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Pourquoi la laiterie Coralis parie sur un ancrage local
Rennes # Agroalimentaire

Pourquoi la laiterie Coralis parie sur un ancrage local

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Alors que l'industrie laitière se mondialise, l'entreprise bretonne Coralis, une entité du groupe agroalimentaire normand Agrial, fait le pari du local. Le lait est collecté et vendu localement : un circuit court qui prend de l'ampleur.

Si les marques distributeurs portent l'activité de Coralis, que dirige Thierry Collineau, la marque Agrilait, collectée et commercialisée localement, est en croissance. — Photo : Pierre Gicquel

Lors de son intégration en 2014 au sein du groupe agroalimentaire normand Agrial (22 000 salariés, 13 000 agriculteurs adhérents, 5,5 Md€ de CA en 2017) et sa filière lait Eurial (4 000 salariés, 4 600 adhérents, 2 Md€ de CA en 2017), le groupe rennais Coralis s'est fondu dans la masse pour devenir la laiterie Coralis. Profitant ainsi d'une nouvelle force financière et d'un réseau mondial, Coralis affichait alors des ambitions internationales, avec l'idée de passer de 5 à 10 millions de litres de lait exportés vers l'Afrique et la Chine, soit près de 10 % de sa production annuelle. Le tout dans un contexte d'érosion lente de la consommation française en produits laitiers (-2 % par an).

Le local d'abord

Quatre ans plus tard, Thierry Collineau, directeur de l'usine installée aux portes de Rennes, à Cesson-Sévigné, affiche d'autres ambitions : « Nous privilégions la régionalisation. Même si nous avons toujours une part à l'export, celle-ci est minime. » Il faut dire qu'avant même la fusion en 2014, la marque emblématique de la laiterie, Agrilait, avait déjà le vent en poupe. « Agrilait progresse et représente aujourd'hui 10 % de notre production. Le lait est collecté à 40 km à la ronde, parmi près d'un millier de producteurs bretons adhérents, et est commercialisé dans la région. »

Face à cette réussite, Agrial a dupliqué la recette Agrilait en Normandie dès 2014. Seule différence, le lait est made in Normandie, est vendu en Normandie et les briques arborent une vache au drapeau normand. Ce sont donc désormais 1 800 producteurs qui sont engagés des deux côtés du Couesnon dans cette filière locale, sur les 4 600 que compte Eurial.

Une petite part qui grandit

Même s'il s'agit de 10 % seulement de la production, le signe est encourageant pour Thierry Collineau : « Nous ouvrons les portes de l'usine au grand public depuis une dizaine d'années, lors de la Journée mondiale du lait, avec plus de mille visiteurs. Cela démontre l'attachement des consommateurs à notre marque et nous pousse à persévérer. » Tout cela juste après l'affaire Lactalis, mais aussi en parallèle du désengagement de Synutra dans le Cotentin et en Finistère, signe que l'eldorado chinois n'est peut-être pas aussi fiable qu'il n'y paraît…

En attendant de voir cette part de local grandir, la laiterie continue à produire du lait en marque distributeur premier prix, qui porte l'essentiel de la production. En tout, ce sont près de 200 millions de litres de lait par an qui transitent par l'usine, qui les transforme en lait UHT, en crème (4 à 5 millions de litres par an) et en beurre (4 500 tonnes par an).

1 million d'euros investis par an

En 2011, Coralis avait investi dans des machines pour mettre le lait en pack Edge – deux unités en France en produisent — un pack en carton et sans plastique. En 2014, un million d'euros était investi pour la production de lait UHT. Depuis l'intégration au sein d'Agrial, « près d'un million d'euros sont investis chaque année. Récemment pour la sécurité industrielle et pour la sécurité au travail. Cela à permis de réduire drastiquement le nombre d'accidents du travail », souligne Thierry Collineau.

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