Sébastien Musset ( Les Terres de Nataé) : "Placer le curseur entre réalité économique et passion"
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Sébastien Musset PDG Les Terres de Nataé  "Placer le curseur entre réalité économique et passion"

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Sébastien Musset est à la tête du parc animalier Les Terres de Nataé. Ce chef d'entreprise costarmoricain s'est associé à un pool d'investisseurs pour donner un autre avenir au zoo de Pont-Scorff. 4 millions d'euros sont investis dans des travaux. Les premiers visiteurs sont attendus en juin 2022.

En reprenant l'ancien zoo de Pont-Scorff, Sébastien Musset ouvre une nouvelle voie à un parc animalier orienté vers la préservation des espèces et des animaux. — Photo : Ségolène Mahias

Qu’est qui amène le coach en stratégie d’entreprise, co-dirigeant d’un restaurant dans les Côtes-d’Armor et ancien directeur général adjoint du groupe Arkea à s’investir dans le projet de reprise du zoo de Pont-Scorff ?

C’est un ensemble de choses. J’ai un attachement familial fort avec la Bretagne. Je vis désormais à Perros-Guirec (Côtes-d'Armor) où nous avons un restaurant avec mon épouse tout en ayant également des activités de conseil aux entreprises. J’ai aussi une passion depuis l’enfance pour les animaux ; à tel point que mes proches m’ont souvent dit "toi, tu finiras à la tête d’une structure animalière un jour ou l’autre" ! Et puis, un ami m’a envoyé un article sur le zoo de Pont-Scorff qui, après de nombreuses péripéties et une liquidation judiciaire, cherchait un repreneur. J’ai pensé "Chiche, on essaye" ; le tout à une période où on proposait deux autres opportunités professionnelles. J’ai alors pris contact avec les milieux économiques et politiques morbihannais pour affiner ma vision du sujet avec le passif et aussi le positif. J’ai reçu un excellent accueil et du soutien notamment de Lorient Agglomération et de la préfecture. J’ai aussi rencontré des acteurs du monde des parcs zoologiques. Il fallait placer le curseur à sa juste place, à savoir entre passion et réalité économique. J’ai rencontré le cabinet d’expertise comptable Figeco à Quéven. J’avais donc une vision et un historique du parc. Banco, le 21 mai, mon dossier de reprise a été retenu par le tribunal de commerce de Lorient.

Vous reprenez avec un pool d’investisseurs à vos côtés, qui sont-ils ?

En prenant la mesure du projet, des investissements nécessaires pour remettre en état le site et le mettre sur les rails pour le futur, je me suis rendu compte que l’investissement allait être plus important que je ne l’imaginais au départ. Il fallait donc envisager l’entrée d’investisseurs et donc un peu diluer le capital. Un pool s’est constitué avec de la love money abondée par des proches. J’ai également d’autres investisseurs issus d’univers différents. On retrouve dans l’univers de l’entreprise, une professionnelle du redressement en la personne de Fanny Letier, ancienne directrice exécutive fonds propres PME de Bpifrance. Elle sait exactement ce qu’un entrepreneur vit lors de ce type de reprise. François Rivolier, ancien directeur du capital investissement à la Société Générale apporte aussi son expérience (Fanny Letier et François Rivolier sont aujourd’hui co-fondateurs de Geneo, la société de capital investissement, NDLR), la famille Carle, fondatrice des crèches Babilou est aussi au capital. Sur l’aspect touristique, je compte à mes côtés, la société Omniris de Yann Kowalski, qui propose des solutions de billetterie, contrôle d’accès… Enfin, le pool est complété par la famille Kerjouan, des entrepreneurs lorientais qui sont à la tête de Joker Finances. Le capital atteint 4,2 millions d'euros. Nous avons aussi le concours de deux établissements bancaires : Banque Populaire Grand Ouest (BPGO) et Le Crédit Agricole du Morbihan.

Quel projet portez-vous pour ce site ?

Le parc animalier de Pont-Scorff va être basé sur la préservation des espèces et celles des animaux. Je m’explique. La partie liée aux espèces renvoie à la conservation et la réintroduction dans leur milieu d’origine. En Europe, l’association EAZA coordonne cela. Nous discutons actuellement avec eux pour définir les besoins selon les espèces. De l’autre côté, il y a la partie concernant la protection des animaux par exemple ceux issus de trafic ou de mauvais traitement. Nous sommes dans l’esprit refuge. Les visiteurs pourront découvrir cela tout en découvrant l’histoire de la Bretagne via les corsaires et ses grands explorateurs. Nous travaillons avec une société pour créer ce parcours visiteur que l’on veut très immersif. Le site a vocation à accueillir également un centre de soins comme il en existe un dans le Grand Est où l’on soigne des hérissons, chouettes, phoques… Nous créerons sans doute une fondation pour cette activité-là qui pourra être soutenue par des particuliers et des entreprises.

À quelle échéance le parc devrait-il ouvrir et quid de son équilibre économique ?

Quatre millions d’euros sont investis pour remettre à niveau le lieu et y développer notre projet. Il n’y avait pas eu d’investissements depuis 12 ans et plus d’entretien depuis 5 ans. Notre objectif est d’ouvrir en juin 2022 avec ce que nous aurons pu refaire à date. Le parc accueillera alors du public de juin à octobre avant une nouvelle période de travaux. Nous visons l’accueil de 130 à 140 000 visiteurs en année 1. La volonté est que le parc soit à l’équilibre d’ici cinq ans. Les actionnaires ont pris l’engagement de ne pas prendre de dividendes pendant cette période, tout sera réinjecté pour investir.

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