Alpes-Maritimes
Marcel Ragni (UIMM Côte d’Azur) : "Nous ouvrons une école de production pour former des électriciens"
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Marcel Ragni président de l’UIMM Côte d’Azur "Nous ouvrons une école de production pour former des électriciens"

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Dans les Alpes-Maritimes, l’industrie et le bâtiment dépassent les 30 % du PIB, mais peinent toujours à recruter. Pour former de jeunes électriciens, l’UIMM Côte d’Azur s’apprête à lancer une école de production à Nice. Explications de Marcel Ragni, président de l’organisation patronale azuréenne.

Président du groupe azuréen Ragni, concepteur et fabricant d’éclairage public, Marcel Ragni est également président de l’UIMM Côte d’Azur, l’Union des Industries et Métiers de la Métallurgie — Photo : Olivia Oreggia

Quel est l’état de santé de l’industrie azuréenne ?

2023 a été une année globalement satisfaisante. Il y a eu un discours fort de soutien au secteur qui a motivé les industriels, des fonds verts débloqués, de l’argent pour soutenir la décarbonation… Toutefois, on sent qu’il y a du découragement au sein des petites et moyennes entreprises. Il faut remotiver les troupes, car si nous perdons nos PME, nous perdons nos sous-traitants. Et si nous perdons ces derniers, les beaux fleurons que nous avons sur la Côte d’Azur, et plus généralement en France, en souffriront et disparaîtront en se faisant dévorer. Nous reviendrons alors un pays que les industriels fuiront pour aller produire ailleurs.

Est-ce un réel constat ou davantage un ressenti ?

J’entends de plus en plus de patrons du territoire me dire "Je suis fatigué, je suis las de toutes ces contraintes". Ils sont épuisés de devoir remplir des tonnes et des tonnes de documents : pour pouvoir répondre à un appel d’offres, pour prouver que ce qu’ils ont avancé était vraiment vrai, pour fabriquer, pour facturer, et ainsi de suite… Tout cela fatigue, il faut simplifier. Notre capacité à résister n’est pas sans limite.

Quelles conséquences cela peut-il avoir ?

Ces gens fatigués ont des enfants démotivés, des jeunes qui n’ont pas envie de reproduire ce que vivent leurs parents et qui ne veulent donc pas prendre la suite. Faute de repreneur, beaucoup de dirigeants se disent qu’ils vont vendre ou qu’ils vont tout simplement fermer quand il s’agit d’une TPE car l’outil, sans la personne à l’intérieur, ne vaut rien.

L’UIMM Côte d’Azur tenait son assemblée générale en ce début avril, à Nice — Photo : Olivia Oreggia

Pourtant, l’un des objectifs de l’UIMM est de convaincre les jeunes de rejoindre l’industrie. Vous lancez pour cela une école de production, en quoi cela consistera-t-il ?

Notre rôle est d’abord de conseiller nos adhérents, les soutenir, les aider, mais aussi de motiver les jeunes à rejoindre l’industrie. Cela passe par différents outils, dont la création d’une école de production pour apprendre le métier de l’électricité. Il paraît simple mais c’est un beau métier. Je connais peu d’électriciens qui recherchent du travail mais je connais en revanche beaucoup de gens qui recherchent des électriciens ! Nous les formerons pour intégrer l’industrie et faire de la maintenance ou de l’entretien dans des entreprises où les normes et les besoins sont de plus en plus nombreux.

"Qu’il travaille bien ou mal à l’école, un jeune peut venir dans l’industrie, il aura sa place, qu’il soit une fille ou un garçon."

Il ne s’agit pas d’apprentissage. Le but de cette école de production est d’être dans du concret, de leur apprendre à se servir de leurs mains et de leur tête. Ils n’auront pas besoin de connaître l’histoire ou le latin mais de savoir parler et écrire en français et d’apprendre à travailler. On pourra les intégrer à partir de 15 ans, on va leur donner envie de venir apprendre un métier, avec un côté ludique. Car même si ce sont des apprenants, on ne va pas leur proposer ce qu’ils auront fui au collège.

Avant, on disait "Si tu travailles mal, tu iras à l’usine". Aujourd’hui je dis "Que tu travailles bien ou mal à l’école, tu peux venir dans l’industrie, tu auras ta place, que tu sois une fille ou un garçon".

Quand cette école sera-t-elle opérationnelle ?

Une première session d’une quinzaine d’élèves démarrera en septembre, au Campus Sud des métiers, à Nice. Le but est que les adhérents de l’UIMM deviennent des partenaires, non pas sur le plan financier mais qu’ils donnent du travail à nos jeunes en donnant des pièces de série ou des boîtiers électriques. Cela leur évitera de mettre des salariés qualifiés sur les tâches les plus simples qui seront confiées aux jeunes.

Cette formation durera deux ans, de quoi avoir un CAP. À leur sortie, ceux qui voudront travailler n’auront aucun mal à trouver un emploi. Les autres pourront poursuivre en alternance, entre école et entreprise, via le circuit éducatif normal. Mais ils auront l’avantage de pouvoir l’exercer auprès des adhérents de l’UIMM.

Vous portez un autre projet : la création d’un showroom de l’industrie. De quoi s’agit-il ?

Dans les locaux de l’UIMM Côte d’Azur, à l’Arenas à Nice, nous ouvrirons en effet d’ici la fin 2024 un showroom, sur 200 m2, pour accueillir parents et enfants et leur faire découvrir nos métiers, leur montrer ce qu’est l’industrie aujourd’hui et dépasser la vieille image d’une industrie sale qui n’a plus rien à voir avec la réalité.

Alpes-Maritimes # Industrie # Organismes de formation # Organisations professionnelles # Formation professionnelle