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À Lyon, le tourisme urbain voit plus vert 
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À Lyon, le tourisme urbain voit plus vert 

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Le schéma du tourisme responsable 2021-2026, issu d’une démarche participative, sera voté le 13 décembre prochain au conseil métropolitain. La stratégie des élus est claire : devenir une référence en la matière.

Hélène Dromain, vice-présidente déléguée au tourisme, Bruno Bernard, président de la Métropole, et Robert Revat, président de l’office du tourisme, exposent le premier schéma du tourisme responsable de la métropole de Lyon — Photo : Thierry Fournier – Métropole de Lyon

Une évolution plus qu’une révolution. Pour les élus métropolitains engagés avec les acteurs du tourisme dans une perspective plus "responsable", pas question de freiner l’embellie. Après un premier confinement qui avait mis à terre tout un pan du secteur pesant 38 380 emplois (soit 6 % des actifs de la métropole), les professionnels du tourisme relèvent la tête. Depuis quatre mois, la succession des salons - Pollutec, Sirha, Global Industrie, Solutrans et Paysalia - permet d’atteindre des taux d’occupation de 65, voire 70 %. "Nous avons presque rattrapé 2019", se réjouit Philippe Dalaudière, président de la branche hôtellerie de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) du Rhône.

Devenir une référence en matière de tourisme responsable

Le schéma du tourisme responsable 2021-2026 présenté le lundi 6 décembre dans une salle d’un Palais des congrès désert à la Cité internationale, n’a pas soulevé l’enthousiasme. Mais aura, un peu, rassuré la petite centaine de professionnels conviés.

Après un an de consultation, le plan proposé au vote des élus le 13 décembre vise à promouvoir une agglomération "mieux accueillante" selon Bruno Bernard, président de la Métropole.

"Notre stratégie consiste à faire de la métropole une référence en matière de tourisme responsable. Soutenable du point de vue économique et écologique tout en étant équitable pour les populations locales," expose Hélène Dromain, vice-présidente déléguée au tourisme.

Capitale européenne du smart tourisme en 2019, deuxième meilleure destination urbaine en 2021 selon le World Travel Awards, première métropole française en matière de tourisme responsable devant Bordeaux et 33e meilleure ville verte où voyager dans le monde, Lyon collectionne les trophées ces derniers mois.

Facteur de différentiation

"Ces reconnaissances nous montrent que le tourisme responsable est un facteur puissant de différentiation, souligne Robert Revat, président de l’office du tourisme. Mais cet avantage concurrentiel deviendra vite un facteur clé de succès, aussi j’exhorte nos adhérents à déployer ce facteur de différentiation", lance celui qui est aussi prof à l’emlyon business school.

Pour accélérer la mue, l’office du tourisme vient de débloquer un fonds de 300 000 euros (soit un quart du budget tourisme pour 2022) pour aider ses adhérents à se labelliser "tourisme responsable". "Et on offre 15 % de réduction de cotisation à nos adhérents engagés dans cette démarche", glisse Robert Revat.

L’enjeu est d’encourager les 264 hôtels et résidences, mais aussi les 5 280 restaurants de la métropole, à se rapprocher des "critères de RSE décernés, par exemple, par le Label Lucie". Et d’inciter les professionnels à atteindre les critères d’obtention de la norme internationale ISO 20 121 attribués aux sites touristiques qui limitent leurs impacts environnementaux.

"Nous allons commencer par donner l’exemple avec nos propres événements"

"Nous allons commencer par donner l’exemple avec nos propres événements", lance le directeur de l’Office du tourisme. La Métropole veut aussi que 100 % des sites d’hébergement aient obtenu le Label "Destination pour tous" d’ici la fin du mandat en 2026.

Lyon veut conserver entre Rhône et Saône un mélange équilibré de clientèle géographique et thématique. 75 % des visiteurs viennent de France, 12 % d’Europe et 4 % sont nord-américains. "La proximité de nos touristes nous rend moins vulnérables aux conséquences du Covid que d’autres destinations", se félicite Hélène Dromain, qui veut poursuivre les actions de promotion sur ces trois cibles géographiques, et garder le même ratio de 65 % de tourisme d’affaires.

La skyline de Lyon a accueilli 8,5 millions de touristes en 2019, dont 65 % de touristes d’affaires — Photo : Audrey Henrion

Alléger le surtourisme

Pour rendre pérennes certains congrès qui se tiennent en Europe, Lyon veut sceller des coopérations avec des villes européennes, et encourager les déplacements en train depuis ces villes. L’idée est aussi de prolonger la durée des séjours en valorisant le patrimoine naturel autour de Lyon. Pour alléger le surtourisme qui encombre certains quartiers comme le Vieux Lyon, l’exécutif métropolitain pousse à la création de "quatre événements" mettant en avant l’intérêt touristique de quatre zones, telles que l’usine des eaux de Caluire ou le Grand parc de Miribel Jonage. Une carte "nature" qui sera complétée par le renforcement du cyclotourisme, alors qu’à Lyon se croisent la Via Rhôna, la Voie Bleue et Euro Vélo. "Nous allons soutenir le développement de l’hébergement adapté aux vélos", indique encore l’élue écologiste.

"Faire mieux avec moins est contraire à nos modèles économiques"

Du côté des déplacements, la Métropole va inciter les visiteurs à utiliser des mobilités plus vertueuses pour se rendre et se déplacer à Lyon. En ligne de mire, la promotion du train et des discussions avec l’opérateur Lyon Parc Auto pour ouvrir des stationnements longue durée aux touristes qui pourraient stationner leurs voitures pendant plusieurs jours dans des parkings peu fréquentés de l’agglomération.

Dans ce schéma, la hausse de la fréquentation de Lyon, qui a accueilli 8,5 millions de touristes en 2019, n’est pas un sujet. Ce que déplore - mais comprend - une partie des professionnels. "Nous fonctionnons avec de la trésorerie et du chiffre d’affaires, or l’augmentation de la fréquentation n’est pas un sujet, constate Philippe Dalaudière. Faire mieux avec moins est contradictoire avec nos modèles économiques. On vit de l’affluence et de la conquête de nouveaux touristes", indique le représentant du secteur. Lequel salue tout de même le "pragmatisme" des élus.

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