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Pour l’UPE06, les patrons azuréens devront être très résilients cette année
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Pour l’UPE06, les patrons azuréens devront être très résilients cette année

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Lancement d’un fonds d’investissement pour les PME, création d’un club pour les ETI, développement d’une structure événementielle… l’UPE 06 s’affiche en ordre de bataille pour accompagner et faire grandir les entreprises azuréennes dans une année qui s’annonce très difficile économiquement. Et dans un contexte où, selon son président, Pierre Ippolito, la "valeur travail" ne fait que reculer.

Pierre Ippolito (à droite) est président de l’UPE 06 depuis juin 2022. Fabien Paul est le premier vice-président de l’Union pour l’Entreprise des Alpes-Maritimes — Photo : Olivia Oreggia

En guise de vœux, l’UPE06 a donné sa feuille route pour 2024. Une année qui s’annonce difficile, entre défaillances d’entreprises et chômage. "Il va falloir être très résilient, affirme Pierre Ippolito, patron des patrons azuréens. Mais ça tombe bien car les entrepreneurs des Alpes-Maritimes sont très résistants, très résilients et très motivés."

Une dérogation pour le logement maralpin

Le bâtiment et l’immobilier sont aux avant-postes de cette crise annoncée. "Ce sera le plus criant de 2024 en termes de destructions d’emplois et de valeur. Nous sommes en récession mais nous sommes encore très loin de ce qui va vraiment se passer. Car ici, nous sommes toujours en décalage lorsqu’il y a une crise, quand il y a un rebond aussi. Mais la crise du logement va être catastrophique. De nombreuses agences immobilières ferment déjà. D’où la création d’une "task force" que l’Union pour l’Entreprise a lancée, en complément de l’Observatoire de l’Immobilier de la CCI Nice Côte d’Azur, aux côtés des fédérations du BTP, des promoteurs, des architectes, des notaires et la FNAIM. L’objectif est de "synthétiser des propositions claires, entendables, concrètes pour limiter cette casse sur l’emploi. Des propositions qui devront aussi être traitées au niveau national et législatif pour que les Alpes-Maritimes soient dans une logique dérogatoire, car nous sommes dans une situation exceptionnelle, entre un tourisme très fort et des contraintes foncières très lourdes, notamment liées aux inondations. Sans dérogation, le logement dans les Alpes-Maritimes mourra. Et si nous n’avons pas de logement pour nos actifs, nous n’aurons plus d’actifs, plus d’attractivité, plus d’entreprises." Pierre Ippolito promet même des "opérations coup de poing" si les acteurs économiques maralpins n’étaient pas entendus.

Soutenir la "vraie économie"

Le président, tout juste nommé membre du conseil exécutif du Medef, a aussi fustigé le coût du travail trop élevé, l’effet pervers des PGE, les lourdeurs administratives ou encore les taxes qui "ne font que sortir. Comme celle sur les infrastructures, soit 5 millions d’euros pour l’aéroport de Nice qui est notre poumon économique, ou celle sur les bureaux du tertiaire pour compenser une partie de la mobilité ferroviaire. L’UP va référencer toutes les nouvelles taxes créées depuis le Covid. On verra qu’il faut laisser les entreprises respirer un peu."

"La vraie économie a peut-être été un peu oubliée. Si la France est une start-up nation, les Alpes-Maritimes sont une PME nation."

Pour leur donner de l’air, le syndicat patronal s’affiche ainsi clairement dans l’action. À commencer par la création du fonds d’investissement Boost, dont le lancement est prévu en mars ou avril prochain. Il est dédié aux entreprises dont le chiffre d’affaires est compris entre 1 à 6 millions d’euros et qui ont pour ambition de le doubler en trois ans et de faire notamment de la croissance externe. "C’est une réponse à notre territoire, un outil d’autant plus important que l’accès au financement est plus complexe, à cause notamment de la hausse des taux. Nous avons déjà bouclé plus de 10 millions d’euros venant de banques, de la CCI Nice Côte d’Azur et d’entreprises privées du territoire. Nous pourrons ainsi toucher un restaurant, une agence immobilière, un petit industriel ou une entreprise de jardinage, à savoir la "vraie économie" qui a été un peu oubliée. La France est peut-être une start-up nation, mais les Alpes-Maritimes restent une PME nation. Notre rêve est que les TPE deviennent des PME, que les grosses PME deviennent des ETI et que notre tissu économique passe de 92 % de TPE aujourd’hui à peut-être à 85 % d’ici 10 ou 15 ans afin d’avoir un tissu économique un peu plus solide."

Création du club Étincelles 06

Autre initiative, la création du club des sociétés à mission et du club Étincelles 06, pour fédérer les ETI du département. Une vingtaine d’entre elles, qui génèrent plus de 30 millions d’euros de chiffre d’affaires, a déjà accepté de le rejoindre.
L’UPE06 a aussi décidé d’accélérer sur le front de l’événementiel en structurant ses projets sous la nouvelle bannière UPE06 Events. Il s’agit de pouvoir créer davantage de salons, à l’image d’Alcyon, qui se tiendra à Mandelieu début juillet, autour de la transition énergétique. "Cette dynamique événementielle crée de l’optimisme, des échanges et donc de la valeur entre nos entreprises", assure Pierre Ippolito.

"Valeur travail" et QVT

Mais il le sait, tout cela ne suffira pas. Il faut, au-delà des actions, poser certains débats, engageant notamment la place de l’entreprise et du travail. "C’est un véritable enjeu en 2024 : comment remettre dans notre société la "valeur travail" qui a été abandonnée, alors que c’est elle qui porte notre économie ?" Fabien Paul, premier vice-président de l’UP et président de la CPME 06, estime même : "Ce que l’on appelle "avancées sociales" éloigne un peu plus à chaque fois les salariés du travail, à l’image du congé paternité, porté jusqu’à 30 jours, du congé menstruel, du télétravail… Et tout cela a un impact sur la productivité". "Pour motiver les collaborateurs et attirer des talents, je crois que l’on a tous fait l’erreur d’ajouter des avantages sociaux dans l’entreprise, reprend Pierre Ippolito. On parle de QVT - Qualité de Vie au Travail -, de semaine des quatre jours… mais tout ce que l’on a pu mettre en place ces dix dernières années n’a pas eu d’effet positif sur la pénurie de main-d’œuvre, l’absentéisme ou le turn-over qui n’ont fait augmenter. QVT et "valeur travail" sont-ils vraiment compatibles ? Je n’ai pas la réponse mais il y a un vrai questionnement."

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