Voilà quelques semaines, un robot sous-marin, baptisé BathyBot s’est installé pour une dizaine d’années à 2 400 mètres de profondeur au large de Toulon sous une rampe artificielle de 4,5 mètres de long dont la forme alvéolaire a été inspirée par des vertébrés sous-marins. Près de six mois après la fusion des deux agences parisienne et marseillaise, cette maison sous-marine imaginée par le Labs de Rougerie + Tangram, symbolise l’ambition de l’agence d’architectes, qui compte aujourd’hui 80 salariés dont 70 à Marseille et enregistre un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros. "Notre rapprochement est une fusion de passion. Par notre association, nous voulons apporter des réponses aux grandes questions de demain, notamment sur la transition écologique, sur l’environnement…", confie Emmanuel Dujardin, président de Rougerie + Tangram. L’agence intervient ainsi dans trois secteurs : la terre, la mer et l’espace. "Les humains ont toujours vécu sur le littoral. Désormais, avec le réchauffement climatique, la montée des eaux, l’océan prend bien plus d’importance. Tout le savoir-faire acquis dans le monde sous-marin pourra être demain appliqué à l’espace. Et notre travail reste concentré sur le biomimétisme…" A l’image de cette rampe immergée dans le Var pour servir de refuge à un robot et dont l’agence espère que des micro-organismes, mais aussi des crustacés, des poissons, des étoiles de mer ou des éponges, y éliront domicile. Symboliquement également, le cabinet Rougerie est installé sur une péniche en bord de Seine et les équipes de Tangram, à Marseille, ont rénové et intégré voici trois ans, l’ancien bâtiment des Affaires Maritimes. "L’eau est un véritable lien entre nous", confirme Jacques Rougerie.
Un équilibre entre la clientèle du public et celle du privé
La raison d’être de l’entreprise : "inventer, transformer, impacter. Nous devons en effet innover pour transformer le monde. Par ailleurs, le système humain doit être impacté pour changer. Par nos actions, par nos réflexions, nous pouvons influencer les décideurs. Il n’y a plus de temps à attendre".
Si Tangram était davantage orienté vers une clientèle privée (75 % de l’activité), Rougerie, de son côté, travaillait à 95 % avec le public. "Dans les trois ans, Rougerie + Tangram sera à 50/50. Le monde du public a parfois d’importants temps de latence, dûs notamment aux élections. Le secteur privé peut compenser ces fluctuations de l’activité. Il faut se diversifier. En type de projets, mais également géographiquement. Une agence repose sur les compétences de ses équipes. Pour conserver les savoir-faire, il faut pouvoir proposer des missions variées : bureaux, hôtels, logements, résidences étudiantes, sièges sociaux d’entreprise…" L’agence a ainsi récemment réalisé le nouveau siège social de la société aixoise Voyage privé.
Une ambition internationale
L’agence, qui a ainsi réalisé la plupart des musées de la mer de l’Hexagone (à Cherbourg, à Brest…) et une cinquantaine de piscines pour des collectivités, est actuellement sollicitée pour la création d’un grand musée de la mer en Chine. "La nouvelle agence nous permet d’avoir une ambition résolument internationale. Nous comptons une quinzaine de nationalités au sein de notre équipe et nous sommes sollicités pour des projets en Ukraine, au Qatar…"
Afin de toujours mobiliser ses équipes sur des sujets innovants, Tangram a mis sur pied un Lab depuis une dizaine d’années. Rougerie avait fait de même 30 ans plus tôt. Aujourd’hui les deux Labs ont fusionné et ils constituent le cerveau et le moteur de la nouvelle agence. "Pour innover, il faut en avoir la volonté. Dans le Lab, nous cherchons à mettre quelque chose de différent dans chacun de nos traits de crayon et cela nous positionne aujourd’hui comme une agence résolument innovante".
