S’il a toujours le sourire aux lèvres et l’amour de son métier, le poissonnier rennais Rino Nicolini, basé au MIR de Rennes (Marché d’intérêt régional), n’en a pas moins quelques problèmes de dos. En trente ans de marchés, il a eu le temps de recenser les inconvénients de son principal outil de travail : sa remorque de poissonnier. Il a donc travaillé pendant un an avec la Carsat Bretagne et un fabricant pionnier en la matière, établi dans les Côtes-d’Armor, Delcros (Saint-Samson-sur-Rance), pour inventer une remorque nouvelle génération. Doté notamment de systèmes d’automatisation, également plus ergonomique, le prototype utilisé désormais par Rino Nicolini, fait office de nouvelle référence en France. Un nouveau cahier des charges a ainsi été établi avec la Carsat, pour permettre aux futures remorques de répondre à des exigences de santé-sécurité. Il fait suite à la demande de la profession et des partenaires sociaux d’engager une réflexion sur les améliorations possibles des remorques, dès leur conception.
Toutes options
Plus chère qu’une remorque classique, celle que les poissonniers appellent déjà "la remorque du futur", coûte autour de 80 000 euros (contre 50 000 à 60 000 euros pour une remorque classique). Son achat peut être pris en charge à hauteur de 25 000 euros par la Carsat, sur demande (pour les entreprises de moins de 50 salariés). Son concept a été élaboré en Bretagne, mais toutes les Carsat de France peuvent délivrer cette subvention. Une première donc, née dans les ateliers de Delcros, l’un des derniers fabricants de remorques sur-mesure français. S’il ne dispose pas de l’exclusivité du modèle, le costarmoricain a toutefois déjà signé avec deux autres poissonniers.
"Si elle est plus chère, c’est parce qu’elle a toutes les options possibles, explique Yannick Rohan, dirigeant de Delcros (7 collaborateurs, 600 000 euros de CA). Elle dispose d’une ouverture électrique pour les auvents, de l’éclairage led autonome par exemple." L’étal est également plus étroit que sur une remorque classique, évitant au poissonnier de se pencher trop loin pour attraper sa marchandise. "Nous avons aussi une cuve à eau avec une pompe, évitant d’aller chercher des bassines, des coffres coulissants au lieu de placards, un peu comme dans une cuisine, une tablette plus large pour poser les paniers des clients", énumère, satisfait, Rino Nicolini.
Mieux recruter et valoriser le métier
Pour lui, le travail devient moins physique, la remorque moderne apporte une belle image à son entreprise, et fait partie des atouts pour mieux recruter (il emploie actuellement 7 collaborateurs). "Nous participons à réduire la pénibilité du métier, à le revaloriser auprès des jeunes." Plus efficace dans son travail, moins souvent tributaire d’arrêts de travail, le poissonnier a déjà enregistré une hausse de 10 à 15 % de son chiffre d’affaires (qu’il ne dévoile pas) grâce à cette remorque. "Nous estimons que ce nouvel outil peut engendrer +30 % d’activité", ajoute Pierre Labbé, président de la Confédération Générale de l’Alimentation en Détail de Bretagne. La remorque a tout pour séduire les 300 poissonneries bretonnes.
