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Maison Ma Bille réinstalle des ateliers textiles au cœur de Lyon
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Maison Ma Bille réinstalle des ateliers textiles au cœur de Lyon

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Rendre l’upcycling made in Lyon désirable, telle est la mission de Maison Ma Bille. Au terme de 3 ans de phase exploratoire qui a validé son modèle intégré de création textile, la jeune entreprise s’attelle au défi de s’industrialiser en gardant l’humain au centre de son organisation.

Les salariés de l’entreprise textile engagée Maison Ma Bille — Photo : Cécile Creiche

Ici, on ne parle pas de salariés mais de hackers ! Vingt-quatre hackers textiles dont la vocation est de détourner les règles, celles de la fast fashion mondialisée, pour régénérer la filière textile dans la région. "Nous animons une chaîne de valeur incluant notamment le conseil en écoconception de produits réparables et recyclables et la confection locale avec des publics en réinsertion", résume Camille Marion Vigne, fondatrice de Maison Ma Bille (650 000 euros de CA en 2022-2023).

Après son installation dans les locaux du Musée des Tissus à Lyon en février dernier, au sein d’un atelier de 600 m2, l’entreprise textile s’apprête encore à changer d’échelle pour plus que doubler sa production (180 000 pièces par an à ce jour) et recruter 25 personnes d’ici 2026. Depuis sa création en 2020, Ma Bille a investi environ 200 000 euros financés par des prêts notamment de Caisse d’Épargne Rhône Alpes ESS. Son modèle "validé", elle veut lever des fonds pour sa future manufacture…

Transformer pour ne pas jeter

Maison Ma Bille a créé un système d’économie circulaire autour du textile, pour faire du neuf à partir de l’ancien. Au cœur du réacteur, le concept d’upcycling, une opération qui consiste à modifier l’usage d’un vêtement pour en créer un nouveau. Comme, par exemple, fabriquer des bonnets dans les pulls des pompiers du Rhône ou transformer les vêtements haute visibilité des agents de la Métropole de Lyon en sacs de sport, lunch boxes et autres pochettes. Depuis sa création en août 2020, Ma Bille a accompagné plus de 150 projets pour des créateurs comme Le Tailleur By Jo et Maholi ou pour sa propre marque "Hackers Textile".

Premier maillon de son écosystème : le sourcing en textiles, qui associe à parts égales la récupération de stocks dormants d’industriels et l’achat de tissus recyclés. "Nous récupérons des déchets issus du monde de l’industrie textile, que ce soit des tissus non conformes, des chutes de production ou des vêtements invendus", explique-t-elle. Parmi ses partenaires figurent Feat Coop, qui revalorise des stocks destinés à être détruits, la filiale de LVMH Nona Source, ou des entreprises locales comme les Tissages de Charlieu (Loire), Balas Textile (Rhône), Hénitex (Loire), etc. Jusqu’alors peu valorisés, ces surplus doivent désormais être recyclés par les industriels soumis à la loi AGEC, qui applique le principe pollueur-payeur au profit de l’économie circulaire. Une manne pour la petite entreprise engagée qui s’étonne toutefois de l’inflation des prix des stocks dormants, qui, parfois, dépassent ceux du neuf.

Réparables et recyclables

"L’approche par l’origine des tissus n’est pas suffisante. Grâce à notre bureau d’études, nous incluons dès la conception, la réparabilité et la fin de vie du vêtement", ajoute-t-elle. Sans oublier la case "stylisme", ingrédient indispensable pour rendre les produits désirables.

Entre les deux, la confection emploie 16 couturiers, de 8 nationalités différentes. "Nous recrutons des personnes en reconversion, en réinsertion par l’emploi et des réfugiés politiques et les formons notamment par des contrats de professionnalisation en interne", précise-t-elle.

Solidaire, l’entreprise héberge dans ses deux ex-ateliers lyonnais, convertis en tiers-lieux, d’autres acteurs de la filière comme l’atelier d’insertion Mode Estime, Les Patines de Francette (rénovation de cuir) et plus récemment, l’entreprise vendéenne "Les Réparables" qui l’aide à concevoir d’emblée des pièces facilement réparables.

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