Safran Helicopter Engines renoue avec une forte croissance et des investissements sans précédent
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Safran Helicopter Engines renoue avec une forte croissance et des investissements sans précédent

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Implantée majoritairement dans les Pyrénées-Atlantiques et dans les Landes, Safran Helicopter Engines a retrouvé son niveau d’activité d’avant-crise. Avec un carnet de commandes plein sur deux ans, l’entreprise jongle avec les défis du recrutement et de l’approvisionnement. Son nouveau président, Cédric Goubet, annonce de belles perspectives.

Parmi la dizaine de modèles fabriqués par Safran Helicopter Engines, Ariel représente à lui seul la moitié des moteurs vendus. C’est lui qui équipe notamment les Écureuil — Photo : Caroline Ansart

Au pied des Pyrénées, dans la banlieue de Pau, le siège de Safran Helicopter Engines carbure. 2 500 collaborateurs - sur les 5 800 que compte l’entreprise, dont 4 000 en France - y fabriquent sept jours sur sept les moteurs qui équiperont un hélicoptère sur trois vendus dans le monde. Acteur majeur dans son secteur, la société est l’une des plus importantes du groupe aéronautique Safran (83 000 salariés, 19 Md€ de CA) et nourrit son chiffre d’affaires - 1,32 milliard d’euros - du civil autant que du militaire.

Safran Helicopter Engines dispose d’implantations au Brésil et aux États-Unis et d’un site, en région parisienne, employant 150 personnes. Localement, elle est l’un des plus gros employeurs privés dans les Pyrénées-Atlantiques (à Bordes, qui produit et assemble les moteurs) et dans les Landes (à Tarnos, spécialisé dans la maintenance, qui regroupe 1 500 personnes). Une position qui ne devrait pas changer au regard des prévisions de croissance.

Tous les voyants au vert

"Nous avons retrouvé notre niveau d’activité de 2019, et même au-delà. Nous sommes dans un contexte de fort rebond du marché de l’hélicoptère et donc de sa propulsion", confirme Cédric Goubet, aux commandes depuis avril. La crise est passée, le carnet de commandes est plein pour deux ans. "Cela faisait longtemps que le marché n’avait pas eu la promesse d’une vigueur sur plusieurs années."

Plus volatile que celui de l’aviation "à ailes fixes", il doit son regain de dynamisme à plusieurs facteurs. "Nous arrivons dans une phase de renouvellement d’équipement pour les pays occidentaux ; nous avons aussi beaucoup de demandes des pays émergents. Et tous les budgets de la défense sont à la hausse", analyse Cédric Goubet. "La loi de programmation militaire 2024-2030 - encore en cours de discussions - n’oublie pas les hélicoptères avec une augmentation des ressources que l’on n’avait pas vue, une fois encore, depuis des années."

Concrètement, Safran Helicopter Engines prévoit de passer d’une production de 500 moteurs sortis l’an dernier de l’usine de Bordes "à plus de 1 000 par an d’ici fin 2024-début 2025." Sachant qu’un tel niveau n’a pas été atteint depuis 2009. Encore faut-il en avoir les moyens.

"Nous pourrions vendre davantage"

Le secteur, comme tant d’autres, est confronté à une crise profonde des chaînes d’approvisionnement. "Nous en recevons, mais pas toujours au bon rythme ni au bon niveau. Cela nous freine. Nous pourrions produire davantage et vendre davantage. C’est frustrant de ne pas avoir les flux. C’est une bagarre quotidienne pour finir les moteurs et livrer les clients", avoue le président. "Une grande partie des fournisseurs est en France dont un quart dans le Sud-Ouest", mais la problématique reste entière. Les 1 500 pièces en moyenne qui composent un moteur ne sont pas toutes fabriquées en interne.

"Nous essayons de tirer les leçons, de revoir des designs pour sécuriser les approvisionnements, mais nous n’avons pas toujours le choix au regard des contraintes de sécurité." Le salut pourrait émaner en partie de la fabrication additive dont le dirigeant imagine volontiers qu’elle s’imposera à l’avenir. Sans résoudre à elle seule tout le casse-tête actuel puisqu’au côté du défi de l’approvisionnement se tient celui tout aussi crucial du recrutement.

Le site de Bordes (Pyrénées-Atlantiques) emploie 2 500 personnes — Photo : Adrien Daste / Safran

Le défi du recrutement

400 personnes ont été recrutées l’an dernier. Safran Helicopter Engines en cherche autant d’ici la fin de l’année. "Cette année cela prend un peu de temps et demande plus d’efforts. Nous devons nous remettre en question et séduire." De chaudronnier à ingénieur, l’entreprise embauche tous azimuts, à grand renfort de communication et process inédits : campagne d’affichage dans Bordeaux, jobs dating, prime à la mobilité jusqu’à 4 000 euros…

Le tapis rouge est déroulé avec la promesse de multiples avantages (primes, comité d’entreprise, etc.), d’un faible turn-over et de régions attrayantes. Le tissu local ne suffit plus, aussi l’entreprise ratisse désormais plus largement : des recruteurs de Safran sont envoyés au Bourget pour démarcher les "talents" et des événements sont organisés en régions. Après Toulouse en avril, l’entreprise table sur Bordeaux, Poitiers et Rodez pour ses prochains jobs dating et s’ouvre à des "profils atypiques". "Nous réfléchissons à développer nos formations et écoles en interne pour continuer à maîtriser notre destinée. Si nous ajoutons une difficulté capacitaire à notre difficulté d’approvisionnement, nous ne parviendrons pas à l’objectif de production." Alors même que 80 % des hélicoptères motorisés par Safran "ont pour mission de sauver des vies" (secours médical, sauvetage, lutte contre les incendies, gendarmerie…). Un argument phare pour convaincre les candidats et une pression supplémentaire pour "ne pas faire attendre nos clients" (à 50 % Airbus, puis l’indien HAL et l’américain Bell pour les principaux).

Le chantier de la décarbonation

En parallèle l’entreprise poursuit ses investissements. "Nous sommes dans un cycle sans précédent à raison de 300 millions d’euros par an pour moderniser et digitaliser nos sites à Bordes et Tarnos, ainsi que la R & D dans des proportions inédites", estime Cédric Goubet. En ébullition, le bureau d’études (1 000 personnes) planche sur la décarbonation et l’hybridation électrique. "Nous travaillons aussi à l’éco-mode bimoteur, équivalent du stop and start des voitures." Quant à l’hydrogène, "Safran a une feuille de route, nous regardons le potentiel, c’est très disruptif".

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