Le suspense n’était pas très grand. Patrick Martin (63 ans), qui était depuis cinq ans président délégué du Medef, a été élu ce jeudi 6 juillet à midi et pour 5 ans, président du Mouvement des entreprises de France (Medef) avec 73,18 % des suffrages et 748 voix des grands électeurs sur 1 023 voix exprimées. Une élection remportée haut la main face à Dominique Carlac’h (jusque-là vice-présidente et porte-parole du Medef) seule autre candidat en lice.
Réunie sous la halle du Hangar Y à Meudon dans les Hauts-de-Seine, l’Assemblée électorale du Medef a salué, debout, le nouveau président après avoir ovationné le président sortant Geoffroy Roux de Bézieux qui laisse une organisation patronale en ordre de marche. En l’espace de cinq ans, le patron des patrons (dont le mandat prendra fin officiellement le 17 juillet) a su apaiser les dissensions internes en renforçant la visibilité médiatique et institutionnelle d’un syndicat confronté notamment à la crise du Covid. " Nous avons alors eu le sentiment d’être utiles dans un contexte d’union nationale", a confié Geoffroy Roux de Bézieux, en insistant : "l’entreprise n’est pas la solution à tout mais elle y contribue, nous devons être à la fois offensifs et dans le dialogue, et à la fin des fins le politique doit arbitrer…" Ambition partagée par Patrick Martin qui appelle de ses vœux " un Medef ambitieux pour la France ", ferme sur ses positions aussi bien à Bruxelles qu’à Paris, dans un état d’esprit "responsable et collectif".
Un profil inédit
Le nouveau président du Medef élu dans un fauteuil, qui bénéficiait du soutien des grandes fédérations et d’une grande partie des Medef territoriaux, va devoir à présent affirmer son autorité et accroître sa notoriété. Cet homme du sérail (ancien président du Medef de l’Ain puis du Medef régional Auvergne-Rhône-Alpes) est dirigeant d’une ETI familiale de l’Ain, le groupe Martin Beylasoud, fondé en 1829, spécialisé dans la distribution de matériel professionnel (BTP, fournitures industrielles, acier…) qui réalise un milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel avec 2 770 salariés. Patrick Martin est donc un provincial bon ton, catalogué 352e fortune de France dans le classement annuel de Challenges en 2023, avec un patrimoine estimé à 360 millions d’euros. Un homme en rupture avec l’image traditionnelle du président du Medef, patron parisien ou dirigeant de fédération professionnelle, qui confie : " Il ne faut jamais oublier d’où l’on vient " en revendiquant une grande capacité d’écoute. Une qualité qu’il va rapidement mettre en œuvre dès le 12 juillet prochain lors de la réunion intersyndicale conviée à Matignon par Élisabeth Borne. Patrick Martin y participera pour la dernière fois en qualité de numéro 2 du Medef au côté de Geoffroy Roux de Bézieux. Ensuite, c’est lui qui donnera le " la " de la nouvelle stratégie patronale dans une logique d’autonomie du dialogue social pour réconcilier " le climat et la croissance ".
