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Négociations des prix agroalimentaires : "Les industriels ont pris sur leurs marges", assure l’Aria Alsace
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Sébastien Muller le président de l’Aria Alsace "Les industriels ont pris sur leurs marges"

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Sébastien Muller, le président de l’Aria Alsace qui fédère les industriels de l’agroalimentaire, revient sur les négociations qui se sont achevées en janvier avec la grande distribution et tire des perspectives pour 2024.

Sébastien Muller, président de l’Aria Alsace : "Les négociations ont été tendues mais nous revenons vers une forme de normalisation" — Photo : Sébastien Muller

Comment se sont passées cette année les négociations entre les entreprises de l’agroalimentaire que vous représentez et les distributeurs ?

Cela a été plutôt tendu. Avec d’un côté l’État et les distributeurs qui attendaient une baisse des prix. Malheureusement, l’industrie agroalimentaire n’est pas encore aujourd’hui dans un cycle de déflation. Même si on le voit clairement, l’inflation se tasse. Les entreprises ont demandé entre 3 et 5 % d’augmentation des tarifs qui sont liées aux matières premières qui ne sont pas toutes à la baisse. Au final, le résultat des négociations avoisinait plutôt les 2 % de hausse. Ce n’est pas suffisant, les industriels ont pris sur leurs marges. La question des volumes est posée également. On le voit, certains segments sont particulièrement impactés. On a beaucoup parlé de bio, mais c’est pareil pour le premium. Si des collègues ont été déréférencés par certaines enseignes, se pose de manière plus générale la question de la baisse du référencement en rayon.

Se dirige-t-on vers une stabilisation des coûts ?

Si nous sommes plutôt dans une tendance à la stabilisation, on ne reviendra pas à une situation d’avant-Covid. Nous plaidons d’ailleurs pour que tous les paramètres soient pris en compte dans les négociations. Il y va de notre souveraineté alimentaire. L’agriculture et l’agroalimentaire sur notre territoire sont très proches. La loi Egalim est là pour protéger le revenu des agriculteurs, c’est plutôt une bonne chose. Mais les fluctuations sur la matière première industrielle devraient aussi être prises en compte, à la même hauteur que les matières premières agricoles.

"L’arrivée à terme de nombreux contrats énergétiques laisse cette année augurer de nouvelles hausses des charges"

Les industriels de l’agroalimentaire ont par exemple particulièrement subi l’an passé les flambées sur le verre ou le carton et même s’il y a un fléchissement des coûts, on ne reviendra pas en arrière. L’arrivée à terme de nombreux contrats énergétiques laisse cette année augurer de nouvelles hausses des charges. Et il y a également la revalorisation du Smic. Il ne faut d’ailleurs pas oublier que les entreprises agroalimentaires, dans le Grand Est, assurent plus de 30 000 emplois. Et je tiens à rappeler que nos achats sont nos emplois. En Alsace, il y a un effet un peu protecteur : on consomme quatre fois plus de produits locaux qu’ailleurs en France. Nous avons heureusement un bon indicateur avec le revenu du consommateur qui a augmenté, donc on revient sur des perspectives plus stables cette année.

Vous plaidez pour le "consommer local", en rappelant régulièrement les grands enjeux de RSE…

Consommer local, avec les entreprises qui travaillent sur le territoire, c’est important. Nous menons régulièrement des opérations commerciales en grande distribution, en restauration ou sur des circuits spécialisés pour faire la promotion de la diversité de nos marques, mettre en avant les entreprises régionales et les filières du champ à l’assiette. Ces démarches sont vertueuses à plus d’un titre. Car nous avons également de grands enjeux RSE, nos entreprises travaillent sur les bilans carbone, la sobriété énergétique, et sur celle des ressources en eau : elles doivent pouvoir investir pour être au rendez-vous et continuer à être performantes.

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