en semaine… On a mis des choses dans la corbeille de la mariée ! reprend Christine Welter. Nous savons que c’est une course de fonds. L’image du secteur a été dégradée. C’est pour cela que nous allons dans les collèges pour donner envie, pour expliquer qu’on n’est pas obligés de passer une école hôtelière, pour exposer les opportunités de voyages ou de rencontres qu’offre le métier !"

"On a trop tiré sur la corde"

Marlène Daver est la directrice des ressources humaines du Carlton, à Cannes. À ses yeux, il était temps que les professionnels se penchent sur les conditions de travail et donc d’attractivité de leurs métiers.

Le mythique hôtel Carlton situé sur la Croisette, à Cannes — Photo : Olivia Oreggia

"Nous n’avons pour ainsi dire pas de difficulté pour recruter. La raison est simple : nous payons mieux, nettement au-dessus de nos concurrents, et nous sommes aux 35 heures." Quant aux heures supplémentaires, aisément identifiées grâce à une badgeuse horaires, elles sont récupérées. Au Carlton, saisonniers et extras reviennent ainsi facilement, avec une fidélité certaine. "Dans le secteur, on a trop tiré sur la corde. Il y a toujours eu un gros déséquilibre entre vie professionnelle et vie privée. Dans des établissements comme le nôtre, on demande aux employés d’avoir une attitude luxe, de parler anglais, d’avoir des compétences particulières, mais à côté de ça, ils devraient travailler le soir, les week-ends, à Noël, pendant les vacances, le tout pour de bas salaires ? Ce n’est pas possible. Il y a un nécessaire réajustement sociétal, induit par le Covid. Mais on ne peut pas jeter la pierre aux employeurs, les petits établissements, restaurateurs ou hôteliers, ne peuvent pas facilement augmenter les salaires."
Actuellement fermé pour de grands travaux de rénovation et d'extension, le mythique hôtel cannois rouvrira ses portes au printemps 2023. De 255 CDI à ce jour, Marlène Daver devra alors recruter une centaine d’employés supplémentaires.
Dans les Alpes-Maritimes, le tourisme regroupe quelque 75 000 emplois directs.

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