Marseille
Renaud Tarrazi (Map) : "Le télétravail a entraîné une redéfinition des espaces de bureaux"
Interview Marseille # Immobilier

Renaud Tarrazi co-associé de l’agence d’architecte Map (Marseille architecture Partenaire) "Le télétravail a entraîné une redéfinition des espaces de bureaux"

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Renaud Tarrazi, l’un des quatre associés de l’agence Map (Marseille Architecture Partenaire) qui a vu le jour il y a une dizaine d’années revient sur les effets de la crise du coronavirus dans la conception des espaces de travail et sur la prise en compte de l’environnement dans l’acte de construire.

Renaud Tarrazi, co-associé de l'agence d'architecte Map — Photo : DR

La crise sanitaire liée au coronavirus a-t-elle modifié les comportements de vos clients ? A-t-elle eu des répercussions sur l’art de construire ?

La crise et les effets du confinement ont confirmé des tendances qui se dessinaient déjà. Pour les particuliers, le besoin d’espaces extérieurs, jardins ou terrasses est plus présent que jamais. Les gens veulent vivre à l’extérieur. De même, dans le tertiaire, le télétravail a entraîné une redéfinition de l’espace de travail. Dans cette perspective, le bureau ne devient pas simplement un lieu où l’on travaille, mais également un lieu de vie à part entière, un lieu de sociabilité. Il doit donc être plus agréable, plus bienveillant. Nous travaillons sur des dossiers où nous réhabilitons 100 % d’immeubles de bureaux de moins de 15 ans, afin de créer des zones d’accueil, des espaces verts…

Avec le télétravail, les salariés ont découvert qu’ils pouvaient travailler de chez eux. Quand ils vont dans l’entreprise, ils ne sont plus devant un ordinateur, mais participent à des réunions. La crise sanitaire a enfin amplifié la création d’espaces de coworking. Des tiers lieux, qui n’appartiennent pas à l’entreprise, mais dans lesquels les salariés se retrouvent. Tous ces phénomènes sont sources de réflexion. Pendant le confinement, nous avons planché sur une sorte de kit de travail à la maison, comme une boîte, qui permettrait de s’isoler et se concentrer. Nous avons également dessiné un appartement idéal adapté à la pandémie. Avec des espaces pour le sport, un sas à l’entrée pour recevoir les livreurs… Cette crise a été une source de réflexion…

L’environnement est de plus en plus fréquemment pris en compte dans la conception des immeubles de logement et de bureaux. Est-il facile de repenser les méthodes de conception et comment vos clients réagissent-ils à cette tendance ?

Le respect de l’environnement est aujourd’hui une règle prioritaire de l’acte de construire. Il faut que nous soyons vigilants sur les innovations dans ce domaine. Au sein de Map, une personne est dédiée à 100 % à ce thème. La bio construction est particulièrement intéressante. Il n’est plus question d’ouvrir de grandes baies vitrées plein sud. On se protège du Mistral, on utilise la végétation comme écran. Les anciens mettaient déjà ces idées en place. Nous nous inspirons de ce qui était fait dans les bastides du début du XXe siècle, ou dans les kasbahs d’Afrique du nord, qui savaient notamment utiliser des fontaines dans des patios afin de créer une ventilation naturelle. Beaucoup de choses que l’on a oubliées et qui resurgissent.

Un bâtiment a deux coûts indissociables : celui de la construction et celui de l’utilisation. Trop souvent on a minimisé le premier au détriment du second. Chez Map nous réfléchissons à réduire le coût global et les clients utilisateurs (bailleurs sociaux, centres commerciaux…) sont assez sensibles à la démarche. Les promoteurs font parfois l’impasse, mais leurs clients, particuliers ou entreprises, sont de plus en plus sensibilisés à ces questions. Dans le monde de l’entreprise, les nouvelles générations sont de plus en plus attachées à ces valeurs et, dans le cadre de recrutements, cela peut être décisif pour séduire de nouveaux talents.

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