Naval Group Lorient réaffirme ses ambitions avec sa nouvelle frégate
# Industrie

Naval Group Lorient réaffirme ses ambitions avec sa nouvelle frégate

S'abonner

Spécialisé dans la construction de bâtiments militaires de surface, le site Naval Group de Lorient vient d’ouvrir une phase déterminante dans sa nouvelle stratégie industrielle, où l’export devra nécessairement prendre une place prépondérante.

Pierre-Eric Pommellet, PDG de Naval Group — Photo : Bertrand Tardiveau

Opération séduction pour Naval Group dans la nef principale de son site de production qui se déploie sur 46 hectares entre les deux rives du Scorff à Lorient. Devant une délégation officielle grecque conduite par le conseiller défense du gouvernement, ainsi que la presse athénienne, la première frégate de défense et d’intervention (FDI) commandée par la Direction générale de l’armement (DGA) pour le compte de la Marine nationale est mise sur cale pour clôturer l’année 2021. La mise sous tension de la mâture intégrée ou PSIM (panoramic sensor intelligence module) est effectuée dans le même temps. "C’est le premier navire de combat multi-missions entièrement numérique, et cyber protégé nativement", vante Pierre-Eric Pommellet, le PDG de Naval Group.

Baptisé Amiral Ronarc’h, le vaisseau doit entrer en service à l’horizon 2024. Accusant 4 500 tonnes de déplacement pour 122 mètres de long, il ouvre la voie à la réalisation d’une série de quatre unités supplémentaires à livrer d’ici 2030. L’ambition est simple : remporter des marchés à l’export. Sous l’impulsion du ministère des Armées, la mise en construction de deux frégates a été notifiée en avril 2021 pour permettre au constructeur français d’avancer sur son plan de charge et impressionner de nouveaux clients. De fait, un accord a été annoncé fin septembre 2021 avec la Marine grecque, prévoyant la commande de trois frégates de défense et d’intervention, plus une en option.

Un million d’heures de travail

"La notification du contrat est en bonne voie", assure le patron de Naval Group, conforté le 13 janvier lors la visite à Lorient du ministre grec de la défense, Nikolaos Panagiotoploulos, accompagné de son homologue Florence Parly. Après le renoncement australien pour la commande de douze sous-marins, le champion français de l'industrie navale de défense devrait sceller commercialement d'ici au printemps le partenariat stratégique de défense franco-grec entré en vigueur début 2022. Pesant environ 3 milliards d’euros, ce nouveau marché est fondamental pour la visibilité de ses activités à Lorient, où il demeure le premier pourvoyeur d’emplois, avec environ 2 200 salariés et 800 sous-traitants. Après une longue phase d’études et de développement, la construction de la première frégate occupe déjà plus de 1 500 personnes et représente à elle seule un million d’heures de travail en production.

C’est une bouffée d’oxygène pour Naval Group qui achève actuellement le programme Fremm avec la Lorraine, dont les essais en mer puis la livraison doivent intervenir cette année. Avec ses 6 000 tonnes et ses 142 mètres de long, le modèle, produit en six exemplaires pour la Marine nationale, n’a jamais vraiment convaincu en dehors des frontières, hormis la Marine marocaine et la Marine égyptienne (une unité chacune).

Une frégate en 30 mois

Pour convaincre de nouveaux clients, des efforts significatifs ont été consentis dans l’objectif de gagner en productivité : "Depuis 2018, nous avons investi plus de 40 millions d’euros dans nos infrastructures, rappelle François Demoulin, directeur de naval Group Lorient. Nous voulons, à l’horizon 2025, réaliser une corvette en 20 mois contre 24 actuellement et une frégate en 30 mois contre 36 actuellement. "

40 millions d’euros ont été investis entre 2018 et 2021 sur le site Naval Group de Lorient — Photo : Bertrand Tardiveau

Société anonyme détenue par l’État français (62,25 %) et le groupe Thales (35 %) mais aussi par ses collaborateurs, actuels et anciens (1,82 %), et par autocontrôle (0,93 %), Naval Group emploie quelque 13 000 collaborateurs sur une quinzaine de sites en France pour un chiffre d’affaires évalué à plus de 3 milliards d’euros. En lien avec le groupe Fincantieri, l’entreprise est actuellement engagée dans la réalisation à Saint-Nazaire de 4 ravitailleurs affichant 194 mètres de long et près de 15 000 tonnes pour la Marine nationale. En partenariat avec le groupe naval Piriou via la co-entreprise Kership, elle est également impliquée dans la production de 4 patrouilleurs de 87 mètres de long pour la marine argentine et de 12 chasseurs de mines pour les marines belge et néerlandaise.

Deux bâtiments par an

Plutôt que de miser sur la puissance et l’avance technologique de ses produits de surface, Naval Group fait dorénavant confiance à la flexibilité de conception de ses navires, ainsi qu’à la fiabilité et à la rapidité de leur mise en œuvre. "Nous visons la réalisation de deux bâtiments chaque année à Lorient", fait valoir Pierre-Eric Pommellet qui entend conforter son plan de charge à l’international avec les corvettes Gowind (2 500 tonnes).

40 millions d’euros ont été investis entre 2018 et 2021 sur le site Naval Group de Lorient — Photo : Bertrand Tardiveau

La vente d’au moins quatre de ces unités est toujours en discussion avec Athènes. Douze corvettes ont déjà été commercialisées et sont plus ou moins en cours d’achèvement : quatre pour l’Égypte, six pour la Malaisie et deux pour les Émirats Arabes Unis. Bani Yas, le premier exemplaire de cette dernière série a été mis à flot le 4 décembre 2021 à Lorient.

# Industrie # Mécanique # Défense # Électronique # Naval # Métallurgie
Fiche entreprise
Retrouvez toutes les informations sur l’entreprise NAVAL GROUP