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Peg tisse son avenir avec l’isolation durable
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Peg tisse son avenir avec l’isolation durable

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Le groupe Peg, spécialisé dans les produits de literie et dans l’isolation pour les bâtiments, continue d’axer son développement sur la recyclabilité de ses produits et le respect de l’environnement, au travers des marchés du bâtiment et de la literie. En pleine croissance, l’entreprise travaille sur un projet de nouvelle plateforme logistique et sur le développement du e-commerce.

Le groupe Peg emploie au total 110 salariés et jusqu’à 140 en haute saison — Photo : Peg

Acteur majeur de l’effilochage du textile normand depuis 1850, l’entreprise Peg (du nom de son créateur Paul Édouard Guerot en 1850), n’a cessé de se développer depuis plus d’un siècle en misant sur ce qui a fait son ADN dès l’origine : la recyclabilité des matériaux et l’isolation durable. "Depuis sa création, Peg fait figure de véritable précurseur dans le domaine de la revalorisation des déchets. Aujourd’hui, nous continuons à travailler dans cette optique", confirme Manon Comalada, descendante du fondateur de l’entreprise, soit la 4e génération, qui a repris le flambeau familial en octobre 2022. L’entreprise, qui emploie 110 salariés (jusqu’à 140 en haute saison) dans ses deux usines, à Dénestanville près de Dieppe et Varneville-Bretteville près de Rouen, surfe aujourd’hui sur trois marchés principaux : la literie, l’habillement, l’isolation dans le bâtiment. En pleine croissance avec un chiffre d’affaires de plus de 26,2 millions d’euros en 2022 (contre 21,8 M€ en 2019), le groupe va investir 500 000 euros dans une nouvelle machine industrielle en mars et envisage d’installer une plateforme logistique, détachée des sites de production, mais située à proximité, (investissement non communiqué). "Le terrain a été acheté il y a une dizaine d’années dans la perspective du développement de notre production. La plateforme nous permettra également d’accueillir un micro-crèche interne à l’entreprise", précise la dirigeante.

Développer le web et l’e-commerce

Manon Comalada, directrice générale de Peg : "C’est comme une recette, nous sommes le Bocuse du textile !" — Photo : Peg

Première femme de la famille à la tête de l’entreprise, Manon souhaite conserver cette "culture familiale" au sein des ateliers. Parmi ses ambitions de développement, la dirigeante veut s’atteler au marché du web et de l’e-commerce sur lesquels l’entreprise a pris "un peu de retard", reconnaît-elle. "Mon père s’était davantage appuyé sur les marques distributeur pour faire du volume. Notre stratégie s’oriente aujourd’hui vers la mise en avant de notre propre marque "Colas Normand", dans la grande distribution mais pas seulement : nous voulons également toucher de nouveaux marchés comme celui de l’hôtellerie et développer celui des campings, que ce soit au niveau des équipements de literie mais aussi pour l’isolation des mobil-home" précise-t-elle. Avec en ligne de mire : miser sur le potentiel des prochains Jeux Olympiques de Paris pour équiper un maximum d’hôtels, de relais-châteaux, de gîtes et autres Airbnb.

Surfer sur la vague de l’isolation des bâtiments

Autre axe de développement, le marché du bâtiment dans lequel l’entreprise est entrée depuis 2007, via sa branche Isolation. "Nous sommes en progression depuis 2019 car le marché du bâtiment est de plus en plus axé sur la RSE et la recyclabilité des matériaux. Par ailleurs, les augmentations du prix de l’énergie ont amené les particuliers à revoir l’isolation de leur habitation, ce qui nous a poussés à développer de nouvelles gammes pour l’hiver mais aussi pour l’été", explique Manon Comalada.

Peg a développé un isolant thermique et acoustique innovant à partir de polyester recyclé — Photo : Peg


Pour conserver le recyclage et les matériaux durables au cœur de sa production, l’entreprise s’est appuyée dès 2007 sur son savoir-faire en matière de ouates techniques à fort pouvoir thermique, afin de créer un isolant thermique et acoustique innovant à partir de polyester recyclé, et ainsi s’ouvrir au marché du bâtiment. "Notre isolant EcoPeg est issu de bouteilles d’eau plastique qui sont recyclées post consommation dans un centre de tri à Verdun (Meuse). Avec 42 bouteilles plastiques, nous fabriquons 1 kg de fibres de polyester. C’est le seul isolant aujourd’hui recyclé et recyclable car nous n’ajoutons aucun adjuvant, ni liant", explique la directrice générale. Cette fibre recyclée, certifiée GRS (Global Recyled Standard), sert à la fabrication de panneaux et rouleaux d’isolant pour des projets de construction ou de rénovation.

Un million de couettes produites par an

Représentant les deux tiers de l’activité de l’entreprise, l’activité "literie de l’entreprise" a su également s’adapter à l’évolution du marché au cours des dernières décennies, notamment à l’apparition des fibres synthétiques, notamment le polyester.

L’entreprise produit environ un million de couettes et 2 500 000 oreillers par an — Photo : Peg

"Tout comme mon grand-père s’était positionné comme leader sur le marché des vêtements grand froid à la fin des années 1960, mon père a su rebondir face à la mondialisation et à l’emprise du marché chinois dans les années 1980, et s’est mis à fabriquer des couettes et des oreillers avec des fibres isolantes, légères et résistantes, vendus dans les magasins Mammouth, puis progressivement chez tous les géants de la grande distribution", explique Manon Comalada.

"C’est comme une recette, nous sommes le Bocuse du textile"

L’entreprise normande produit environ un million de couettes et 2 500 000 oreillers par an, et développe deux nouvelles collections dédiées à la literie chaque année, soit une centaine de produits nouveaux. "Ces nouvelles collections démontrent notre capacité à innover dans tous les domaines, que ce soit par le mélange de la fibre, le traitement des textiles, le sur-mesure, tout en restant attentif à l’environnement… C’est comme une recette, nous sommes le Bocuse du textile !", s’enthousiasme la dirigeante. Parmi les innovations majeures apportées par Peg dans le domaine de la literie, une couette "anti-punaises" (lire par ailleurs) mais aussi la couette lestée, dotée de microbilles, qui permet de réduire l’anxiété du dormeur, par des points de pression.

Un passage de flambeau en douceur

Si Manon Comalada a repris la direction familiale de l’entreprise en 2022, son père Alain n’a pas complètement pris sa retraite : "Mon grand-père est mort à 87 ans et il travaillait toujours dans l’entreprise. Mon père compte bien continuer à travailler lui aussi jusqu’au dernier moment !" Le capital de l’entreprise reste tripartite : 42 % et 15 % respectivement pour Manon et Alain Comalada, les 33 % restant appartenant au directeur financier Christophe Gachet. "Je travaillais dans l’entreprise depuis une dizaine d’années, donc la passation s’est faite toute en douceur" reconnait-elle.

Forte de l’expérience plus que centenaire de l’entreprise et de ses nouvelles ambitions pour développer l’entreprise familiale, Manon Comalada peut dormir sur ses deux oreille (r) s !

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