Haute-Savoie
Medef 74 : "L’opposition systématique aux projets de développement devient dangereuse pour la Haute-Savoie"
Interview Haute-Savoie # Attractivité

Christophe Coriou délégué général du Medef 74 "L’opposition systématique aux projets de développement devient dangereuse pour la Haute-Savoie"

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Dix représentants économiques de Haute-Savoie dénoncent la contestation systématique des projets de développement dans le département. Christophe Coriou, le délégué général du Medef 74, appelle tous les acteurs à se mettre autour de la table pour "penser le développement économique du territoire".

Christophe Coriou, délégué général Medef 74 : "Sur notre territoire, nous faisons face à une opposition systématique face aux projets de développement, avant même que ne soit discuté le bien-fondé de ces projets" — Photo : Aurore Marechal

Mardi 5 mars, vous avez publié, avec 9 autres représentants économiques de Haute-Savoie*, une tribune dénonçant la contestation des projets de développement économiques dans le département. Pourquoi cette tribune maintenant ?

On s’aperçoit que, sur notre territoire, nous faisons face à une opposition systématique face aux projets de développement, avant même que ne soit discuté le bien-fondé de ces projets. C’est le cas pour l’autoroute du Chablais, mais aussi pour les projets de retenues collinaires, les extensions de zones économiques, et bien d’autres. Cela devient dangereux pour notre territoire, car trop d’acteurs se reposent sur ce qu’est la Haute-Savoie aujourd’hui. Il faut penser l’avenir.

La Haute-Savoie est-elle particulièrement concernée par cette contestation, selon vous ?

Disons que plusieurs facteurs viennent nous pénaliser. Aujourd’hui, la Haute-Savoie est un département dans lequel tourisme et industrie sont équilibrés. Il faut conserver cet équilibre. Mais cela nécessite un développement économique. Cela demande de réfléchir aux mobilités, aux infrastructures. Comment profiter de l’important développement du Chablais si celui-ci est isolé ? Comment accroître le tourisme d’affaires, qui est aujourd’hui très faible alors que nous avons un spot extraordinaire, sans avoir les infrastructures d’accueil permanentes ?

"Avant même d’attirer de nouvelles entreprises, nous voudrions pouvoir conserver celles qui sont déjà implantées en Haute-Savoie"

Par ailleurs, nous sommes également pénalisés par la hausse du nombre de frontaliers, qui seront bientôt les seuls à avoir le pouvoir d’achat nécessaire pour acquérir un logement dans notre département, où le foncier est de plus en plus cher et rare. Nous ne pouvons pas nous aligner sur les salaires suisses. Mais nous ne pouvons pas non plus devenir une banlieue dortoir de notre voisin. Il nous faut penser l’activité économique.

Cette tendance a-t-elle aujourd’hui déjà un impact sur l’activité économique du département ?

Il est complexe de faire venir les entreprises sur notre territoire. Comment les attirer sans foncier, avec des salaires plus élevés, des difficultés de logement et un manque d’infrastructures de transport ? Mais avant même d’attirer de nouvelles entreprises, nous voudrions pouvoir conserver celles qui sont déjà implantées en Haute-Savoie. Le groupe Fournier, qui est historiquement implanté sur le territoire a décidé d’ouvrir un nouveau site à Valence plutôt qu’en Haute-Savoie après avoir fait l’expérience de ces difficultés pour son usine d’Alex. De la même manière, Veka a choisi Chalon-sur-Saône, en Bourgogne-Franche-Comté, et non la Haute-Savoie pour l’implantation de son nouveau site logistique. Il y a certaines entreprises à qui je me sens obligé de conseiller d’aller s’installer ailleurs si elles veulent se développer.

La plupart des projets que vous avez évoqué sont contestés en raison de leur impact sur l’environnement. N’est-ce pas également un aspect à prendre en compte, notamment pour préserver l’attractivité du département ?

C’est à la fois un bon et un mauvais prétexte. Bien sûr qu’il faut préserver notre territoire. Bien sûr que lorsque les entreprises portent un projet de développement économique, elles doivent prendre en compte leur impact environnemental. Je rappelle tout de même que ceux qui ont le plus contribué à réduire les émissions de carbone dans le pays ces dernières années sont les entreprises et en particulier les entreprises industrielles. Mais il ne faut pas tout confondre. Lorsqu’on nous parle, par exemple, de la fin des stations de ski en 2050, il semble qu’on oublie que nous sommes en 2024 et qu’il nous faut aussi penser les 25 prochaines années.

Qu’attendez-vous de cette tribune ?

Ce que nous demandons, c’est que tout le monde se mette autour de la table pour penser le développement économique de notre territoire. Il nous faut travailler ensemble sur les perspectives économiques de notre département. Nous sommes prêts à prendre notre part et nous souhaitons que tous puissent participer à ce débat. Mais nous ne pouvons pas continuer à subir ces évolutions.

*La CCI de Haute-Savoie, la Chambre de métiers et de l’artisanat de Haute-Savoie, la Chambre syndicale de la métallurgie de Haute-Savoie, la Capeb Haute-Savoie, la CPME 74, BPT 74, le groupement des hôtelleries et restaurations Auvergne-Rhône-Alpes, le syndicat national du décolletage, l’U2P Haute-Savoie.

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